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Mélanger les variétés pour diminuer l'usage des phytos

La dernière porte ouverte au sein du réseau des fermes Dephy dans la Somme avait lieu ce mardi, au Paraclet. Leurs leviers à eux, pour réduire l’utilisation des phytos, sont le mélange des variétés en blé et le traitement bas volume.

Au bout des parcelles du Paraclet, un Phytobac permet la dégradation et l’évaporation de produits. Toutes les bouillies sont faites avec des volumes le plus bas possible, pour une réduction des phytos.
Au bout des parcelles du Paraclet, un Phytobac permet la dégradation et l’évaporation de produits. Toutes les bouillies sont faites avec des volumes le plus bas possible, pour une réduction des phytos.
© D. R.



Le groupe Picardie sols vivants est né en 2009, de la volonté d’onze agriculteurs de l’Aisne, de l’Oise et de la Somme à réduire l’utilisation de leurs produits phytosanitaires. «Il s’agit de l’un des premiers groupes Dephy de France, explique Inma Tinoco, animatrice du groupe pour la Chambre d’agriculture de l’Oise. Leur particularité est d’avoir des assolements différents (céréales, pommes de terre, betteraves, lin…) et des pratiques très hétéroclites, puisque certains labourent et d’autres non, certains sont en semis direct ou en agriculture de conservation… L’un d’entre eux est même bio
Leur intérêt principal est cependant commun : «Il tourne autour de la vie biologique des sols. A travers leurs pratiques, ils essaient de favoriser la faune et la structure du sol en réduisant certains traitements chimiques.» Ce 11 décembre, Michel Bellanger, directeur de l’exploitation du LEGTA du Paraclet, invitait à découvrir ces techniques à lui.

Ultra bas volume
Les 134 ha de limons (60 %), de craie (25 %) et d’argiles à cailloux (15 %) sont conduits en non labour (ou un tous les six ans environ pour les pommes de terre et les betteraves) depuis vingt-cinq ans. Et depuis vingt ans, l’ultra bas volume est aussi pratiqué. «Il consiste à baisser les volumes de bouillie, et à traiter dans les meilleures conditions d’hygrométrie et de vent, soit tôt le matin ou en fin de journée», développe Michel Bellanger.
Première étape : le choix des buses. Car toutes n’offrent pas la même qualité de pulvérisation. «Nous cherchons une projection de gouttelettes homogène avec une bonne couverture, jusqu’à 70 impacts/cm2.»
La réussite du traitement bas volume réside aussi dans la connaissance des plantes. Notamment savoir différencier les plantes mouillables des non mouillables. Le gaillet gratteron, la véronique, le plantain et la renouée, par exemple, sont dits mouillables. «Ils absorbent presque instantanément le liquide dès que celui-ci est au contact de la feuille.» Mais le chiendent, les chénopodes et la renouée des oiseaux, entre autres, sont plus délicats à traiter. «Ils sont faiblement mouillables. Leur texture fait que la goutte de liquide se pose dessus, mais ne reste pas. Elle roule et se dilue dans le sol.» L’ajout d’un adjuvant est donc indispensable pour améliorer la surface de contact, et donc l’efficacité du produit.
Cette technique a permis, en vingt ans, de passer de 120 l/ha de traitement à 32 l/ha. «Et le développement des adventices est moindre. Nous n’avons pas de problème de résistance.» Et qui dit moins de bouillie transportée dans le pulvérisateur dit moins de poids, donc un tassement du sol limité.

Plus de variétés pour moins de maladies
Depuis quelques années, Michel Bellanger utilise un autre levier agronomique pour réduire la pression des maladies, et donc l’utilisation de fongicides, pour les 38 ha de blé tendre. Dans ces parcelles, difficile de le cerner à l’œil nu. Le blé qui y pousse est en réalité un mélange de cinq variétés. «Je fais moi-même trois mélanges différents, que je sème le plus tardivement possible», annonce-t-il. Le mélange Mutic, Absalon, Extase, Auckland et Sacramento a, par exemple, été semé au 20 octobre.
Quelques règles sont à suivre pour cette opération. «Il faut au moins mélanger quatre variétés, avec une seule sensible pour trois tolérantes à chaque maladie. La sensibilité au chlortoluron n’est cependant pas à prendre en compte
Il s’agit aussi de choisir des variétés à montaison et à épiaison proches. «Si les sangliers font souvent des dégâts, comme c’est le cas ici, puisque nous sommes entourés de bois, il faut aussi une ou deux variétés barbues, car ils ne les aiment pas



Be Api : un autre levier

Compostage de fumier de cheval, optimisation des couverts végétaux, allongement des rotations grâce à l’introduction de nouvelles cultures, comme les pois chiches en 2019, technique des faux semis… L’exploitation du LEGTA du Paraclet multiplie les leviers pour diminuer l’utilisation des produits phytosanitaires.
L’un d’entre eux, nommé Be Api pour «agriculture de précision intra-parcellaire», est utilisé depuis un an. «Le logiciel nous permet un raisonnement à la parcelle et non plus sur l’ensemble du parcellaire», précise Michel Bellanger. L’utilisation a pu s’effectuer sans problème au Paraclet, puisque la ferme était équipée d’un matériel pouvant moduler.
La première étape a consisté en la caractérisation de l’hétérogénéïté structurelle. Ont ainsi été passés au crible la topographie, le type de sol qui peut varier au sein même d’une parcelle, l’historique des parcelles, les pratiques culturales et tout autre facteur pouvant être à l’origine d’hétérogénéité intra-parcellaire.

Fertilité et potentiel
L’exploitation a opté pour les deux approches de Be Api : fertilité et potentiel. La première consiste en un diagnostic d’hétérogénéité de l’état de fertilité des sols, tous les hectares, en P2O5, K2O, MgO, CaO, pH. «Nous produisons ensuite une stratégie de fertilisation. Chaque année, pendant dix ans, une cartographie des besoins intra-parcellaires en engrais de fond et amendements basiques est fournie à l’agriculteur. Il applique automatiquement avec son équipement de modulation de doses», expliquait dans nos colonnes Mickaël Winkelsass, responsable développement services et OAD chez Noriap, en début d’année. L’objectif : amener, à terme, la parcelle à un niveau homogène de fertilité.
Be Api Potentiel consiste cette fois à «cultiver en optimisant le potentiel des parcelles soit par chimie, soit par conduite adaptée». La coopérative détermine avec l’agriculteur un objectif de rendement pour chaque zone de potentiel. En fonction des souhaits et des possibilités offertes par l’équipement, les interventions à moduler pour la campagne sont déterminées : semis (céréales d’hiver et maïs), fertilisation prévisionnelle en azote et en soufre, apports d’azote en saison (blé, colza) et protection phytosanitaire (fongicides ou herbicides). Dans les deux cas, le but final est de maximiser le rendement et de permettre des économies d’intrants. A. P.

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