Méthaniseur d’Eppeville : les vannes sont ouvertes
Le 19 décembre, l’unité de méthanisation dans la zone industrielle d’Eppeville est entrée en exploitation.
L’unité de méthanisation n’est pas encore à plein régime, mais cela ne saurait tarder. Depuis ce lundi, elle est sur un débit injecté de 100 à 110 m3 par heure, soit 50 à 60 % de ses capacités. Normal, puisque seulement deux digesteurs sur trois ont été mis en route pour le moment. Mais elle devrait atteindre les 100 %, soit un débit de 220 m3 par heure, d’ici trois semaines, lors de la mise en route des trois digesteurs.
L’objectif est clairement énoncé : la centrale devrait valoriser 35 000 tonnes par an de matières organiques pour produire deux millions de mètres cubes de biométhane, «ce qui correspond à deux millions de litres de fuel», explique Victor Oury, chef de projet au sein de la société Vol-V Biomasse, à l’origine de cette unité de méthanisation en terres picardes. Ce projet, unique en son genre en Picardie, date du printemps 2011.
La société part à la «pêche» de territoires réunissant les conditions idoines pour installer ce type de méthaniseurs. Première prise : la Picardie, plus exactement l’est de la Somme, en Pays de Ham, dans la zone industrielle d’Eppeville. Là et pas ailleurs, parce qu’il existe des gisements de matières organiques provenant des industries agro-alimentaires dans ce secteur. Mais aussi, parce que le terrain, de
2,5 ha, est situé dans la zone industrielle, et qu’il est proche d’un réseau de distribution de gaz pouvant absorber la production. Autres atouts : la proximité de surfaces d’épandage et l’intérêt des acteurs locaux, des agriculteurs et des élus pour le projet.
Mise en route du projet
Un gros travail d’explications débute alors auprès des élus et des acteurs locaux pour présenter le projet. En parallèle, la société cherche des agriculteurs, dans un rayon d’environ 15 km autour du site, susceptibles d’apporter des matières organiques et de reprendre les digestats (produit résidu de la méthanisation, ndlr), qui serviront d’amendements organiques pour les terres agricoles. «C’est typiquement l’échange paille-fumier qui se pratique sur ce territoire», précise Victor Oury. Trente agriculteurs décident de se lancer dans le projet.
Un contrat sur cette base d’échanges est passé. Apport minimum attendu de leur part : 3 000 tonnes de matières organiques au total. La société a dû leur donner des garanties sur le pressage de la paille et l’épandage aux agriculteurs. Côté collectivités, «nous sommes en discussion avec elles pour récupérer leurs déchets verts et tontes de pelouse. La difficulté, pour nous, c’est que ces déchets doivent être indemnes d’indésirables (papier, bois…). Ce n’est pas si simple», indique le chef de projet de la société.
Le permis de construire est déposé fin juin 2013, et délivré le 4 octobre 2013. Suit une enquête publique, qui donne un avis favorable. Les travaux peuvent alors commencer. Le chantier touche, aujourd’hui, à sa fin. Mais l’unité de méthanisation a pu être mise en service lundi 19 décembre. En effet, ne reste que quelques travaux de finition tels que la construction de plates-formes, des bureaux, des mises à niveau, des terrassements et la mise en herbe du site, sans incidence sur la mise en route. Coût total de l’investissement : 8,5 millions d’euros.
Son fonctionnement
L’unité de méthanisation à injection se compose de trois cuves de digestion - soit deux digesteurs et un poste de digesteur - d’une capacité de 2 000 m3 chacune. Les matières organiques passent une quarantaine de jours dans les digesteurs, puis une vingtaine de jours dans le poste de digesteur jusqu’à ce qu’elles soient complètement dégradées du fait de leur fermentation.
Ce procédé naturel permet de valoriser les matières organiques, en produisant une énergie renouvelable sous forme de biogaz, et une matière organique valorisée en agriculture, le digestat. Le biogaz, riche en méthane (à hauteur de 55 à 60 %), permet alors de produire, par un système d’épuration, du biométhane, qui sera ensuite injecté dans le réseau de distribution de gaz.
«Notre unique chiffre d’affaires, c’est la vente de gaz, puisque le digestat est rétrocédé aux agriculteurs», relève Victor Oury. La vente de gaz étant réglementée par des grilles tarifaires, «suivant la qualité et le débit du gaz, on gagne entre huit et dix centimes le kilowattheure. L’intérêt de cette grille, c’est que l’on a une visibilité économique sur quinze ans.» Un contrat de raccordement et d’injection a été passé avec GRdF. Le contrat d’achat, lui, a été signé avec un autre acteur de la filière, le marché étant dérégulé.