Moisson : pensez à la sauvergarde des perdrix !
La moisson est l’aboutissement d’un cycle cultural et végétatif long selon les espèces. Mais la moisson et son branle-bas de mécaniques présentent des risques pour la faune sauvage qui a fait des champs de céréales
son habitat naturel.
et dans les secteurs à risque.
Comment garnir nos assiettes sans faire table rase des parcelles moissonnées et des écosystèmes qui y sont attachés ? Lièvres, faisans, cailles, perdrix, chevreuils… Nombreuses sont les espèces animales qui trouvent au pied des épis de blé des conditions idéales pour vivre et se reproduire. Mais la nature ne fait pas toujours bien les choses. Le cycle biologique des espèces animales peut ne pas correspondre au cycle des espèces végétales et aux besoins vitaux des Hommes qui les cultivent.
Les opérations de récolte de céréales ne se cantonnent pas au passage de la moissonneuse-batteuse. Il faut compter aussi avec les allées et venues des bennes évacuant les grains. Le ramassage de la paille, qui fera office de litière pour les animaux en hiver (sinon d’une valorisation en biomasse), fait lui-même intervenir des machines spécifiques (des presses) puis des remorques pour acheminer les bottes constituées jusqu’à l’exploitation. Au final, les risques sont nombreux pour les petits mammifères, oiseaux et insectes auxiliaires.
Le bruit généré par toutes ces machines constitue un avertisseur efficace, mais pas suffisant. Les techniques de conduite des chantiers ainsi que de bonnes pratiques agricoles contribuent à réduire les impacts de la moisson sur la faune sauvage.
Prendre en compte l’existence et la préservation de la faune sauvage n’est pas forcément dispendieux, ni en temps, ni en moyens. La preuve avec les recommandations suivantes : sensibiliser les conducteurs des moissonneuses-batteuses et autres machines, provoquer, juste avant récolte, l’effarouchement des animaux au moyen de cris, de canons à carbure et klaxons, régler la barre de coupe au minimum à 15 cm de hauteur, utiliser une barre d’envol correspondant à la largeur de la barre de coupe ou encore un détecteur infrarouge, adopter un circuit de récolte centrifuge pour ne pas emprisonner la faune au centre de la parcelle et au fur et à mesure de l’avancement du chantier, éviter l’intervention de plusieurs machines dans la même parcelle, limiter le plus possible les récoltes de nuit, broyer simultanément la paille non récoltée pour économiser un passage d’engin supplémentaire, presser la paille dans les 48 heures après moisson avant que la faune n’établisse son refuge sous les andains et, enfin, récolter les œufs de perdrix grise.
La situation actuelle concernant la perdrix grise est préoccupante, les observations de la saison dernière nous montrent que les populations sont au plus bas. Comme vous le savez, un plan de sauvetage a été mis en place, qui consiste à récupérer les œufs de perdrix dans les nids abandonnés et dans les secteurs à risque (exploitation céréalière, bord de route à faucher…).
Si vous trouvez des nids, manipulez-les avec précaution dans une boite à œufs ou dans un sceau avec du blé. Contactez vite la fédération de chasse au 03 22 82 90 90.
Pas de fatalité, toujours des solutions
Si la faune sauvage établit son habitat dans les cultures de céréales, la mise en œuvre de bonnes pratiques agricoles doit permettre de trouver d’autres habitats relais.
Certes, les possibilités sont limitées dans les grandes plaines, qui laissent peu de place aux terres incultes, mais dans chaque exploitation existent des tournières, des coins de parcelle difficilement cultivables qu’il faut valoriser autrement…
Il est possible de jouer sur la mixité entre cultures d’automne et de printemps, autant pour la faune sauvage que pour la lutte contre l’érosion des sols.
Entre deux cultures, la mise en place temporaire de couverts végétaux peut aussi faire office de relais…
L’insertion de bandes non cultivées dans les zones à faible rendement (bordure boisée, par exemple) ou encore la préservation ou la restauration d’éléments paysagers tels que haies, bandes enherbées, arbres champêtres permettent de corriger les inconvénients liés à la spécialisation de certains territoires.