Négoce : Carré mise sur les nouvelles formes d’agriculture
Les traditionnelles réunions hivernales organisées par le groupe Carré avaient un fil rouge bien précis cette année. Elles étaient placées sous le signe de l’agriculture durable.
«Tendre vers davantage d’agronomie et moins de produits.» C’est ainsi que Philippe Leclercq, directeur développement du groupe Carré, résume les objectifs du groupement d’intérêt économique et environnemental (GIEE) «Eco-phyt’», qui a été présenté aux clients-agriculteurs. «Nous voulons accélérer nos travaux et nos expérimentations pour guider au mieux les exploitants et nos équipes vers les nouvelles formes d’agriculture (de conservation, raisonnée, intégrée, biologique, ndlr)», poursuit le responsable.
Reconnu par le ministère de l’Agriculture et opérationnel depuis octobre 2018, le groupement s’est fixé trois axes principaux de travail : conduite de matériels et nouvelles techniques (essais, OAD…), agriculture de précision (modulation des doses, cartographie du parcellaire) et agro-biodiversité (études de sols, auxiliaires de culture…). Une vingtaine d’agriculteurs a déjà rejoint la structure, qui se laisse un an pour recruter.
Chaque membre doit au préalable réaliser un audit «Haute valeur environnementale» de niveau 3 (HVE 3) sur son exploitation. «Il se base sur des indicateurs de résultats relatifs à la biodiversité, la stratégie phytosanitaire, la gestion de la fertilisation et, dans certains cas, de l’irrigation, explique Philippe Leclercq. Cet audit servira à mettre en avant les leviers mobilisables par chacun pour réduire son IFT (indicateur de fréquence de traitements)». Des ateliers d’agriculteurs pourront ensuite être constitués pour collaborer sur des thématiques communes.
L’agribashing
Si le groupe Carré se mobilise en faveur d’une agriculture plus durable, c’est qu’il voit poindre un durcissement en matière d’utilisation des molécules. «Un énième herbicide a été retiré du marché la semaine dernière, dans un contexte de séparation attendue du conseil et de la vente de produits phytosanitaires», indique Maximilien Carré, directeur général délégué. «Avec ces accumulations de charges et de réglementations, attention tout de même à ne pas perdre la notion de compétitivité», a-t-il fait part.
Le dirigeant a également confié ses craintes concernant les critiques récurrentes auxquelles doivent faire face les agriculteurs : «Notre profession doit redorer son blason vis-à-vis des citoyens, d’où notre volonté de communiquer sur les bonnes pratiques.» Ainsi, le négociant propose une matinée d’échanges, le 30 janvier prochain, autour du thème de l’agribashing. En présence de Thierry Bailliet, agriculteur du Pas-de-Calais, très présent sur les réseaux sociaux. Il s’agira de comprendre le phénomène, de partager les expériences et de partager quelques conseils pour bien faire connaître son métier.