Point sur la chasse dans la Somme
Déclarations du président de la République, ouverture générale de la chasse toute proche…
L’actualité cynégétique est brûlante. Le point avec la Fédération des chasseurs de la Somme.
permettront «un rythme des prélèvements au plus proche de celui de la nature».
Si les récentes décisions qu’a prises Emmanuel Macron concernant la chasse ont déplu à Nicolas Hulot, elles donnent, en revanche, le sourire à Yves Butel, président de la Fédération des chasseurs de la Somme. «Le prix du permis de chasse national divisé par deux en 2019 est une excellente nouvelle, se réjouit-il. Ce sera très intéressant, surtout pour les jeunes, plus nomades, qui souhaitent chasser dans plusieurs départements.» Le permis départemental, d’une valeur de 160 €, sera toujours d’actualité. Mais alors que 400 € environ sont nécessaires cette année pour avoir le droit de pointer le bout de son fusil dans les autres départements, 40 petits euros supplémentaires suffiront l’année prochaine.
Le plus intéressant, pour l’élu, est la gestion adaptative des espèces. «Une sage décision. Cela signifie que nous pourrons adapter les périodes de chasse, ou mettre en place des quotas, en fonction de la santé des populations. Le rythme des prélèvements sera au plus proche de celui de la nature.» Le droit de tuer 5 000 oies en février 2019, au niveau national, est un exemple. «Nous espérons en prélever au moins 500 dans la Somme.» Pour Thierry Delefosse et Emmanuel Lavoisier, respectivement directeur et directeur adjoint de la fédération, cette gestion adaptative est aussi une bonne nouvelle pour le milieu agricole. «Les chasseurs vont pouvoir réguler des espèces en surnombre dans certains secteurs, comme les goélands et les cormorans, sur la côte. Plusieurs agriculteurs du secteurs ont vu leur contrat avec Bonduelle supprimé, car l’invasion de leurs parcelles par ces oiseaux pose un problème d’hygiène.»
Perdrix, où es-tu ?
L’actualité plus brûlante reste l’ouverture générale de la chasse, dimanche 23 septembre. Et avant de dégainer trop rapidement, mieux vaut être au courant de la situation du gibier dans la Somme. Un oiseau de plaine, à la silhouette arrondie et au plumage gris ocré, portant un masque orange vif, fait surtout parler de lui par son absence. Il s’agit bien de la perdrix, pourtant espèce phare du département. «La situation de sa reproduction est contrastée chaque année, avec des écarts de un à trois jeunes par couple selon les secteurs. Mais c’est de pire en pire», assure Emmanuel Lavoisier. Les écarts sont, cette année, de un à six jeunes, avec des situations parfois très critiques (moins de deux jeunes par couple en moyenne), notamment dans le sud-est et le sud de l’Amiénois. Le plateau picard nord, lui, a démontré de bons comptages. «On ne cache pas que nous sommes très inquiets pour l’espèce. Nous sommes désemparés pour donner des consignes de prélèvements.» Les chasseurs devront raisonner d’eux-mêmes leurs tirs de perdrix. La fédération mène, de son côté, une opération de repeuplement, avec 5 000 galliformes de souche sauvage lâchés.
Les autres espèces de petit gibier, comme le faisan ou le lièvre, elles, ont montré une bonne reproduction. Aucun scrupule n’est donc à avoir quant à leur prélèvement. Une recommandation est tout de même donnée pour les lièvres : «Le Sagir, réseau de surveillance épidémiologique des oiseaux et des mammifères sauvages terrestres, a détecté plusieurs cas de tularémie, maladie que peuvent transmettre les lièvres aux hommes. Si quelqu’un tombe sur un cadavre, il ne faut pas le toucher et contacter la fédération.»
Les sangliers en ligne de mire
Pour le gros gibier, l’accent va être mis sur les sangliers, qui ont fait parler d’eux dans le milieu agricole, ces derniers temps, pour les dégâts de cultures qu’ils occasionnent. «Nous allons organiser des journées de chasse commune de novembre à février dans le Marquenterre, pour réguler au mieux la population. Faire chasser plusieurs groupes le même jour permet de faire circuler les sangliers et d’en tuer plus.»
La population de chevreuils, elle, semble stable, même si la reproduction s’est révélée mitigée dans quelques secteurs. Sécheresse en cause ? Les prévisions de population 2019 pour ces gourmands de glands et de faînes sont, en revanche, très à la hausse : «2018 a été une année à fruits, y compris en forêt ! Et qui dit nourriture abondante, dit forte reproduction.»
Enfin, pour les nuisibles, dites plutôt «espèces susceptibles de causer des dommages», le travail avec le monde agricole se poursuit. «Nous allons atteindre les quotas pour la campagne de régulation des blaireaux, encadrée par des lieutenant de louveterie.» Pour les corbeaux, un agriculteur référent a été nommé par territoire. Celui-ci recueille les constats de nuisance de corbeaux en plaine, puis prévient la fédération qui envoie une équipe pour réguler. Les renards, eux aussi nombreux, font également l’objet d’une régulation.
Cependant, il semble que ces espèces soient mieux maîtrisées, puisque la fédération de chasse pense recevoir 450 dossiers d’indemnisation des dégâts d’ici au 31 décembre de cette année, contre 600 l’année dernière.
Un week-end purement chasse et nature
Vingt jours avant l’ouverture générale de la chasse, les chasseurs pourront bénéficier d’un week-end entièrement dédié à leur passion. Ces 1er et 2 septembre, la Fédération régionale des chasseurs des Hauts-de-France donne rendez-vous dans le parc du Palais de Compiègne, pour une nouvelle édition de la Fête chasse et nature. Ferme pédagogique, balades à dos d’ânes, tir à l’arc, ou encore tir sur sanglier courant au laser sont au programme.
Muriel Bec, dresseuse animalière qui travaille pour le monde du cinéma, de la pub et de la télé, fera une démonstration de son quotidien : choisir et dresser les animaux les plus charismatiques qui vont apporter leur «patte» à un film, une série… Ainsi, Loukoum, Guss, Bee-Bop, Fanny, Ouin-Ouin... des chiens, des biches, des sangliers, des renards, des blaireaux, qui ont joué aux côtés de grands noms du cinéma et de la publicité, seront en démonstration.
Parmi les 30 000 visiteurs attendus, les organisateurs peuvent compter sur la présence du Gérard Larcher, président du Sénat. Le charismatique sénateur des Yvelines est amateur de traditions, et donc de chasse.
Samedi de 9h30 à 19h et dimanche de 9h30 à 18h, dans le parc du Palais de Compiègne. Tarifs : 7 € la journée, 10 € le week-end.