Préserver la qualité des lots de la production jusqu’au client
Le 7 juillet dernier,
le Comité régional des céréales de la région Hauts-de-France s’est réuni pour la première fois. Ce qui s’est dit.
Les comités régionaux des céréales (CRC) existent depuis de longue date à l’échelle des anciennes régions du Nord-Pas-de-Calais et de la Picardie. Régionalisation oblige, les voici réunis en un seul comité à l’échelle des Hauts-de-France. Leur rôle ? Décliner à l’échelle régionale ce qui se passe au niveau du Conseil spécialisé des céréales de FranceAgriMer (CSC). «Ce conseil n’a pas de pouvoir en tant que tel. C’est un lieu de débat et d’échange qui regroupe tous les acteurs, des producteurs en passant par les coopératives, les négoces privés, les meuniers, les fabricants d’aliments d’animaux, les grandes entreprises de la meunerie, les chambres d’agriculture, la FRSEA, la Coordination rurale et les JA», précise Luc Maurer, le directeur de la Draaf Hauts-de-France.
Pour cette première réunion, le 7 juillet dernier, ont été élus pour les trois prochaines années le nouveau président du CRC (Jacques de Villeneuve) et ses deux vice-présidents (Laurent Bue et Thibaut Charpentier). Au menu de la journée : la consolidation de la qualité des productions céréalières et l’augmentation de la valeur ajoutée à chaque maillon de la chaîne, en intégrant les attentes des différents clients. Qui dit qualité, dit taux de protéines, taux d’humidité, poids spécifique... «Ce sont autant d’éléments sur lesquels doivent travailler les producteurs, car les clients finaux ont des exigences très fortes et des cahiers des charges différents. Identifier les attentes des clients est nouveau dans le raisonnement de la filière. C’est d’autant plus important que la filière de la meunerie ne trouve pas ce qu’elle cherche pour son approvisionnement en termes de qualité dans la région, en raison de ses exigences de fabrication. Conséquence : la demande n’étant pas couverte par la production régionale, la meunerie va se fournir ailleurs. Il faut qu’il en soit autrement, d’autant que la production est bonne au départ. Reste à la conforter jusqu’à ce qu’elle arrive aux clients finaux», relève Luc Maurer.
Outre le choix de variétés nouvelles, une démarche qualité autour de l’export va être entreprise pour la campagne 2018. Autre action clé : les conseils techniques délivrés aux producteurs tout au long de leurs choix et de leurs actions. Coopératives, négoces privés et chambres d’agriculture sont ici à la manœuvre. S’il n’y a pas de remise en cause de leur travail, «il faut voir comment s’organiser collectivement pour assurer ces soutiens aux agriculteurs», indique le directeur de la Draaf.
Structuration de la filière
Si l’esprit collectif doit régner en termes de conseils techniques, il doit en être de même sur la structuration de la filière céréales. Celle-ci a des atouts indéniables en termes de production et de qualité. Mais pour la consolider encore plus et la rendre plus dynamique, «nous avons intérêt à jouer collectif à l’échelle des Hauts-de-France, notamment pour développer l’export», dit-il. Et la région de disposer, pour ce faire, d’un atout considérable, à savoir le port de Dunkerque et la Sica Nord céréales. Aux acteurs de la filière d’identifier les types d’export et les besoins pour entrer dans la course.
Outre le port et la Sica, le canal Seine-Nord Europe pourrait représenter un autre atout. Mais les dernières déclarations du gouvernement autour d’une «pause» sur les grands projets structurants - parmi lesquels le canal - pourraient avoir pour conséquence de reporter le projet aux calendes grecques. Ce n’est pas le premier volte-face sur ce projet, mais un nouveau coup d’arrêt serait préjudiciable pour l’économie de la région, et notamment pour les besoins de développement à l’export des céréaliers par voie fluviale. De ce fait, les professionnels réunis au sein du CRC ont-ils rappelé toute l’importance qu’à ce projet pour eux et ont formulé un vœu en conséquence pour qu’il soit maintenu (cf. encadré).
Toujours dans l’actualité, la question des Etats généraux de l’alimentation a été abordée. Tous les acteurs régionaux de la filière souhaitent apporter leur contribution autour de la thématique sur la façon de créer de la valeur ajoutée. Des réunions de travail seront donc programmées pour étudier les différents segments de marché, tant dans la filière céréales que dans la filière de l’élevage, autre question clé de l’agriculture dans la région. Le dernier tour de piste de la réunion a porté sur les prévisions de surfaces de production, des conditions de culture et des rendements.
Prévisions pour la campagne 2017
En termes de surfaces de production, les prévisions avancées par FranceAgriMer sont en blé tendre de 820 000 ha, en orge d’hiver de 123 000 ha, en orge de printemps de 43 000 ha, en pois de 25 000 ha et en féverole de 10 000 ha. Quant aux prévisions des rendements moyens, elles devraient s’établir autour de la moyenne olympique de ces dix dernières années, à savoir, pour les cultures principales : 84 quintaux par hectare pour le blé tendre, 82 quintaux par hectare pour l’orge d’hiver et 62 quintaux par hectare pour l’orge de printemps. «Le comité a toutefois souligné que des différences marquées sont à prévoir en fonction des zones dont la qualité des sols et le bilan hydrique sont sensiblement différents», précise Luc Maurer.
Enfin, au vu de conditions de culture, au 3 juillet, 70 % de situations sont jugées bonnes, voire très bonnes. C’est de l’ordre de 76 % pour l’orge d’hiver et de 69 % pour l’orge de printemps. Pour ce dernier, point de très bon en revanche, et le reste est estimé assez bon, voire mauvais. Dans tous les cas, seule la fin de campagne permettra de définir ce qu’il en sera vraiment.
Vœu du CRC au CSC de FranceAgrimer
Le Comité régional des céréales des Hauts-de- France s’est réuni en session plénière le 7 juillet 2017. A l’occasion de ce comité, les membres, représentants de toute la filière céréalière, ont ré- affirmé leur attachement à la réalisation du Canal Seine-Nord et ont émis le vœu qu’en aucun cas le calendrier des travaux ne soit remis en cause. Cette réalisation doit permettre le développement d’un débouché fluvial qui bénéficiera à tous les grands ports maritimes et fluviaux de la Seine à l’Escaut. En outre, le transport fluvial se caractérisant par une bonne performance environnementale, ce projet répond aux objectifs de transition énergétique promus par la France et les Nations Unies (Cop 21).