Quand les champs s’embrasent, place aux bons réflexes
Soixante-neuf départs de feu en plaine en une semaine et des dizaines d’hectares partis en fumée. Par temps sec, moisson peut être synonyme de feu. Mieux vaut y être préparé.
Un caillou tape la barre de coupe, crée une étincelle, et voilà le champ de blé ou d’escourgeon bien sec qui part en fumée.
Depuis le mercredi 27 juin, date qui coïncide avec le début de la moisson, les pompiers sont appelés plusieurs fois par jour pour des incendies en plaine : «Dix-huit feux de talus, vingt-sept feux de récolte sur pied et vingt-quatre feux de chaume, soit soixante-neuf interventions en huit jours», précise le capitaine Dupuis, de l’Etat major d’Amiens.
Le lundi 2 juillet a été la journée la plus incendiaire dans les champs, avec 32 ha brûlés en tout, à Caix, Machy, Lanchères, Mers-les-Bain et Nampont-Saint-Martin. Une parcelle de 10 ha a même été entièrement détruite. En cause : le temps très sec, un thermomètre très élevé et du vent qui favorise la propagation des flammes.
Mais les agriculteurs semblent bien préparés à ce genre d’événement : «S’ils n’avaient pas les bons réflexes, les feux ravageraient deux fois plus de surface», assure le capitaine Dupuis.
Déchaumer pour stopper le feu
A chaque fois, leur réaction immédiate était pleine de bons réflexes : «Appeler les secours immédiatement, bien sûr, et déchaumer à une dizaine de mètres de l’incendie. Car sans support pour brûler, il s’éteint. Certains moissonnent d’ailleurs avec le tracteur et la herse à côté, pour pouvoir réagir immédiatement en cas de problème.» Le professionnel relève une solidarité agricole efficace. «Les voisins agriculteurs viennent très souvent donner un coup de main ou prêtent du matériel.»
Certains exploitants ont aussi étouffé le feu avec le grain de la trémie. D’autres gardent une tonne à eau à proximité. Mais le capitaine Dupuis rappelle l’essentiel : «Mieux vaut ne pas jouer au héros, car le feu est insidieux. Les flammes, qui montent à six ou sept mètres dans le blé, sont dangereuses, mais la fumée toxique l’est tout autant.» Règle numéro un, donc, se mettre soi-même en sécurité.
Des précautions sont à prendre pour limiter les risques : «Ne pas jeter de mégot, même éteint, dans un champ moissonné ou non, ne pas laisser tourner un moteur longtemps au même endroit, car les gaz d’échappement peuvent provoquer un départ de feu.» Taper un caillou, en revanche, est difficilement évitable…
Les pompiers, qui ne bénéficient que d’une formation pour les incendie en fôret, devraient prochainement être formé aussi aux feux de végétation, pour encore plus d’efficacité.
Entretien du matériel
Pour l’assurance Groupama, un bon entretien de la moissonneuse-batteuse peut aussi aider à limiter les risques. «Les cas les plus fréquents sont le feu de poussières ou de déchets accumulés à certains endroits, le feu de courroies qui se sont échauffées sur des roulements coincés faute d’un graissage suffisant et le feu de chaumes au contact de surfaces chaudes (roulements, pot d’échappement…)», est-il expliqué sur le site internet.
Avant chaque utilisation, elle préconise donc de graisser les roulements et les organes de transmission, veiller à bien respecter le plan de graissage du constructeur, dépoussiérer l’ensemble moteur/ventilateur et autour du moteur, éviter l’utilisation d’un nettoyeur à haute pression, qui pourrait provoquer l’accumulation de déchets végétaux dans des endroits difficiles d’accès, vérifier la tension des chaînes et des courroies, contrôler les niveaux d’huile ou de graisse préconisés, installer un extincteur à eau pulvérisée + Additif (A3f) de 6 litres, complété si possible par un pulvérisateur à dos et/ou une réserve d’eau dans un bidon d’environ 20 litres.
Bande coupe-feu
Pendant la moisson, mieux vaut maintenir une vigilance particulière aux heures les plus chaudes de la journée et dans les parcelles situées en bordure de route, de voies ferrées, d’habitations, de bois et de lieux sensibles à un départ de feu. «Pensez aussi à nettoyer la machine plusieurs fois par jour pendant les périodes de fortes activités, afin d’enlever les poussières, débris, paille qui s’accumulent sous le capot, derrière le bloc moteur et à proximité des pièces chaudes.»
Dans les parcelles de superficie élevée, il est aussi conseillé de réaliser dès le début du chantier des bandes coupe-feu de quatre à cinq largeurs de machines.
Le bon réglage
Une machine bien réglée est une machine qui présentera moins de risque d’incendie. Un réglage plus haut de la coupe de la machine évitera des frictions avec des silex pouvant générer des étincelles. Il faut également bien veiller à remonter les palpeurs de la moissonneuse si celle-ci en dispose.