Quelle place de l’élevage ovin dans les instances régionales ?
Le 26 janvier dernier, les organisations départementales
des régions Hauts-de-France, Ile-de-France - Normandie avaient leur assemblée générale. Au menu : la conjoncture et quelle organisation régionale.
C’est un secret de Polichinelle : l’élevage ovin face à l’élevage bovin ne pèse pas lourd tant sur les marchés, que sur le plan de la consommation ou encore dans l’esprit des institutionnels. Au point que toute journée consacrée à l’élevage par des collectivités territoriales ou des chambres d’agriculture a tendance à faire l’impasse sur la production ovine. C’est aussi vrai en région qu’à l’échelle nationale. La filière ovine est le parent pauvre des productions animales. S’organiser est donc une question de survie.
Aujourd’hui, l’organisation de la filière ovine passe par des fédérations départementales ovines, des établissements régionaux de l’élevage, des organismes de producteurs et des groupements d’intérêt économique. Or, avec la fusion des régions, qui a notamment entraîné la fusion des chambres d’agriculture, comment peser dans le débat et se faire entendre ? Telle était la réflexion au cœur des débats de l’assemblée générale des organisations départementales des régions Hauts-de-France, et Ile-de-France / Normandie, le 26 janvier, à Amiens.
Le plus simple ? Créer une fédération régionale ovine réunissant les deux nouvelles régions. «Qu’importe que la structure soit formelle ou informelle», précise Jérôme Redoules, trésorier de la Fédération nationale ovine, qui représentait ce syndicat au cours de l’assemblée générale.
Instance syndicale ou de filière ?
Pour Valéry Lecerf, représentant de la section ovine du Pas-de-Calais, «il n’est pas utile de créer une nouvelle instance. Elle existe déjà d’une certaine manière, puisque nous sommes tous dans des instances syndicales». Certes, mais pour se faire entendre, est-il plus judicieux de mettre en place une instance syndicale ou une instance de filière à l’échelle régionale ?
Nul doute, selon Emmanuel Fontaine, de la section ovine de l’Aisne et représentant AONP, «nous avons besoin d’un projet de filière réunissant les syndicats, les coopératives, les organismes professionnels et la génétique, tout en s’appuyant sur le réseau Inn’Ovin qui est à cheval sur nos deux régions». Or, à la différence d’une instance syndicale dans laquelle force est de constater que tous les départements ne sont pas bien représentés, une instance de filière assurerait une diversité propre à peser plus dans les débats.
C’est aussi la meilleure façon d’être audible auprès des politiques en leur présentant non seulement un projet de filière, avec des outils d’abattage, des agneaux de qualité, un projet environnemental, mais aussi social par la création d’emplois. «Si l’on reste sur des demandes technico-techniques, nous ne serons jamais audibles. Nous devons élever le niveau de notre demande afin d’introduire le mouton dans des discussions dans lesquels il n’est plus», précise Marc Dubiquet, président de la Fédération départementale ovine de la Somme. Et ce, d’autant, que les deux régions représentent un bassin de consommation non négligeable. «Les politiques parlent de circuits courts et de proximité. Pour ce faire, il faut des éleveurs et des abattoirs. C’est à ce niveau de discussions que l’on pourra défendre notre filière», conclut Emmanuel Fontaine. Ne reste plus qu’à construire cette instance régionale et prendre son bâton de berger.
Elections
Quatre représentants régionaux ont été élus pour trois ans pour siéger à la FNO. Pour la région Hauts-de-France, il s’agit de Willy Balderacchi et de Valéry Lecerf, et pour la région Normandie/Ile-de-France, il s’agit de Philippe Debuisson et de Françoise Prévost.