Rapport IPBES : l’agriculture, responsable, victime, mais aussi solution
Suite au rapport de l’IPBES, faisant état d’une perte importante de la biodiversité mondiale en partie
en raison des pratiques agricoles, le président de la République a rappelé les objectifs de la France en la matière. Pour la FNSEA, il faut cependant éviter de stigmatiser l’agriculture française.
L’IPBES, (Intergovernmental science-policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Service, Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques), qui s’est réuni à Paris du 29 avril au 4 mai, a rendu le 6 mai son rapport sur le déclin de la biodiversité.
Les cent cinquante experts de cinquante pays qui y ont travaillé pendant trois ans déplorent une perte très importante de biodiversité à l’échelle de la planète, avec près «d’un million d’espèces animales et végétales» menacées de disparition dans les décennies à venir. Pour les experts, «les changements d’usage des terres et de la mer, l’exploitation directe de certains organismes, le changement climatique, la pollution et les espèces exotiques envahissantes» sont l’une des principales causes.
Si l’agriculture a une responsabilité dans les pertes de biodiversité, cette responsabilité varie d’un pays à l’autre. On les remarque particulièrement dans les tropiques, qui ont les plus hauts niveaux de biodiversité de la planète, explique le rapport : ainsi, 100 millions d’hectares de forêts tropicales ont été perdus entre 1980 et 2000, en lien avec l’augmentation de l’élevage de bétail en Amérique latine (pour 42 millions d’hectares) et des plantations, notamment d’huile de palme, en Asie du Sud-Est, indiquent les experts.
Parallèlement, l’agriculture est également victime de cette situation, avec une dégradation des sols qui «a réduit de 23 % la productivité de l’ensemble de la surface terrestre mondiale», et un risque de disparition des pollinisateurs. Cependant, le secteur agricole est également mentionné par les auteurs du rapport comme une piste de solution à l’extinction des espèces.
Ainsi, les experts citent plusieurs pistes comme l’agroécologie, la gestion plus intégrée des paysages, la conservation de la diversité génétique et des races locales et, au niveau de la distribution, davantage de transparence pour responsabiliser les consommateurs, favoriser la distribution et la localisation, tout en réduisant parallèlement le gaspillage alimentaire.
La France plutôt bon élève
Suite à cette publication, Emmanuel Macron a rappelé un certain nombre d’engagements de la part de la France, souhaitant faire du rapport «le fondement scientifique de la mobilisation et des négociations internationales au cours de l’année à venir», mais demandant également «un bilan pour se fixer des objectifs de lutte contre l’artificialisation». Le président de la République a profité de l’occasion pour insister sur sa volonté de réduire l’utilisation des phytosanitaires de 50 % d’ici 2025, et de sortir du glyphosate en trois ans.
Réagissant à ce discours, la FNSEA a rappelé que «ce rapport est établi à l’échelle mondiale avec des systèmes économiques et sociaux très diversifiés. Ils sont loin de refléter la réalité et la diversité de l’agriculture française, majoritairement familiale et de taille très modeste. Ce qui lui a valu, pour la troisième année consécutive, d’être reconnue comme modèle le plus durable au monde par The Economist».
«La France est plutôt exemplaire à ce sujet, même s’il y a des progrès à faire», a ainsi commenté Hervé Lapie, vice-président de la commission Environnement de la FNSEA. «Quand on parvient à un équilibre intelligent entre l’économique, le social et l’environnement, on trouve des solutions», ajoute-t-il, rappelant qu’il y a «plein d’exemples en France, plein d’initiatives entre agriculteurs et apiculteurs, des initiatives pour maintenir les populations d’oiseaux, etc.», détaille-t-il. «Toutes les initiatives autour de la biodiversité se mettent en place de manière structurante par la profession agricole. Tout le monde est bien conscient des enjeux, et nous voulons aussi répondre aux attentes sociétales, en positionnant la profession agricole sur le développement de la biodiversité», insiste-t-il, rappelant que les agriculteurs sont au fait de ces problématiques sur lesquelles ils agissent déjà depuis plusieurs années.