Sodiaal : «aller chercher la valeur ajoutée là où elle se trouve»
Damien Lacombe, président de Sodiaal, a présenté les résultats et les orientations du groupe lors de l’assemblée de Sodiaal Nord le 19 mai dernier.
«Notre stratégie de diversification sur l’ensemble des produits laitiers s’avère payante», assure Damien Lacombe. Le nouveau président de la coopérative Sodiaal Union était l’invité de l’assemblée générale de Sodiaal Nord. L’occasion pour lui de présenter les résultats 2013 du groupe coopératif laitier, ainsi que les grandes orientations pour l’après-quota.
«La fusion avec Blâmont puis avec 3A début 2014 confirme une nouvelle fois le rôle structurant de Sodiaal pour la filière laitière française», indique-t-il. En recherchant une taille critique sur tous ses marchés, en diversifiant son mix-produit et la répartition géographique de ses débouchés, Sodiaal entend amortir au maximum les effets négatifs de la volatilité afin de sécuriser dans la durée ses sociétaires.
Des résultats 2013 en progression
Sodiaal Union a atteint ses objectifs budgétaires en 2013 : le chiffre d’affaires atteint 4,6 milliards d’euros et le résultat net part du groupe s’élève à 25,8 M€ contre 11,4 M€ en 2012. «Depuis 4 ans, nous avons réalisé un important travail sur la maîtrise de l’équation laitière qui a permis de mieux valoriser le lait, indique Luc Verhaeghe, président délégué régional de Sodiaal Nord. Nous n’avons d’ailleurs quasiment pas vendu de lait en spot l’année dernière».
Grâce à l’implication de l’ensemble de ses business units (BU), la coopérative est parvenue en trois ans à diviser par dix les quantités de lait commercialisées sur ce marché. «Ceci démontre la capacité de Sodiaal à fonctionner comme un groupe dans l’intérêt de tous les producteurs et de la filière laitière toute entière», souligne Damien Lacombe, président de Sodiaal Union.
Le groupe coopératif a renforcé ses positions sur l’ensemble de ses quatre métiers. Pour l’activité lait-crème-beurre, Candia a enregistré une perte en 2013, mais l’entreprise donne désormais des signes de redressement encourageants depuis le début de l’année, grâce à son plan de réorganisation industrielle. «La médiation nous a gênés sur le lait de consommation, confie Damien Lacombe. Nous avions réussi à passer des hausses supérieures que les distributeurs se sont empressés de nous reprendre».
Pour sa part, Beuralia a amélioré son équation volume/valeur. L’activité poudres-ingrédients a réalisé une bonne performance, notamment Eurosérum, qui a su composer avec un environnement complexe. Nutribio a dégagé son premier résultat bénéficiaire depuis plusieurs années, et Régilait a également enregistré un résultat positif.
Quant à l’activité produits frais (Yoplait), elle a généré de bonnes performances en France, dans un contexte de marché très perturbé tout en poursuivant son développement à l’international. Au global, la rentabilité du groupe coopératif s’est améliorée avec un EBE qui atteint les 106 millions d’euros (M€), un chiffre auquel l’activité fromages (Entremont, Monts&Terroirs et CF&R) a contribué pour près de la moitié. «Le marché des fromages s’avère plus stable que celui du lait de consommation, et nous permet de nous tourner aussi vers l’international avec certains produits, notamment les pâtes pressées», explique Damien Lacombe.
De nouvelles alliances
Après le rachat d’Entremont en 2011, Sodiaal Union poursuit son expansion. L’année dernière, la coopérative laitière s’est ainsi rapprochée des Fromageries de Blâmont (150 Ml de lait, 350 producteurs en Meurthe-et-Moselle, trois sites de fabrication et trois sites d’affinage) et de Lacopab (15 Ml, 42 producteurs dans l’Ain), tout en préparant la fusion avec la coopérative 3A. Celle-ci a été validée en début d’année, faisant de Sodiaal le premier collecteur de lait en France (5 milliards de litres), la première coopérative laitière française, la troisième en Europe et la cinquième dans le monde. «Ce nouvel ensemble va conforter nos producteurs par des débouchés bien valorisés autour d’activités complémentaires», insiste le président de Sodiaal Union.
Les Fromageries Occitanes viennent compléter les positions détenues par Entremont, Monts et Terroirs et CF&R, pour constituer un leader du fromage et en particulier des fromages de terroirs et AOP.
En tant qu’un des principaux moteurs de la consolidation du secteur coopératif laitier, Sodiaal veut continuer à fédérer autour d’elle : «Les coopératives représentent aujourd’hui une grosse part des volumes de lait transformés en France ; il faut que l’on soit complémentaire entre nous, et créer des partenariats gagnants pour les producteurs, lance Damien Lacombe. Le monde de demain va avoir besoin de lait, c’est pourquoi nous voulons être un acteur laitier majeur».
Cap à l’international
Ce dernier a fait part notamment de la volonté de la coopérative de développer ses activités commerciales à l’international, en particulier en Chine (partenariat en Bretagne avec Synutra, ouverture des premières boutiques Candia en Chine et le lancement par Nutribio de la marque Nactalia).
Une volonté clairement exprimée dans le projet Sodiaal 2020. «Nous sommes dans un monde qui s’ouvre, avec des opportunités que nous n’aurions pas imaginé il y a encore quelques années. Lors de la dernière décennie, les échanges mondiaux de produits laitiers ont explosé». Et de poursuivre : «Nous devons être présents sur ces pays émergents, pour être capable de répondre aux attentes des adhérents en allant chercher des marchés valorisants là où ils se trouvent». Néanmoins, il précise que ce développement à l’international «ne se fera pas n’importe comment, car ces nouveaux marchés sont plus exposés aux risques géopolitiques et à la volatilité des cours».
Selon Damien Lacombe, il s’agit pour Sodiaal d’avoir les reins suffisamment solides pour profiter des opportunités qui s’offrent à elle sans faire courir des risques trop importants à ses producteurs. Pour cela, il estime que la coopérative doit être «organisée», en adaptant ses structures et en mettant en place toutes les synergies nécessaires au sein du groupe.
D’où la création d’une direction du développement international. La coopérative doit également être «efficace», en maîtrisant son équation laitière : «Tout litre de lait produit doit avoir un débouché et une usine pour le transformer», résume-t-il.
Enfin, à l’instar des autres grands acteurs laitiers mondiaux, elle doit acquérir «une taille critique» : «Sodiaal Union doit devenir un groupe qui pèse, détaille Damien Lacombe. Nous devons avoir les reins suffisamment solides pour sécuriser le développement de nos adhérents».
ZOOM SUR…
Une prime de linéarité de 34 €/1 000 l en 2013
Les principales évolutions pour cette campagne laitière 2013-2014 ont été la mise en place d’un prix de contrôle suite à la suppression de la TFA sur les dépassements de quota, ainsi que le déploiement de plusieurs mesures incitatives visant à améliorer la saisonnalité tels que le décalage de la période sans volume B sur les mois d’août, septembre et octobre ; avec la possibilité sur cette période de produire au-delà de 8,33 % du quota sans que ces volumes supplémentaires ne soient pris en compte pour le déclenchement du prix de contrôle en fin de campagne. «Au total, cela correspond à 46 millions de prêt de quota supplémentaire pour 5 832 producteurs, soit en moyenne 7 900 litres en plus par producteur, précise Jean-Charles Mallard, directeur de Sodiaal Nord. À noter que 44 % des producteurs de la région ont pu en bénéficier, avec une moyenne de 9 150 litres en plus par producteur».
Par ailleurs, Sodiaal a également versé une prime de linéarité pour les volumes livrés au-delà de 7,5 % du quota sur août-septembre-octobre. D’un montant de 34 €/1 000 l, celle-ci a été alimentée par un fonds d’orientation de 2,9 M€ lié au prix de contrôle. 67 % des producteurs de Sodiaal Nord l’ont touchée. Concernant le prix du lait payé au producteur sur 2013, il atteint en moyenne 357 €/1 000 l au niveau national (toutes primes et qualités confondues : TPQC).
Le prix moyen pour la région Sodiaal Nord atteignant quant à lui 346 €/1 000 l (TPQC).