Sodiaal arrive dans la cour des grands
Sodiaal devient la quatrième entreprise laitière européenne et donne un coup de pouce au prix du lait.
Quatorze mille producteurs, 9 500 salariés, 4,6 milliards de litres de lait (plus de 20% de la collecte française) sur 71 départements et plus de 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an : Sodiaal, la plus grosse coopérative laitière française est devenu le quatrième acteur européen du secteur en entérinant sa fusion avec la coopérative 3A, lors de son assemblée générale mercredi 8 janvier à Paris. L’entité 3A disparaît et permet à Sodiaal de renforcer sa présence dans le Sud-Ouest et le Massif Central.
Aux marques du groupe (Yoplait, Candia, Entremont…) s’ajoutent désormais le plateau de fromages des Fromageries occitanes qui produisent en Auvergne (Cantal, Salers, Fourme d’Ambert, Saint Nectaire) et dans les Pyrénées (Tomme noire, Ossau Iraty).
L’objectif est d’«atteindre une taille qui permette d’affronter la concurrence européenne dans un marché dérégulé», en possédant des «activités diversifiées sur les métiers du lait et proposant un plateau de fromage complet», développe Frédéric Rostand, directeur général.
Damien Lacombe, éleveur dans l’Aveyron, administrateur de la coopérative depuis 2005 (et fils de Raymond Lacombe, président de la Fnsea de 1986 à 1992), a été élu président à l’unanimité du conseil d’administration. Voulant «créer une coopérative de taille européenne avec des racines profondes dans chaque département», il place son mandat sous le signe «du mutualisme, de la lucidité et du rassemblement». Selon lui, les éleveurs laitiers ont «de belles perspectives sur le marché mondial mais vont être confrontés à plus de volatilité. Le marché intérieur reste notre principal débouché, mais nous devons nous internationaliser à grand pas». 30% du chiffre d’affaire sont réalisés à l’export, dont une grande majorité pour les entreprises Eurosérum et Nutribio. Sodiaal lorgne vers l’Asie, avec la création de magasins Candia en Chine, et le début de la construction de tours de séchage à Carhaix, en partenariat avec le groupe chinois Synutra.
Préparer l’après-quota
Damien Lacombe aura pour mission de créer une nouvelle manière de gérer les volumes de lait, imposée par la sortie des quotas laitiers en 2015. Annoncée dans le projet «Sodiaal 2020», l’idée est de «passer du quota au contrat coopératif». Le volume de base de chaque exploitation devrait être basé sur le quota au 31 mars 2015.
Ensuite, le conseil d’administration validera les demandes d’augmentation de volumes selon le développement des marchés. «Il est hors de question de courir après des volumes si on n’a pas de marché en face», affirme Damien Lacombe. Des groupes de travail se réuniront en région sur ces sujets, qui devront être finalisés en juin 2014.
343 euros les mille litres de lait en 2013
La question du prix du lait a également animé les débats. François Iches, président sortant, a annoncé qu’un complément de prix de 2,5 euros pour 1000 litres de lait sur l’ensemble des litrages 2013 serait versé, soit un prix moyen total de 343 euros, «le prix le plus haut jamais payé par notre coopérative».
Mais le prix du lait en 2014 a déjà commencé à faire débat. «2014 sera encore favorable, mais la difficulté sera de répercuter cette hausse à la grande distribution», a prévenu François Iches. Sodiaal a prévu une rémunération de 380 euros les mille litres pour janvier et février, alors que les indicateurs interprofessionnels tablent sur 409 euros. Damien Lacombe a expliqué que la coopérative gardait une marge de manoeuvre pour payer le lait plus cher en été, et ainsi favoriser la production.