Syndical : rentrée agricole pour Darmanin dans la Somme
La FDSEA et la FRSEA ont pu interpeler le ministre, venu présenter le prélèvement à la source, ce mercredi 2 janvier à Amiens.
Pas de trêve pour la défense des intérêts des agriculteurs. Lorsque fut annoncée la visite de Gérald Darmanin, la FDSEA, Jeunes agriculteurs et la FRSEA ont demandé audience auprès du ministre en personne. Une audience qui fut accordée en dernière minute, avant le déroulement prévu de la visite ministérielle, avec le ministre, entouré de Philippe De Mester, préfet de la Somme, et de Jacques Banderier, directeur de la DDTM.
Le premier objet de la visite était de revenir sur le vote de l’augmentation du barème de redevance pour pollution diffuse (RPD), passé dans la loi de finance fin décembre 2018. «Le président a adressé ses vœux, parmi eux, les voeux de vérité et de dignité, citant notamment le sujet du revenu des agriculteurs ; dans les faits, on n’y est pas du tout», a commencé Françoise Crété. Et de poursuivre : «Le coup porté par le vote de la RPD n’est pas accepté par les agriculteurs : sous couvert d’environnement, on a créé une taxe de plus qui étouffe l’économie. La RPD, c’est 17 millions d’euros de taxes de plus sur les fermes des Hauts-de-France, principalement sur les cultures légumières et industrielles comme les pommes de terre.» Les projections réalisées montrent que les besoins de financement des programmes de recherches et de vulgarisation des techniques alternatives aux phytosanitaires ne sont pas à la hauteur de la hausse de barème, et la RPD risque d’abonder un budget non agricole. «C’est une ponction sèche pour l’agriculture, et en plus elle va servir la compétitivité des industriels étrangers. Les parcelles louées à l’année par des industriels belges ne seront pas porteuses de cette taxe de plus, ces parcelles seront encore plus compétitives !».
Et cela se rajoute à une chasse aux sorcières sur le sujet phytosanitaire : «On a interdit les néonicotinoïdes et le glyphosate, mais aux doses et usages pratiqués en France, on avait une grande efficacité et une très faible incidence environnementale. Aujourd’hui, on a une moindre efficacité, une plus grande pression environnementale, et en plus, on continue à importer des produits issus d’agriculture n’ayant ni la contrainte environnementale, ni la charge économique. C’est de l’hypocrisie pure». Concrètement, sur la RPD, les représentants ont demandé un report de la parution du décret, ou une révision des barèmes ou,
à défaut, un moratoire sur sa mise en place.
Arrêter de transformer les atouts en handicaps…
La discussion s’est ensuite élargie sur les incidences territoriales des orientations actuelles : «L’agriculture des Hauts-de-France s’est bâtie sur des avantages pédologiques et climatiques certains. Faire converger des aides, c’est forcément à son détriment. Taxer les produits utilisés sur les cultures industrielles, c’est forcément à son détriment. Imposer un ratio prairie, c’est forcément à son détriment plus qu’aux zones où il n’y a pas d’alternatives aux prairies hormis la friche… ; tout ce qui a fait notre force naturelle aujourd’hui se retrouve retourné contre notre modèle agricole par les décisions prises. Alors, oui, il y a des choses positives, comme l’évolution de la DPA mais, au final, si on ne peut plus travailler, on n’en aura pas besoin !»
Le ministre, issu de la région, s’est montré interpelé par les arguments, mais a proposé de reprendre les échanges avec les services concernés, y compris ceux du ministère de l’Agriculture qu’il s’est engagé à saisir. Rendez-vous à reprendre dans les prochaines semaines.
REACTION de Laurent Degenne, président de la FRSEA
«L’Etat doit cesser les signaux négatifs»
A la veille des élections européennes, le président doit se remémorer et appliquer son programme de campagne : pas plus de règles en France qu’ailleurs en Europe ! Et nous pouvons lui proposer le credo de Xavier Beulin : on a besoin de plus d’Europe, et de mieux d’Europe. Aujourd’hui, les signaux émis ne vont pas dans ce sens. Glyphosate, néonicotinoïdes, RPD, charges sociales, etc. peu de décisions sont favorables. Un des derniers rapports du Trésor public pointe que l’agriculture française est en recul de compétitivité permanent, et que les conséquences sont directes sur la balance commerciale agroalimentaire. Nous ne l’inventons pas ! Ce sont les services mêmes du ministre qui ont posé des chiffres officiels sur ce que nous vivons au quotidien dans notre région. Nous devons sortir de cette spirale, et c’est d’autant plus la responsabilité d’un ministre issu de notre territoire d’intégrer ces éléments qui nous mettent en faiblesse, autant avec les pays limitrophes, et même de plus en plus avec d’autres régions de France.