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Terroirs de Picardie et Saveurs en’Or : une fusion inévitable

Le 10 octobre, Terroirs de Picardie organisait sa 8e Convention d’affaires, à Amiens. Au menu : avec la fusion des régions, quelles perspectives pour les marques ?

Jean-Marie Raoult, président de la marque régionale Saveurs en’Or, Marie-Sophie Lesne, vice-présidente de la Région Hauts-de-France en charge de l’agriculture, et Didier Verbeke, président de la marque régionale Terroirs de Picardie.
Jean-Marie Raoult, président de la marque régionale Saveurs en’Or, Marie-Sophie Lesne, vice-présidente de la Région Hauts-de-France en charge de l’agriculture, et Didier Verbeke, président de la marque régionale Terroirs de Picardie.
© AAP


Je ne sais pas si vous vous souvenez de ce film américain des années 1990, «Un jour sans fin», avec Bill Murray ? Moi, en tout cas, il m’est revenu à l’esprit ce lundi en écoutant Didier Verbeke, président de Terroirs de Picardie, Jean-Marie Raoult, président de Saveurs en’Or, et Marie-Sophie Lesne, vice-présidente de la Région des Hauts-de-France en charge de l’agriculture. Comme l’année précédente, tout le monde s’est accordé sur la nécessité de fusionner les deux marques régionales, mais sans se précipiter. En tango, on appelle cela un pas en avant deux pas en arrière. Reste que la Région, par la voix de Marie-Sophie Lesne, s’est invitée dans la danse pour accélérer le rythme. Xavier Bertrand est un homme pressé. Du tango, les deux marques risquent sans envie de devoir passer à un rock endiablé.
La fusion, ni Didier Verbeke, ni Jean-Marie Raoult, ne la contestent. «Chaque marque a son histoire et son fonctionnement propre. Il faut s’en rappeler. Une fois cela dit, Terroirs de Picardie et Saveurs en’Or ont bel et bien des points communs. Nous devons nous mettre en phase avec la nouvelle identité régionale, mais il ne faut pas précipiter les choses pour ne pas brusquer les consommateurs, les producteurs et les distributeurs», souligne Didier Verbeke. Même son de cloche du côté de Jean-Marie Raoult : «Les choses ont beaucoup évolué en un an sur la marque régionale Hauts-de-France. Le rapprochement doit donc se faire autour d’une marque et d’un logo communs. Mais on mesure aussi combien il nous faut du temps pour opérer la fusion des marques tant nos différences de fonctionnement sont importantes. Sans compter que sur les trois cents entreprises de Saveurs en’Or, beaucoup nous demandent de défendre cette marque», indique Jean-Marie Raoult.
Les entreprises et tous les autres partenaires se montrent d’autant plus frileux que cela implique un coût financier. Expérience déjà vécue par Saveurs en’Or il y cinq ans de cela, sous la pression de la Région Nord-Pas-de-Calais. Face à la facture salée, la marque avait demandé à la Région une aide financière. Gageons qu’il en sera de même quand l’heure viendra de créer une seule marque mettant en avant les Hauts-de-France. En attendant, les deux structures vont devoir changer de braquet. Depuis l’an dernier, elles se sont réunies une seule fois. Devant ce qu’il faut bien appeler une certaine inertie, la Région a donc demandé à ce que les deux marques se réunissent désormais une fois par mois pour faire avancer le Schmilblick, mais sans Pierre Dac.

Faire exister les Hauts-de-France
Des craintes qu’entend parfaitement la vice-présidente de la Région en charge de l’agriculture, mais qui doivent être dépassées, car «la consommation de produits locaux est une tendance très forte, même si l’on ne peut pas vraiment la chiffrer précisément. Aussi la Région souhaite intensifier cela à l’échelle des Hauts-de-France», commente-t-elle. Alors, même «s’il est nécessaire de prendre du temps et de ne brusquer personne, il ne faut pas non plus laisser le temps filer et regarder passer le train», tacle-t-elle. Et de siffler de la sorte la fin de la récréation au plus tard lors du prochain Salon de l’agriculture à Paris. Deux cibles sont à viser selon elle : les consommateurs locaux et l’export. Dans cette dernière perspective, la Région organise d’ailleurs le 21 octobre prochain une journée consacrée au thème de l’export. «On n’est pas bon sur ce sujet. Il faut être pragmatique et mettre en relation les commerciaux de Business France à l’étranger. Ils n’attendent d’ailleurs que cela», précise-t-elle.
Au final, que retenir ? Deux marques disparaissant au profit d’une marque Hauts-de-France ? Ou bien un mix des deux marques (Terroirs en’Or, Saveurs de terroirs, etc. ?) avec un logo chapeau Hauts-de-France. «La disparition des deux marques n’est pas un but absolu, tempère Marie-Sophie Lesne. Ce qu’il faut, c’est faire coexister rapidement le nom des marques Terroirs de Picardie et Saveurs en’Or avec le logo Hauts-de-France.» La nouvelle région a besoin d’enraciner sa nouvelle identité. Les deux marques n’auront donc d’autre choix que de mettre en avant les Hauts-de-France. Y a plus qu’à…

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Des produits locaux pour les cantines des lycées et la restauration collective


Jeudi 13 octobre, Marie-Sophie Lesne, vice-présidente en charge de l’agriculture, et Manöelle Martin, vice-présidente en charge des lycées, présentaient une délibération ambitieuse à l’assemblée plénière de la Région.

Les deux élues ont décidé de taper fort. Objectif : développer à hauteur de 70 % l’approvisionnement local dans les restaurants des lycées publics et dans la restauration collective des Hauts-de-France, avec 10 % de produits bio, à l’horizon 2021. L’objectif est clairement affiché. Y arriveront-elles ? Pour y parvenir, elles comptent agir sur deux leviers : les chefs d’établissement des lycées et les producteurs. 
Pour les premiers, le coût des denrées passerait de 1,90 € à 2,30 €. Les chefs d’établissement pourraient bien grincer des dents sans coup de pouce. «Nous aurions bien envie de donner un coup de pouce, mais cela dépendra du budget que nous aurons. Pour le début, nous comptons sur des établissements militants», indique Marie-Sophie Les­ne. Traduction : la Région sera sur des démarches incitatives. 
Du côté des producteurs, la Région compte sur la communication et les sollicitations de ses partenaires, au premier rang desquels les Chambres d’agriculture. «Actuellement, précise-t-elle, trop de producteurs fonctionnent en direct avec les établissements scolaires. Mais pour arriver à un développement de l’approvisionnement local à hauteur de 70 %, il ne peut pas y avoir que cette démarche. La profession doit être au rendez-vous. Par ailleurs, il faut passer par des grossistes qui ne capteront pas toute la valeur ajoutée des producteurs. Qu’on le veuille ou pas, ils seront indispensables dans la chaîne.» A l’heure où nous bouclons, l’assemblée plénière ne s’était pas encore réunie.

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