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Un complément de chasse

Neuf établissements pratiquent la chasse professionnelle dans la Somme. Qui sont-ils et que font-ils ?

Asselin de Louvencourt : «L’existence des chasses professionnelles ne peut être anarchique.»
Asselin de Louvencourt : «L’existence des chasses professionnelles ne peut être anarchique.»
© AAP

«La chasse se pratique le plus souvent entre amis. C’est avant tout une pratique conviviale, ce que les gens ont tendance à oublier. Elle a une véritable fonction sociale», précise Asselin de Louvencourt, président de l’Association départementale des chasses profes­sion­nelles de la Somme (Adcps). Mais celle-ci ayant un coût conséquent en termes d’entretien du territoire et du repeuplement des espèces, certains, à l’instar d’Asselin de Louvencourt, se sont lancés, il y a quelques années, dans la chasse professionnelle.
On en trouve en Baie de Somme, où se pratique essentiellement la chasse aux faisans et aux sangliers. C’est une même chasse que l’on peut faire autour de Doullens. En revanche, du côté de Conty et dans le Santerre, on y chasse plutôt des perdrix, des faisans et des canards.
S’il n’y pas de réglementation administrative définissant les superficies de ces terres de chasse professionnelle, l’Adcps en a instauré suivant les espaces : 50 ha minimum pour les marais et les bois, et 150 ha pour les plaines. «En réalité, tous les membres de l’association proposent des surfaces bien supérieures», relève son président.

Un développement contrôlé des chasses
La chasse professionnelle est encadrée par les lois de février 2005 et mars 2012 relatives au développement des territoires ruraux. Ces lois ont été complétées et précisées par un décret ministériel de décembre 2013. «L’existence des chasses professionnelles ne peut être anarchique, précise le président de l’Adcps. Il ne serait pas normal qu’un détenteur de territoire s’érige en organisateur de chasses rémunérées sur une ou plusieurs journées sans cadre précis, ni qu’il choisisse un jour d’effectuer son activité sur un territoire, puis le lendemain sur un autre.»
Par ailleurs, pour pouvoir mettre à disposition ses terres, il faut être inscrit au registre du commerce ou avoir une société, et obtenir l’aval de la Ddtm. Cet aval est délivré avec un numéro d’immatriculation, une fois validé le dossier fourni par le demandeur, qui comprend une carte et des relevés cadastraux délimitant le territoire concerné, ainsi que la preuve du droit de chasse sur ce territoire, le type de chasse pratiqué, les espèces, etc. Si les limites du territoire évoluent dans le temps, un nouveau dossier doit alors être déposé et agréé.
Autre spécificité réglementaire : des dates de chasse plus tardives sont appliquées sur ces territoires (par exemple, fermeture plus tardive, fin novembre, pour la perdrix grise, et fin janvier pour le faisan commun). La raison en est simple : il y a plus de gibier sur ces territoires. Et pour cause : plus les territoires sont entretenus, plus ils sont giboyeux.

Une utilité environnementale
Toute chasse commerciale impli­que, en effet, l’entretien du territoire mis à disposition. Ainsi, dans les marais, tout organisateur de chasses rémunérées se doit d’entretenir notamment les niveaux d’eau et d’assurer la régulation des prédateurs. Il en est de même pour les prédateurs dans les plaines et les bois.
Dans les plaines, comme il y a très peu d’obstacles naturels, compte tenu des grands parcellaires constitués à la suite des remembrements, l’organisateur de ces chasses se doit de les créer par des plantations de haies, de maintien de bosquets et de buissons, de bandes de maïs ou autre afin que le gibier y trouve refuge et nourriture.
Dans les bois, un entretien doit être aussi réalisé régulièrement, comme doivent être assurées la préservation de bandes herbeuses aux abords des bois, ainsi que la pose de clôture à gibier.
«Un tel soin du territoire n’est d’ailleurs pas opposé à l’agriculture productive, bien au contraire, souligne Asselin de Louvencourt. La Chambre d’agriculture a, par exemple, démontré que les haies coupant la plaine sont favorables aux grandes cultures.»

Un complément pour les chasseurs
Plus que sur les autres territoires de chasse, les chasseurs trouvent encore du petit gibier à foison. Et pour cause. Tous les organisateurs de chasses rémunérées organisent des campagnes annuelles de repeuplement sur leur territoire, avec des lâchers de gibiers l’été pour étoffer les effectifs. «On recrée des compagnies de faisans et de perdreaux chaque année», dit le président de l’association. Ce qui permet aux chasseurs de compléter leur saison de chasse, surtout sur le petit gibier en plaine, et d’éviter ainsi qu’ils ne raccrochent leur fusil.
La chasse professionnelle permet également à tous les amateurs de ce sport d’exercer toutes les formes de chasse, seuls ou en groupe. «Au bois, on chasse généralement en battue. En plaine, c’est surtout la chasse devant soi qui se pratique. En marais, on entoure l’étang et on fait des passées», détaille-t-il. Suivant les lieux, on chasse le petit ou le gros gibier.
De ce fait, tous les tarifs sont disponibles, soit entre 60 et 100 eu­ros pour une journée de chasse devant soi, entre 700 et 1 000 eu­ros pour une chasse en battue. Celle au gros gibier en forêt peut aller jusqu’à 4 000 euros, «mais ce n’est pas une chasse professionnelle», précise aussitôt celui-ci. Autrement dit, tout le monde peut y trouver son compte. Ce qui semble être le cas, car la demande est là.
«Les chasseurs qui ne disposent pas de territoire, ou d’attache rurale, sont heureux de pouvoir pratiquer leur sport favori, ou compléter les invitations d’amis, sur un territoire qui va les accueillir dans un cadre convivial», ajoute Asselin de Louvencourt.
Convivialité, utilité environnementale, sociale et économique : la chasse professionnelle réunit tous les atouts pour avoir de beaux jours devant elle.

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