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«Un des dossiers prioritaires est celui des prairies permanentes»

Conseiller au cabinet du ministre de l’Agriculture depuis 2012, Luc Maurer a pris ses fonctions de directeur de la Draaf des Hauts-de-France, le 2 janvier dernier.

Luc Maurer, au sujet des prairies permanentes : «Nous ne parviendrons  pas à enlever la contrainte. Il va falloir y faire face, mais on peut arriver à ce que cela ne représente pas un impact fort sur les agriculteurs, sauf pour quelques-uns.»
Luc Maurer, au sujet des prairies permanentes : «Nous ne parviendrons pas à enlever la contrainte. Il va falloir y faire face, mais on peut arriver à ce que cela ne représente pas un impact fort sur les agriculteurs, sauf pour quelques-uns.»
© AAP


Quelle était la perception que vous aviez des Hauts-de-France depuis le ministère, à Paris ?

Il y a six mois de cela, je percevais les Hauts-de-France comme une région très marquée par les grandes cultures avec une dimension industrielle, assez avancée sur le plan de l’innovation en termes de chimie végétale, pour ne citer qu’un exemple, et avec pas forcément beaucoup d’élevage. Je me suis rendu compte, après coup, de la forte présence dans cette région de la polyculture - élevage. Je percevais aussi une région avec des enjeux fonciers forts et contrastés, ainsi que des enjeux frontaliers.
En étant nommé directeur de la Draaf, et en prenant véritablement connaissance de cette région il y a quelques jours, ma vision de l’agriculture de cette région est plus nuancée, d’autant que cette région présente une agriculture différente d’un département à l’autre. C’est, par ailleurs, une terre où la culture et la sociologie des hommes sont contrastées. L’enjeu est donc de construire une identité commune, qui existe pour partie, mais qui doit être mise en avant.

Quels sont les dossiers dont vous avez désormais la charge ?
La Draaf a en charge les dossiers traitant de l’économie agricole, de la statistique agricole, de l’enseignement agricole, des questions sanitaires, et toute la partie de FranceAgriMer. Tous ces métiers sont à mettre au service de la compétitivité de l’agriculture des Hauts-de-France. On ne fait pas cependant cela tout seul. Parmi les acteurs importants des Hauts-de-France avec lesquels je souhaite travailler, il y a notamment le Conseil régional, la Dreal, les organisations professionnelles agricoles, etc. On a tous intérêt à se placer dans ce nouveau périmètre régional pour bien travailler ensemble.

Et les dossiers prioritaires ?
Nous avons la chance de ne pas avoir de dossiers à régler dans les deux semaines qui suivent. Une fois cela dit, un des dossiers prioritaires est incontestablement les prairies permanentes. Il y a des contraintes, mais je pense qu’il y a des solutions pragmatiques à trouver à partir, certes, d’un dispositif complexe. Si nous engageons une démarche pragmatique, nous pourrons en sortir pour retrouver de la souplesse en 2018. Je ne suis pas dogmatique. Autrement dit, dans certains cas retourner des prairies a du sens, dans d’autres non.
Un autre sujet d’importance est le nouveau plan Ecophyto à l’échelle régionale. Je pense qu’il y a moyen de trouver des points d’équilibre avec les agriculteurs. Il faut avoir à la fois de l’ambition et mettre en place des choses progressives à partir desquelles chacun peut avancer.
Un autre dossier à porter est celui des zones vulnérables, avec la mise en place du programme régional nitrates. Je pense qu’à travers l’arrêté régional, en cours d’élaboration, nous aurons les moyens de donner du pragmatisme à ces règles.
Moins d’actualités «chaudes», mais qui le seront également sont les sujets fonciers. J’en vois trois pour le moment. Dans le dossier Metaleurop, bien que l’agriculture soit un élément parmi d’autres, elle a cependant sa pierre à apporter dans la reconquête des terres, il faut le dire, polluées. Par ailleurs, deux sujets structurants attendent la région. Le premier est le canal Seine-Nord Europe, qui apportera un développement économique à la région, le second est l’aménagement des zones d’activités à venir au sein du périmètre du port de Dunkerque. Dans ces deux dossiers, des terres agricoles seront inévitablement con­som­mées. Une concertation est à faire. Il faut avoir une approche pragmatique et très concrète de la loi d’Avenir sur les compensations agricoles. Je souhaite que la Draaf puisse y contribuer.

Revenons sur les prairies permanentes. Comment sortir du bras de fer qui oppose actuellement les agriculteurs et l’Etat ?
Il y a un fait indéniable. Entre 2012 et 2016, la région a bel et bien perdu des prairies permanentes en quantité significative. Force est de constater que, dans la pratique, le calcul du ratio présente des aberrations, notamment du fait de la prise en compte des surfaces bio. L’administration a donc revu le calcul du ratio pour tenir compte de cet effet quand il était significatif.
Des discussions sont en cours avec l’Europe pour l’élaboration d’un nouveau calcul. Je pense que, une fois les discussions achevées, on sera plutôt autour de 5,9 % de dépassement au lieu de 6,62 % actuellement. Ce qui signifie que l’on restera quand même au-dessus de 5 %. Il y aura donc une obligation de reconversion de terres pour une partie en prairies permanentes. Convertir une terre en prairie ne nécessite pas cependant forcément de resemer une prairie. Cela devrait arriver dans de nombreux cas, soit pour la plupart des 4 700 agriculteurs concernés. Pour l’heure, la moyenne à reconvertir est arrêtée à 1,6 ha. Une fois les règles de nouveaux calculs définies, cette mo­yenne devrait baisser. Seulement une centaine sur les 4 700 auront plus de 10 ha à reconvertir.
Soyons clairs. Nous ne parviendrons pas à enlever la contrainte. Il va falloir y faire face, mais on peut arriver à ce que cela ne représente pas un impact fort sur les agriculteurs, sauf pour quelques-uns. Enfin, un effort régional peut être fourni par des agriculteurs qui ne sont pas concernés, s’ils contribuent à revaloriser des prairies afin que l’on retombe sous la barre des 5 % d’ici fin 2017.

Est-ce que le fait que la Draaf ait son siège à Amiens change la donne pour les agriculteurs du Nord-Pas-de-Calais ?
Ce n’est pas parce que l’on a un siège à un endroit que l’on se désintéresse de l’ensemble du territoire. Il y a des agents répartis pour moitié entre Lille et Amiens, tous au service de l’agriculture des Hauts-de-France.

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