Une première moisson comme elle vient
Qu’est-ce qui se passe dans la tête d’un jeune agriculteur au moment d’aborder la récolte du travail de plusieurs mois ? La réponse de Guillaume Coudeville, installé depuis novembre 2020 à Neufmoulin.
Qu’est-ce qui se passe dans la tête d’un jeune agriculteur au moment d’aborder la récolte du travail de plusieurs mois ? La réponse de Guillaume Coudeville, installé depuis novembre 2020 à Neufmoulin.
On l’attendait impatient, voire nerveux, mais c’est plutôt avec une maturité comparable à celle de ses blés que Guillaume Coudeville engageait vendredi 13 août sa deuxième journée de moisson. Être aux commandes d’une moissonneuse-batteuse ou d’un tracteur n’est pas à proprement parler une nouveauté pour ce fils d’agriculteur, mais à la différence des précédentes moissons, c’est en tant qu’agriculteur nouvellement installé qu’il l’a engagée. A 22 ans, Guillaume est à la tête d’une exploitation de 75 hectares, sur la commune de Neufmoulin, entre Abbeville et Saint-Riquier. Après avoir été salarié de cette ferme de polyculture-élevage pendant un an, l’occasion de la reprendre s’est présentée. Son parcours est relativement classique : un Bac pro CCGEA au lycée agricole du Paraclet suivi d’un CS machinisme au lycée de Savy-Berlette. Se retrouver à élever des vaches laitières ne lui était donc «pas forcément destiné», s’amuse-t-il. «Sur une ferme comme celle-là, avec des pâtures situées dans une zone de marais, il n’y a pas forcément grand-chose à faire à part cela», estime-t-il. La chance qu’il a eue, c’est aussi d’avoir repris «un bâtiment fonctionnel et des installations aux normes». C’est donc naturellement qu’il s’est pris au jeu et continue l’atelier lait. Installé seul, il pratique l’entraide avec son père installé sur la commune de Brucamps, à une quinzaine de kilomètres.
Déçu par le rendement
En termes d’assolement, là encore, du classique : une vingtaine d’hectares de blé, autant de maïs, 5 hectares de pommes de terre, 5 autres de betteraves et le reste en prairies. Guillaume a récolté ses premiers épis le 12 août. Pressé ? «Pas plus que cela, assure-t-il. On attendait que ce soit bon. Je n’avais pas envie de battre des parcelles humides juste pour y aller…» Le jeune agriculteur a débuté par «des petites parcelles», avec un rendement compris entre 70 et 85 quintaux, en fonction des types de sols. Déçu ? «Un peu oui… L’an dernier, on a fait 100 quintaux de moyenne. Cette année, ce ne sera pas extraordinaire». Mais reste la satisfaction quand même d’avoir quelque chose à récolter : «C’est un soulagement de voir le résultat de ce qu’on a semé quelques mois plus tôt. C’est une façon de voir aussi si on a bien fait les choses».
Des journées bien remplies
Pour sa première journée, le jeune homme est monté au volant de sa moissonneuse-batteuse à 13h30 pour n’en sortir qu’au milieu de la nuit. Entre-temps, une panne est venue ralentir la progression du chantier. La machine est une New Holland TX66, équipée d’une barre de coupe de 6 mètres. Son âge ? Guillaume ne le sait pas vraiment, «mais ce qui est sûr, c’est qu’elle est plus vieille que moi (…) Au final, nous n’avons pu battre que 16 hectares contre la vingtaine qu’on voulait faire…», raconte-t-il. Le lendemain après-midi, il a fallu y retourner pour quelques heures, entre deux averses et après avoir réalisé un check-up de la machine : plein de carburant, soufflage, graissage. Une fois récolté, le blé est en partie livré au silo d’une coopérative le jour même, tandis qu’une partie de la récolte sera stockée à la ferme pour une livraison en novembre.
Une fois la moisson terminée, Guillaume sait déjà que les journées d’été resteront bien remplies : ramassage de paille, épandage de fumier, semis des colzas… «Ensuite, explique-t-il, on va rapidement arriver dans le semis des Cipan, la récolte des pommes de terre, aux ensilages de maïs». Sans oublier l’engagement quotidien auprès du troupeau laitier. Un travail, qui en l’occurrence, occupe le jeune agriculteur toute l’année, 7 jours sur 7. «Oui, c’est vrai, au final, on n’arrête jamais, mais ce n’est pas un problème. C’est le métier qui veut cela, mais si on s’organise bien, on peut s’en sortir», conclut Guillaume qui trouve encore le temps d’exercer des responsabilités au sein du réseau cantonal des Jeunes agriculteurs.