«Une profession sans syndicat est une profession inconnue»
La formation et l’engagement syndical étaient au cœur de l’assemblée générale des EDT Nord-Pas-de-Calais-Picardie.
Les Entrepreneurs des territoires (EDT) Nord-Pas-de-Calais-Picardie ont tenu leur assemblée générale vendredi 26 février, à Savy-Berlette. Les EDT, ce sont 1 232 entreprises, 804 employeurs de main-d’œuvre, et 7 293 emplois en ETA.
Après une matinée de visite du lycée agricole privé de la ville, la formation et l’emploi étaient encore au cœur des échanges l’après-midi. «C’est un fil conducteur dans nos actions, a souligné le président du syndicat, Jean-Marie Lemaire. Beaucoup d’emplois sont créés par les entreprises de travaux agricoles.» Le syndicat essaie d’ailleurs de mettre régulièrement en relation chercheurs d’emploi et entreprises. Et Jean-Marie Lemaire de rappeler la mise en place d’aides à l’embauche par le gouvernement et la Région.
En 2015, les EDT Nord-Pas-de-Calais-Picardie ont, en outre, obtenu la reconnaissance «organisme de formation» et mis en place une première formation, «organiser son espace de travail et optimiser la gestion des tâches administratives». L’organisme souhaite proposer d’autres formations en 2016, prises en charge par le Fafsea ou Vivea. «C’est un volet que nous souhaitons développer cette année», a souligné la nouvelle animatrice Marine Voyez. Des élèves du lycée de Savy-Berlette, en formation de technicien gestionnaire de chantier en ETA, sont venus témoigner devant l’assemblée. De 18 à 25 ans, ils ont vocation à travailler dans les entreprises de travaux agricoles, possédant plusieurs casquettes comme la gestion de chantier et la maintenance du matériel, ou encore la gestion financière et humaine de l’entreprise.
À la rencontre des ETF
En 2015, les EDT Nord-Pas-de-Calais-Picardie ont également tenté de se rapprocher davantage des entrepreneurs de travaux forestiers. «Nous avons beaucoup de mal à rencontrer les ETF. Nous n’avons pas de répertoire sur les forestiers», a souligné Marine Voyez, encourageant les adhérents EDT à faire connaître les forestiers qu’ils peuvent rencontrer. «Réunissons nos forces, on obtiendra plus de subventions si nous travaillons tous ensemble», a-t-elle ajouté.
Crise agricole
Jean-Marie Lemaire s’est ensuite exprimé sur la crise agricole et son impact sur les ETA, appelant les entreprises à être compréhensives et patientes envers leurs clients et les agriculteurs. Une enquête de trésorerie a été réalisée en 2015 auprès de plusieurs ETA. Sur les trente-huit qui ont répondu, huit sont en difficulté, notamment avec des retards de paiement de cotisation MSA. Un accompagnement de ces entreprises a été mis en place. Un courrier a, en outre, été adressé aux MSA Nord-Pas-de-Calais et Picardie pour une demande d’ouverture d’une enveloppe FSCA (Fonds de solidarité des crises agricoles) et ASS (Action sanitaire et sociale) pour les entreprises, pour la période 2015-2017.
Au delà de cette urgence à laquelle les entreprises doivent faire face, les EDT Nord-Pas-de-Calais-Picardie continuent à promouvoir leur métier : «Même si cela va beaucoup mieux, notre métier est mal connu», estime Jean-Marie Lemaire qui, citant son prédécesseur - «une profession qui n’a pas de syndicat est une profession inconnue», souligne l’importance de l’engagement syndical, thème de la table ronde qui a conclu l’assemblée générale (cf. encadré).
«La défense de la profession passe par la mobilisation de tous»
«Le syndicalisme est un travail de longue haleine qui n’est pas rémunéré», mais qui est essentiel. C’est ainsi que Samuel Leroye a introduit la table ronde organisée à l’occasion de l’assemblée générale des EDT Nord-Pas-de-Calais-Picardie sur le thème de l’engagement syndical. Jean-Bernard Bayard, président de la Chambre d’agriculture Nord-Pas-de-Calais, n’y est pas allé par quatre chemins : «L’organisation syndicale devrait être davantage dans la proposition et moins dans la réaction.
Elle doit préparer l’avenir tout en défendant les causes d’aujourd’hui.» Pour Eliane Quenu, membre du bureau EDT Nord-Pas-de-Calais–Picardie, engagement syndical rime avec défense de la place de la femme dans les entreprises : «Aujourd’hui, même s’il reste encore des choses à faire, la place des femmes est reconnue dans les fédérations des entrepreneurs des territoires.»
«La dynamique de défense d’une profession ne se fait pas que par le haut, le travail se fait grâce à la mobilisation de tous», a encouragé Philippe Largeau, secrétaire général de la Fédération nationale des EDT. Jean-Bernard Bayard regrette de voir que, même si les jeunes sont aujourd’hui bien formés, la solidarité s’efface. «Il faut qu’on arrête de jouer chacun pour soi. On doit se regrouper et échanger pour avancer», insiste-t-il.
Et Philippe Largeau de renchérir : «Il faut que les jeunes arrêtent de penser qu’un engagement est une perte de temps.
C’est bénéfique personnellement, cela permet d’apprendre plein de choses, de rencontrer des gens... Aujourd’hui, tout le monde croit tout trouver sur Internet, mais il y a une chose qu’on ne trouve pas : le lien humain.»
Jean-Bernard Bayard conclut : «La situation du monde agricole aujourd’hui est compliquée, mais il y a un potentiel phénoménal ! Notre première mission sera toujours l’alimentaire, mais n’oublions pas le volet non-alimentaire, la production d’énergie, de bio-matériaux, etc. Il faudra aborder les enjeux de demain de manière structurée.»