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Une valeur ajoutée vitale à l’avenir de la filière

Les Etats généraux de l’alimentation déclinés en Hauts-de-France sur la filière lait rappellent l’importance de la valeur ajoutée pour permettre une rémunération suffisante aux éleveurs.

Le Maroilles fait partie de ces fromages qui ont obtenu le signe officiel d’origine.
Le Maroilles fait partie de ces fromages qui ont obtenu le signe officiel d’origine.
© © F. Mechekour


A lui seul, le préfet de la région Hauts-de-France, Michel Lalande, résume le défi des années à venir pour la filière laitière : «Si l’on veut que des jeunes s’installent encore en production laitière, il ne faut pas vouloir en faire des sacrifiés.» Ces propos, ce sont ceux qu’il a tenus en conclusion de la deuxième journée consacrée aux Etats généraux de l’alimentation en région Hauts-de-France, après celle dédiée aux filières végétales.
Au cours de deux tables rondes, des professionnels de la filière laitière des Hauts-de-France se sont interrogés sur les outils et les pistes à développer permettant de générer de la valeur ajoutée dans la filière. Le prix du lait a beau connaître actuellement une embellie, peu osent s’engager à affirmer qu’elle sera suffisante pour permettre à un certain nombre d’éleveurs de sortir la tête de l’eau. Pour Pierre Hannebique (FDSEA 62), pas de doute : «La base de la réflexion sur l’avenir de la filière laitière doit être le revenu du producteur.» En résumé, la réponse à la crise laitière passe donc par davantage de valeur ajoutée au sein d’un grand nombre d’exploitations agricoles sans lesquelles la production aura du mal à être assurée.

Des solutions techniques…
Sur un plan technique, on avance quelques pistes pour permettre d’améliorer la compétitivité des élevages. Un exemple ? En proposant à ses adhérents d’expérimenter le pâturage tournant dynamique, Elvea Nord-Pas-de-Calais assure un gain de productivité de l’atelier laitier par une diminution du coût alimentaire. En améliorant la production d’herbe sur l’exploitation, on diminue la charge alimentaire et l’on constate une amélioration de la production laitière pendant la période estivale. Pas question, en revanche, de tout miser sur la robotisation, au contraire.
En défenseur du savoir-faire humain, Didier Halleux représentant le syndicat des producteurs de lait de l’Aisne, imagine un avenir qui fait la part belle à une main-d’œuvre de plus en plus «qualifiée et pointue». Seulement, pour cela, «le prix du lait doit être rémunérateur». A la Ferme du Pont des Loups, les quatre associés de l’exploitation spécialisée dans la transformation - le Maroilles fermier y est un produit-phare - ont, quant à eux, misé sur la qualité : «Tous les fromages qui sortent de notre fromagerie sont analysés, rapporte Alexandre Gravez. C’est un coût important et une pression supplémentaire, mais cela en vaut la peine pour se démarquer.»
Se démarquer, c’est également le parti pris proposé par l’entreprise Savencia, qui vante les bénéfices de l’obtention d’un signe officiel de qualité ou d’origine, comme en bénéficie le Maroilles. La conversion de l’atelier laitier du conventionnel vers le bio peut également permettre une plus-value non négligeable, à condition de s’astreindre à la technicité que la production biologique demande. A en croire le vice-président de la coopérative Ucanel, Emmanuel Hecq, la demande en lait bio reste aujourd’hui «forte». Néanmoins, prévient l’éleveur, «il ne faut pas croire que le niveau de production reste le même en bio qu’en conventionnel. C’est une production qui dépend fortement aussi de la météo». Ucanel, dont la collecte en lait bio repose sur un groupe de soixante-dix fermes, continue de chercher de nouveaux producteurs pour satisfaire un marché dont la progression «est à deux chiffres», rapporte Emmanuel Hecq. La limite du bio serait de vouloir en faire trop, sans tenir compte de l’évolution du marché : «Attention à ne pas banaliser le bio et à en vouloir en faire la norme, prévient le représentant d’Ucanel. Le lait conventionnel reste un bon produit et le premier lait consommé.»

… et politiques
Sur un plan plus politique, les intervenants aux deux tables rondes n’auront pas manqué de faire part de leurs griefs et de leurs attentes. A commencer par Didier Halleux : «Si le président Macron a la volonté de sauver l’agriculture française, il va falloir qu’il nous donne les moyens de travailler.» L’inquiétude du syndicaliste sera partagée quelques instants plus tard par le président de la commission élevage de la Chambre d’agriculture des Hauts-de-France, Daniel Roguet.
Pour ce dernier, plusieurs chantiers sont essentiels : renforcement des interprofessions, création d’indicateurs de prix, accompagnement au changement de la part de l’Etat et de ses administrations ou encore interdiction de la vente à perte en agriculture et encadrement des promotions.

Une distribution critiquée, mais incontournable
Bien que souvent critiqué, le secteur de la distribution ne doit pas être considéré comme un ennemi, mais comme «un partenaire» a tenté de défendre le directeur de Lact’Union : «Nous en avons besoin.» Représentant l’une des enseignes de ce secteur, Bruno Trefouel parle des initiatives mises en place par Leclerc, les Alliances locales : «Depuis deux ans, nous rencontrons les producteurs, les éleveurs, pour regarder avec eux le prix dont ils ont besoin pour vivre de leurs productions. Nous cherchons ensuite un industriel capable de produire à un prix qui permette à chacun de s’y retrouver.»
Représentant la coopérative Sodiaal, Luc Verhaeghe alerte l’assemblée sur l’apparition d’un certain nombre de démarches «qui n’apportent pas forcément grand chose à la filière.» Et n’hésite pas à tacler le secteur de la GMS en l’accusant d’être en partie responsable d’un trop faible niveau de rémunération des producteurs de matières premières : «La guerre des prix que se mènent les groupes de distribution est destructrice de valeur. Il est grand temps que tout le monde se mette autour de la table pour mettre fin à cela.»

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