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Blés : près de la moitié des surfaces récoltées avec de bons rendements

Malgré la météo défavorable pour les blés, les responsables des organismes de collecte se refusent à envisager le pire sur la qualité.

Les rendements annoncés se situent le plus souvent dans 
la fourchette 90 à 95 quintaux voire plus.
Les rendements annoncés se situent le plus souvent dans
la fourchette 90 à 95 quintaux voire plus.
© jc gutner

La seconde partie de la semaine dernière a été profitable à la moisson des blés et des colzas dans l’ensemble du département. Si les colzas sont quasi terminés à 3 ou 4 % près, dans le meilleur des cas en blés, les moissonneuses ayant interrompu leur ronde depuis dimanche en fin de journée, on n’en est qu’à la moitié des surfaces de blés récoltées. C’est le cas pour Cerena, Sana Terra, CapSeine, pour les secteurs Est et Sud de Noriap et dans les zones les plus précoces, le plus souvent les terres les plus légères où la proportion des surfaces récoltées peut même dépasser les trois quarts comme dans l’Amiénois et secteur Ouest de Noriap.
Les zones les moins avancées concernent le Doullennais dans le secteur Nord de Noriap, les terres plus profondes du secteur Ouest de Noriap où le pourcentage de surfaces moissonnées varie de quelques pour cents à un maximum de 20 %. Pour la zone côtière de Calipso, il faut distinguer entre le Vimeu qui n’en est qu’à 15 à 20 % et le Ponthieu à 35-40 %. Ce qui est mûr est rentré.

Dilution de la protéine
Globalement, les rendements sont bons à très bons, même en petites terres puisqu’ils sont le plus souvent annoncés dans la fourchette 90 à 95 quintaux voire plus alors que les poids spécifiques sont corrects sans plus c’est-à-dire entre 75 et 78 kilos par hectolitre mais avec des décrochages tout de même.
Première conséquence des hauts rendements, la dilution de la protéine qui se situe entre 0,7 et 0,9 point en-deça de la récolte 2013. Certains secteurs n’hésitent pas à qualifier de faible la teneur en protéines de leur collecte.

Hagberg : pas la catastrophe
Le temps de chute de Hagberg (Cf encadré) mesure l’activité enzymatique des grains et induit le classement du lot. Pour être classé meunier, l’indice doit être supérieur à 220. Entre 150 et 220, c’est un lot standard et en-deça de 150, il est classé en fourrager avec l’incidence directe sur la valorisation qui en découle.
Bon nombre des interlocuteurs en charge du suivi des réceptions dans leurs organismes assurent que ce n’est pas la catastrophe. «Nous avons constitué nos allotements en variétés pures meunières et nous tiendrons nos engagements», assure Antoine Dennetière, responsable de région CapSeine. «Le seuil critique n’est pas franchi», confirme Francis Becquet, chef de région Ouest pour Noriap. «Ne pas confondre blés germés et dégradation de l’Hagberg», rappelle Benoît Dewas, directeur de Sana Terra. «N’hypothéquons pas la suite de la moisson pour laquelle de bons espoirs demeurent», plaide Patrick Wibail, chef de région Nord pour Noriap. Certes, la situation de la récolte au regard de ce critère n’est pas idyllique. «Une partie de la collecte départementale n’atteindra pas le seuil suffisant», reconnaît David Favier, directeur de Calipso.

Classement des lots plus compliqué
Quant aux explications, chacun demeure dans l’expectative pour l’instant. Certaines variétés sont reconnues plus sensibles à ce phénomène que d’autres mais cela ne se vérifie pas dans la réalité. De même que certaines variétés connues pour être insensibles à ces variations ont décroché. Parmi les facteurs aggravants, outre la variété, il semblerait que la date de semis tienne un rôle important.
Une chose est sûre, le classement des lots à la réception est rendu très compliqué car il ne peut pas se faire sur l’analyse qui demande une bonne dizaine de minutes d’attente. Et pourtant, la classification est incontournable. Plus que jamais, l’expérience dans le travail du grain sera requise pour mettre à part les meilleurs lots. Il en sera donc pas possible de connaître la qualité précise de cette récolte avant qu’elle ne soit totalement analysée. Du coup, les organismes de collecte envisageront, très probablement, de verser une avance sur récolte, plus faible qu’un acompte, avant de pouvoir, espérons-le, verser très vite un complément de prix.

Colzas : le poids de mille grains pénalise le rendement
Malgré une bonne fertilité, une récolte de qualité et en bonnes conditions, la récolte 2014 des colzas laissent quelques regrets. «On la voyait meilleure que çà !», constate la plupart des observateurs. De l’Ouest du département où la moyenne est estimée à 38 quintaux vers l’Est où le rendement moyen devrait tourner autour de 42 quintaux, il n’y a pas de gros écarts et seulement, ici ou là, quelques pointes à 50 quintaux.

Légumes de conserve : programme réalisé en pois de conserve
Selon Eric Legras, président de l’OP L Vert, la récolte des pois de conserve devrait être terminée pour Bonduelle la semaine prochaine hormis quelques parcelles qui restent à la traîne. «Le programme prévu sera légèrement dépassé malgré les aléas climatiques qui ont impacté le rendement de  certaines parcelles», a expliqué Eric Legras
En revanche, en petites carottes, le programme ne sera pas tout à fait atteint à cause du rendement plutôt moyen.
En haricots verts, la récolte vient tout de juste de commencer.

Lin textile : un bon poids de paille à soigner avec attention
Il restait en ce milieu de semaine environ une dizaine de pourcent des lins à arracher car ils murissent difficilement du fait d’un maintien de l’humidité de la plante et du sol qui retarde sa maturité.
Pour ce qui est des incidences des pluies orageuses du 27 juin (Cf AAP du 4/07), Vincent Delaporte, directeur de la Calira, reconnaît que les parcelles versées ont été «faciles à arracher et que les linières ne se présentaient pas trop mal». Il y avait de quoi être inquiet au regard des masses d’eau qui se sont abattues brusquement et qui auraient pu causer de gros dégâts. «Aujourd’hui, les tout premiers arrachages sont déjà enroulés, ceux qui ont été effectués à partir du 14 juillet sont entrés dans la phase de retournage. Il ne reste plus que les derniers dix pourcents de nos surfaces à arracher dans les jours qui viennent», a expliqué Vincent Delaporte.

ZOOM
Tout savoir sur le Hagberg
L’indice de chute d’Hagberg ou temps de chute de Hagberg (Hg) est une mesure reconnue au plan international et qui sert à déterminer indirectement l’activité enzymatique des grains. Les alpha-amylases sont des enzymes qui dégradent l'amidon. Quand cette activité est excessive, elle rend le grain impropre à l’utilisation par les industries agro-alimentaires.
L’activité enzymatique résulte d’un processus physiologique lié à la germination du grain déclenché par divers phénomènes tels que la verse, la sensibilité variétale à certaines conditions climatiques.
Le calcul de cet indice est fait selon une méthode normalisée dont le principe repose sur la mesure de la viscosité d’un mélange de grains de blé broyés et d’eau, placé dans un bain-marie. La méthode consiste à mesurer en secondes, le temps de chute d'une tige dans cette pâte fluide et chaude obtenue en mélangeant la farine et l’eau.

220 secondes pour être meunier
L’activité enzymatique est d’autant plus intense et l’amidon dégradé en sucres que le processus de germination sur pied aura évolué. La pâte moins riche en amidon étant plus fluide, la tige descend plus rapidement. Pour être utilisable en boulangerie, l’indice de Hagberg doit être supérieur à 220 secondes. Entre 150 et 220, le lot est simplement standard. A moins de 150, le lot est déclassé en fourrager. Une contrainte importante d’un indice faible est qu’il est très difficile à corriger. En effet, une quantité de blé à indice 200 secondes mélangée à la même quantité à indice 100 secondes donnera un mélange à 122 secondes !

Des températures fraîches et un excès d’eau à la mi-juillet
Parmi les raisons avancées pour expliquer la baisse de cet indice de Hagberg cette année, la météo exceptionnelle du début de juillet vient en tête. La variation annuelle de l’activité de l’alpha-amylase est associée au taux d’assèchement du grain et à l’évapotranspiration potentielle cumulée lors de son remplissage et de sa maturation. L’effet des températures plutôt basses associé à des cumuls de pluie importants au cours de cette phase a été  déterminant.
Des grains de blé qui se développent dans une atmosphère plutôt froide voient leur dormance se lever plus facilement. Ce qui entraîne d’autant mieux le processus de leur germination dans une atmosphère humide bien avant que ce soit visible à l’œil nu.
L’humidité et la fraicheur lors de la seconde semaine du mois de juillet sont arrivées au pire moment pour les céréales à paille d’hiver non récoltées comme les blés. La première semaine de juillet a connu des températures chaudes élevées alors que pendant la deuxième semaine, les températures ont été fraîches le matin (parfois inférieures à 10°) et la pluviométrie excessive (parfois supérieure à 100 mm). Ces conditions climatiques exceptionnelles ont provoqué un processus de début de germination sur les variétés les plus sensibles et d’autant plus marqué dans les secteurs précoces. A cette sensibilité variétale, s’ajoutent d’autres facteurs aggravants tels que la date de semis ou la verse.
A noter toutefois, qu’il n’y a pas de corrélation exacte entre un faible ‘temps de chute de Hagberg’ et le taux de grains germés. L’indice de Hagberg mesure l’activité enzymatique et non la proportion de grains germés d’un échantillon.
PD
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