Diversification
Avec la trufficulture, biodiversité et revenu complémentaire
La saison de la truffe a commencé et devrait se poursuivre jusqu’en mars prochain. La culture de ce précieux et mystérieux tubercule, pourrait séduire les agriculteurs en quête de biodiversité et d’un revenu complémentaire.
La saison de la truffe a commencé et devrait se poursuivre jusqu’en mars prochain. La culture de ce précieux et mystérieux tubercule, pourrait séduire les agriculteurs en quête de biodiversité et d’un revenu complémentaire.
Après une année 2023 catastrophique en raison des conditions climatiques, qui a entrainé une chute de 60 % de la production, (soit 15 tonnes au lieu de 50 habituelles) Alain Ambialet, trufficulteur dans le Lot et président de la Fédération française de la trufficulture (FFT) a présenté les atouts de cette production et les bonnes perspectives pour 2024. Pour lui ce « champignon magnifique » offre de très belles opportunités pour des agriculteurs à la recherche d’une culture agroécologique et d’un revenu complémentaire, à condition de s’armer de patience.
La truffe est en effet un champignon aux multiples vertus en dehors de ses qualités gastronomiques. Elle pousse sur des sols calcaires, donc partout en France sauf en Bretagne, et surtout ne nécessite aucun engrais ni pesticides. Elle s’accorde parfaitement à l’agroforesterie puisqu’elle vit en symbiose avec les arbres via leurs racines, principalement des chênes pubescents ou verts. Elle favorise ainsi la biodiversité, et convient aux terres pauvres. La difficulté étant d’ajuster sa consommation en eau. Depuis 2019 l’Inrae a lancé un programme de recherche sur la truffe axé sur les interactions entre les arbres et les micro-organismes sous la direction de l’ingénieur Claude Murat. Il a depuis créé « Wetruf », un bureau d’études qui valorise les innovations de l’Inrae. Ces recherches ont déjà abouti à la mise au point et à la commercialisation d’une sonde qui permet de connaître le potentiel hydrique du sol afin de déclencher précisément l’irrigation de la truffière. En parallèle « Wetruf » offre des conseils à ceux qui veulent se lancer dans cette production car la demande est en forte progression.
Engouement
La France produit cinquante tonnes de truffes chaque année, la moitié de sa consommation. A comparer aux mille tonnes produites jusqu'au début du vingtième siècle dont 380 tonnes dans le seul département du Vaucluse. Mais avec la mécanisation et la modernisation de l’agriculture la production s’est effondrée. On compte aujourd’hui 5 000 producteurs professionnels et 20 000 amateurs passionnés pour qui c’est une marotte. La France doit aujourd’hui importer autant qu’elle produit, principalement d’Espagne et de Chine. L’Espagne connait cependant une baisse de production en raison des périodes de sécheresse et la truffe chinoise est de moindre qualité. Le moment est donc idéal pour les agriculteurs qui voudraient créer une truffière et avoir ainsi un revenu complémentaire. La truffe noire se négocie entre 800 et 1 200 euros le kilo au producteur.
Sophie Bediou, céréalière dans le Cher a ainsi planté 1 250 chênes truffiers sur 3,5 hectares il y a une trentaine d’années : « Il y a un engouement pour cette culture en région Centre Val de Loire, surtout chez des céréaliers ou des maraîchers qui se diversifient pour avoir un complément de revenu. » La France compte aujourd’hui 35 000 hectares de truffières, en croissance d’un millier d’hectares chaque année. On plante 300 arbres par hectare mais il faut attendre entre cinq et sept ans avant d’obtenir ses premières truffes. « Seuls les chiens peuvent truffer » explique Alain Ambialet, « la truffe, à maturité, dégage une odeur, et seul le chien peut la déceler, et vous l’indiquer. Le cochon va la manger et le sanglier la détruire. La truffe restera toujours un mystère. »