Tourisme
À la découverte des trésors salés de la Baie de Somme
Des dizaines de sorties natures étaient proposées dans le cadre du Festival de l’oiseau et de la nature, du 12 au 20 avril. Nous avons testé la découverte de la pêche à pied, avec Oswald Firmin, guide nature et chasseur en baie, passionné du milieu.
Des dizaines de sorties natures étaient proposées dans le cadre du Festival de l’oiseau et de la nature, du 12 au 20 avril. Nous avons testé la découverte de la pêche à pied, avec Oswald Firmin, guide nature et chasseur en baie, passionné du milieu.




Oswald Firmin a grandi les pieds dans le sable de la baie, les yeux dans le ciel, à guetter les oiseaux migrateurs. «Depuis petit, je suis toujours fourré en baie. Mon grand-père et mon père m’ont transmis la passion de la chasse à la hutte et m’ont appris à reconnaître tout ce qu’on y trouve.» Depuis quatre ans, c’est lui qui transmet son savoir à qui le souhaite, en tant que guide nature chez Rando Baie de Somme. Ce jeudi 18 avril matin, il donnait rendez-vous à une vingtaine de personnes à la Maye (au Crotoy), pour une découverte de la cueillette et de la pêche à pied.
«Chacun prend un seau et un pousseux (épuisette pour les crevettes grises)», annonce-t-il. Après quelques minutes de marche, une petite présentation s’impose devant les panneaux signalétiques. Chacun doit savoir dans quelle zone il se trouve. «La baie s’étend sur 7 260 hectares, dont 3 260 hectares de réserve. Dans cette zone, la pêche et la cueillette sont interdites. Ailleurs, c’est autorisé. Il faut simplement respecter la réglementation.» Le groupe est donc prié de sortir de la réserve, dont la limite se distingue par des bouées jaunes et des piquets en bois.
Oswald nous invite alors à cueillir de l’oreille-de-cochon, aster maritime de son vrai nom. Les pêcheurs à pied disent aussi qu’ils vont «à feuilles» de mars à juin environ, en attendant l’ouverture des passe-pierres (salicornes), une cueillette mieux rémunérée. «Attention à ne pas confondre avec le lilas de mer, qui lui ressemble, et qui est laxatif», prévient le guide. Il donne des indices pour les différencier : «la feuille de lilas de mer est fine et ondulée avec une pointe au bout. La feuille d'oreille-de-cochon est épaisse et droite.» Le tout se déguste en vinaigrette, comme des cornichons, ou cuit et à la crème, par exemple. Il nous indique ensuite la cueillette de l’obione, aussi appelée «chips de mer», qu’il faut cueillir feuille par feuille. «Un filet d’huile là-dessus, enfournez pour vingt minutes à 120 degrés, et l’apéro est servi», annonce-t-il.
Nous nous enfonçons ensuite un peu plus dans la baie, pour la pêche à la crevette grise. Oswald nous fait traverser de la vase, mouvante, avant d’accéder à des bâches d’eau. «La crevette, ça se pêche là où l’eau est trouble», explique-t-il. Il suffit de pousser nos pousseux quelques pas dans l’eau, à contre-courant, et les voilà remplis. «Un peu petites pour la saison, ces crevettes», constate-t-il. Crabes et petits poissons sont aussi remontés, puis relâchés, pour le plus grand plaisir des enfants.
De la palourde au kilo
Enfin, Oswald nous fait remarquer les nombreux trous dans le sable, autour desquels des traits en forme d’étoile se sont formés. «Ce sont les palourdes qui font cela. Pour la pêche au trou, il ne faut pas avoir peur de se salir, et creuser dans la vase.» La pêche est une réussite. Une fois nos seaux pleins de ces coquillages à la coquille ovale, l’heure est au calibrage. «Il est interdit de ramasser les palourdes de moins de 4 cm.» Oswald dispose d’un calibre pour coquillages, à disposition dans les offices de tourisme. «Il suffit de poser le coquillage sur le dessin, qui est fait à la taille minimum réglementaire.»
De retour à la maison, nous suivons les conseils culinaires du guide. C’est un régal. Adultes et enfants, désormais mieux informés sur les trésors de la baie, n’ont qu’une envie : y retourner.
La pêche aux hénons rouvrira-t-elle cette année ?
Chaque année, l’ouverture de la pêche aux coques emblématiques de la Baie de Somme, appelées hénons, est attendue des pêcheurs amateurs, et surtout des quelques trois cents pêcheurs détenteurs d’une licence, délivrée par les Affaires maritimes de Boulogne-sur-Mer. Mais voilà plus d’un an qu’ils restent le bec dans l’eau. En 2024, leur récolte avait été interdite sur le gisement nord de la Baie de Somme. L’espoir d’une réouverture en fin de saison avait été anéantie par un épisode de mortalité le 15 août, dont la cause n’a pas été clairement identifiée. Cette année encore, leur pêche est interdite. Elle pourrait rouvrir après la saison estivale, si les hénons – petits mais présents en nombre – grandissent correctement. Pêches aux palourdes, couteaux et tellines permettent de patienter.