Syndicalisme
Elections chambre, FDSEA et JA : «Nous proposons un projet de développement»
Les présidents des Jeunes agriculteurs et de la FDSEA de la Somme détaillent la feuille de route commune qu’ils vont défendre pendant et après la campagne pour les élections des représentants des agriculteurs et des salariés agricoles à la Chambre départementale d’agriculture.
Les présidents des Jeunes agriculteurs et de la FDSEA de la Somme détaillent la feuille de route commune qu’ils vont défendre pendant et après la campagne pour les élections des représentants des agriculteurs et des salariés agricoles à la Chambre départementale d’agriculture.
La semaine prochaine vont débuter les élections à la Chambre d’agriculture. Comment la FDSEA et les JA abordent ces échéances ?
Denis Bully : Sur la forme, unis et concentrés ! Déjà, nous avons travaillé ensemble avec Benjamin le projet syndical et les listes de candidatures si on intègre tous les collèges où nous présentons des candidats. Et concentrés sur nos objectifs : la Chambre d’agriculture, ce n’est pas un totem ou une prise de guerre, c’est un outil au service d’un projet et des agriculteurs. Donc la priorité, c’est d’avoir mis un projet en place pour la mandature, et d’identifier les élus qui en seront porteurs.
Benjamin Bizet : Côté JA, nous avons participé aux phases de construction et, plus particulièrement, sur le volet de l’installation et du renouvellement des générations avec une grande liberté et une grande ambition : le projet doit permettre le renouvellement des générations dans les fermes. Que ce soit les chefs d’exploitation ou les salariés, la pyramide des âges et les évolutions de nos métiers nous y obligent.
Du coup, si on parle projet, comment le caractérisez-vous ?
Denis Bully : La clé de voûte, c’est de construire un cadre de développement pour toutes les fermes et tous les projets des agriculteurs. Ce cadre doit soutenir le revenu, donner de la durabilité et de la résistance aux exploitations, motiver les jeunes à s’installer, insuffler l’esprit d’entreprise, et inciter les salariés à rejoindre nos exploitations.
Benjamin Bizet : Au niveau national, Jeunes agriculteurs et la FNSEA ont construit un projet pour l’agriculture française autour de six axes. Dans le département, nous avons décliné tout ce que nous avons construit depuis le printemps dernier dans le même cadre, avec six têtes de chapitre : pour des agriculteurs nombreux sur tout le territoire ; pour des agriculteurs qui vivent dignement de leur production ; pour des agriculteurs engagés et reconnus dans les transitions climatiques, écologiques et énergétiques ; pour des agriculteurs qui retrouvent le goût d’entreprendre dans les territoires ; pour des agriculteurs au cœur des politiques européennes ; pour des chambres d’agriculture, acteurs dynamiques du goût d’entreprendre.
Denis Bully : Au-delà des slogans, il y a un vrai programme complet et des actions concrètes. Et tout agriculteur électeur aura notre programme en main avant de voter, pas uniquement une profession de foi ou un tract. Nous abordons l’échéance avec du fond et nous le soumettons au suffrage de tous.
Quelle vision à moyen terme avez-vous de l’agriculture de la Somme et des Hauts-de-France ?
Denis Bully : Une agriculture qui a de l’avenir ! Notre département est au cœur de la seule grande zone où l’on peut se projeter. Nous nous retrouvons trois fois par an avec les collègues de la France entière. Oui, il y a des problèmes identiques partout sur le territoire national, mais même si nous avons chaque année des difficultés météorologiques, on doit au moins avoir conscience qu’on peut développer chez nous. Il y a des régions entières qui s’interrogent sur l’avenir même de leur activité, tant l’impact climatique est violent. Nous, nous pouvons encore tout envisager. Même s’il y a des difficultés, c’est une chance inouïe.
Benjamin Bizet : On peut tout envisager, mais c’est aussi pour cela qu’il faut baliser et sécuriser le développement, aider les jeunes à s’installer, attirer des salariés compétents et motivés, car tout ce développement ne sera possible qu’avec du revenu, de la performance économique au service des personnes qui travailleront dans les fermes. Dans l’autre sens, il faut aussi qu’on ait tous de nouveau l’envie d’entreprendre.
Sur le thème «pour des agriculteurs nombreux sur tous le territoire» par exemple, quelles sont vos propositions ?
Denis Bully : d’abord constituer un vivier. Nous avons un vrai défi avec nos sites d’enseignement agricole : la culture de la gagne doit se travailler dès le plus jeune âge. Nous avons partout sur le territoire des fermes qui sont des points de repère de technicité, de rentabilité, de durabilité, et de performance sociale. Nous voulons construire un réseau de fermes support au service de toutes les formations. Face aux défis de souveraineté alimentaire ou de changement climatique, toutes les études le prouvent, ce sont les systèmes cohérents et performants dans leur choix qui ont la meilleure empreinte carbone et la meilleure résistance pour s’adapter aux à-coups. Nous voulons replacer toutes les fermes et toutes les énergies dans cette logique.
Benjamin Bizet : on veut aussi cultiver de l’attractivité. Comment donner envie à ses enfants de reprendre la ferme ou à des jeunes de venir y travailler si on ne présente pas de perspectives. Nous sommes dans une phase plus positive, et il faut la saisir à fond. Si on hurle que le métier est foutu alors que c’est loin d’être le cas, on se tire une balle dans le pied.
Donc, tout va bien en agriculture ?
Denis Bully : Non, il y a des choses à améliorer. Et précisément, c’est le principe d’un programme : il faut qu’on ait un vrai environnement collectif de développement. Alors, il y a la pression administrative et normative qui en fait partie, et qu’il faut alléger. On sera tous d’accord là-dessus. Mais il y a aussi toutes les dimensions qui sont de notre responsabilité : améliorer la formation, la fiscalité agricole, renforcer les filières pour améliorer la valorisation des productions, mais aussi agir en local, dans les communes et avec les com de com pour l’aménagement du territoire. C’est un tout, et on ne peut pas se limiter aux problèmes administratifs.
Benjamin Bizet : on a plus des trois quarts de notre avenir dans nos mains ou à portée de nos mains. C’est à ça que doit servir la chambre d’agriculture, à conforter le cadre de développement dans les fermes et autour des fermes.
Comment allez-vous tenir campagne ?
Denis Bully : Sur le terrain, et avec un projet. Nous avons toutes nos réunions locales, et c’est le terrain, en tête à tête qu’on discute. C’est sûr qu’il y a des réseaux sociaux, mais ça ne fait pas tout, au contraire : il y a une telle désinformation et une telle violence que c’est affligeant parfois.
Benjamin Bizet : On aura aussi un temps ensemble, pour tous nos adhérents FDSEA et JA, sur Amiens au cours de la campagne… Nous gardons quelques surprises.