Agro-industrie
Un nouvel opérateur se lance dans l’élevage d’insectes
Dans un contexte délicat pour la filière française de l’insecte, la start-up Everfly lance sa première augmentation de capital pour se doter d’un pilote industriel, préfiguration d’un déploiement à plus grande échelle.
Dans un contexte délicat pour la filière française de l’insecte, la start-up Everfly lance sa première augmentation de capital pour se doter d’un pilote industriel, préfiguration d’un déploiement à plus grande échelle.

La start-up Everfly lance une levée de fonds de 1 million d’euros via la plateforme de mise en relation d’investisseurs Place Quatorze. La société, qui vient de terminer sa phase de R & D, veut financer son industrialisation. «Nous souhaitons lever 1 million d’euros en equity en 2025 pour financer notre pilote industriel et faire face aux premières commandes, soit plus de 700 000 € sécurisés», indique Issa Mourifie, président d’Everfly.
Ce premier site pilote aura une capacité annuelle de production de 1 500 tonnes de larves fraîches de mouches soldats noires et de 2 000 tonnes de frass (engrais organique). La société prévoit ensuite de se doter de plusieurs sites en Région Centre-Val de Loire : trois sites de bioconversion de coproduits agricoles, dont le premier sera situé à Contres (Loir-et-Cher), et d’un site de transformation des larves en protéine (farine) et huile. Ce développement futur à un rythme soutenu nécessitera une deuxième levée de fonds de 2,5 millions d’euros en 2026-2027 pour financer la première unité de bioconversion.
Moins de technologie pour produire
Everfly veut se différencier de la concurrence par des sites «low tech», sans bacs de grossissement, ayant recours à moins d’automatismes complexes et plus simples à maintenir. Selon ses prévisions, Everfly prévoit d’atteindre, pour l’exercice 2031, 12 millions d’euros de chiffre d’affaires et un Ebitda de 6 millions d’euros.
Cet appel de fonds d’Everfly intervient dans un contexte plutôt complexe pour la filière française de l’élevage et de la transformation d’insectes encore à ses débuts. Ces derniers mois, deux des plus importantes sociétés du secteur ont annoncé des difficultés sérieuses. Fin février, Ÿnsect a demandé son placement en redressement judiciaire devant le tribunal de commerce d’Évry (Essonne) après avoir été incapable de trouver un accord sur le financement d’un plan de sauvegarde. Depuis 2011, Ynsect avait levé pas moins de 600 millions de dollars.
Autre signe inquiétant : la holding EAP Group, maison mère d’Agronutris qui élève des mouches soldat noires comme Everfly, a annoncé le 23 janvier dernier que le tribunal de commerce de Sedan a donné suite à sa demande d’ouverture d’une procédure de sauvegarde ; 100 millions d’euros avaient été levés en 2021 pour construire un site de production dans les Ardennes.
Le secteur de l’insecte rencontre des difficultés à trouver son modèle économique. La protéine d’insectes, qui visait en premier lieu le secteur de l’alimentation animale, se heurte au coût très compétitif du soja. Les start-up ont pu aussi rencontrer des difficultés à faire passer leur production du stade du laboratoire à l’échelle industrielle.
Ÿnsect obtient finalement 10 millions d’euros de ses actionnaires et évite la liquidation
Le Tribunal de commerce d’Evry a rendu sa décision le 7 avril sur l’avenir d’Ÿnsect, spécialiste de l’élevage et de la transformation d’insectes, actuellement sous la protection du Tribunal dans le cadre du redressement judiciaire prononcé le 3 mars. La société a finalement évité la liquidation puisqu’elle annonce «l’obtention d’un financement de 10 millions d’euros auprès de ses actionnaires historiques. Cet apport de fonds permet à l’entreprise de financer la poursuite d’activité, dont la production et la livraison des clients, et les discussions avec de potentiels investisseurs pendant les prochains mois», selon Ÿnsect. Le PDG actuel Shankar Krishnamoorthy quitte la société et il est remplacé par Emmanuel Pinto, présenté par Ÿnsect comme «un professionnel aguerri de l’accompagnement des entreprises en difficulté» qui devra travailler à la mise sur pied d’un nouveau plan d’affaires. L’appel d’offres qui avait été lancé pour la reprise des sites industriels d’Amiens et de Dole, maintenant clôturé, a été partiellement fructueux. Ÿnsect a reçu «une marque d’intérêt pour la reprise partielle du site de Dole. Elle est actuellement en cours d’analyse et le tribunal se prononcera lors d’une prochaine audience fin mai».