Cécile Levecque : «On ne se substitue pas à l’agriculteur»
Cécile Levecque est expert foncier et agricole, agréée CNEFAF. Dans le réseau Emergens, où elle couvre tout le nord de la France, elle propose aux agriculteurs en difficulté de retrouver une dynamique entrepreneuriale. Entretien.
Que faut-il faire pour devenir expert foncier et agricole ?
Le «titre» d’expert foncier et agricole est réglementé par le Code rural (R171-10 à 171-12-3). C’est le Conseil National de l’expertise foncière agricole et forestière qui arbitre les candidatures. La Confédération des Experts Fonciers offre un parcours de formation initiale en trois ans pour les bac + 5 en agriculture ou en droit pour accéder au titre.
Pourquoi avoir rejoint le Groupement d’intérêt économique (GIE) Réseau Experts Emergens ?
Le réseau, dont l’idée germait dans la tête de certains experts fonciers et agricoles depuis plusieurs années, a été créé pour répondre à la demande croissante d’accompagnement de la part des exploitants agricoles. Je l’ai rejoint, car il permet de mettre en commun nos compétences techniques, juridiques, comptables, bancaires et humaines. On peut donc s’appuyer sur les spécialités des experts réunis pour mettre en œuvre avec les exploitants des solutions dynamiques leur permettant de protéger leur patrimoine et de poursuivre leur activité, tout en leur redonnant une autonomie de gestion.
En quoi consiste concrètement votre métier ?
Notre travail, au départ, est de donner une valeur à une exploitation dans le cadre d’une transaction, que ce soit des donations, des partages successions, une sortie d’indivision, une expropriation, des réorganisations foncières ou une évaluation ISF. Le second volet de notre métier, plus connu des agriculteurs, est l’assurance. Nous intervenons pour estimer les pertes lors, par exemple, d’un sinistre, d’aléas climatiques, de pertes d’exploitations... L’assistance aux exploitations dans le traitement des difficultés est une facette supplémentaire du métier.
Sur le plan pratique, que demandez-vous à un agriculteur qui vous contacte alors qu’il est confronté à des difficultés économiques ?
Nous lui demandons une description de sa situation pour pouvoir établir un diagnostic. Pour ce faire, il doit nous fournir des données techniques, comptables et économiques des cinq dernières années, sa situation d’endettement, ses éléments patrimoniaux, ainsi que ses éléments parcellaires. Sans ces données, nous ne pouvons pas faire de diagnostic.
Une fois que nous les avons, nous proposons un diagnostic dans un délai de trois semaines environ. A l’issue de ce diagnostic, nous présentons les difficultés que nous avons identifiées, les pistes de redressement possibles et l’accompagnement que l’on peut réaliser à ses côtés.
Dans tous les cas, on ne substitue pas à l’agriculteur, il faut qu’il reste maître de ses décisions. Notre rôle consiste à l’aider à remettre le pied à l’étrier en lui donnant les moyens de prendre une décision. Pour ce faire, nous proposons différents outils pour avancer étape par étape. Ces outils diffèrent, bien sûr, selon la situation de l’exploitation.
En fait, nous intervenons soit dans une démarche amiable (négociation directe avec les créanciers) soit dans une démarche de procédure amiable (négociation dans un cadre judiciaire avec les créanciers) ou en procédure collective (procédure de sauvegarde, redressement judiciaire ou liquidation...).
Cela peut-être la mise en place de mesures de sauvegarde, comme des règlements amiables, un plan de redressement, voire une liquidation judiciaire. A chaque étape, l’agriculteur est libre de poursuivre avec nous ou bien d’arrêter. De même, s’il souhaite, par exemple, continuer à travailler avec son conseiller technique d’une OPA, dans ce cas, on se met en contact avec cette dernière.
En quoi votre service consiste-t-il ?
Nous proposons un diagnostic complet de l’exploitation, avec une analyse des aspects technico-économiques, financiers, humains et patrimoniaux pour élaborer une stratégie d’action «sur-mesure» avec le chef d’exploitation. Par ailleurs, notre responsabilité civile professionnelle est engagée. Ce qui est une vrai garantie pour nos clients.
Le réseau
Le GIE Réseau Experts Emergens a été créé en juillet 2016. Sa volonté ? Que les experts fonciers et agricoles du réseau partagent leurs expériences et mettent en commun leurs méthodes d’analyse et d’intervention.
Le réseau regroupe, pour l’heure, dix-sept professionnels indépendants, acteurs du monde agricole, couvrant l’ensemble du territoire national.
Son siège social est à Warvillers, dans la Somme.
Tél. : 05 62 26 72 84
experts.emergens@orange.fr