Conjoncture laitière : des hauts et des bas
Le conseil d’administration de l’Uplp a débattu sur les différentes stratégies adoptées par les laiteries.
En cette fin d'année, la conjoncture laitière apparaît moins favorable qu’au début de 2014. Et l'on entend dire dans les campagnes que le début de l'année 2015 sera difficile pour les producteurs. Qu'en est-il exactement? Le conseil d’administration de l’Union des producteurs de lait de Picardie (Uplp), réuni le 13 novembre dernier, s'est penché sur la question. Pour ce faire, les participants ont examiné la stratégie adoptée par chaque laiterie aussi bien sur le prix du lait que sur l’après-quota.
Conjoncture : une baisse temporaire
Certes la conjoncture s’annonce moins bonne qu’au début de l’année 2014. D’après le Cniel (Centre national interprofessionnel de l’économie laitière), les baisses de prix s'expliquent par trois facteurs :
- une production laitière très abondante en Europe et en Nouvelle-Zélande, ce qui a provoqué depuis le printemps une baisse des cours des produits laitiers ;
- l’embargo russe mis en place en août qui a renforcé cette tendance baissière et fait craindre l’arrivée de produits laitiers étrangers sur les linéaires des hypermarchés, fragilisant de fait la position des opérateurs français sur le marché domestique ;
- la guerre des prix acharnée à laquelle se livrent les grandes enseignes de la distribution en France. La constitution de deux nouvelles centrales d’achat (Auchan-Super U et Casino-Intermarché) laisse augurer une situation très délicate pour les transformateurs dans les mois à venir.
Toutefois, «ce passage difficile ne remet pas en cause les perspectives positives de la filière laitière à moyen et long terme. La demande mondiale pour les produits laitiers reste soutenue, même si à court terme l’embargo décrété par la Russie tend à entretenir un mouvement à la baisse des produits laitiers», comme l'indique le Cniel. Concrètement, le prix du lait devrait se maintenir fin 2014 et connaître une phase de recul début 2015. Si la conjoncture s’annonce temporairement difficile, la tendance pourrait se renverser courant 2015.
Prix du lait : le compte n’y est pas
Rappelons que le prix de base du lait, hors prime et hors qualité, est composé du prix moyen de l'année précédente et d'un indice économique lié à l'évolution des marchés. L'indice économique prend en compte la cotation des produits industriels (beurre et poudre) et des fromages à l'export. Il intègre un indice de cohérence entre les prix allemand et français pour lisser les écarts. La publication de ces indicateurs officiels pour calculer le prix du lait est reconnue par la loi de la concurrence. «En prenant en compte ces indicateurs, le prix du lait devrait être payé aux producteurs 373,51 euros les 1 000 litres au minimum sur l’année 2014», a souligné Olivier Thibaut, président de l’Uplp. Et de renchérir, «quand on voit les prix du lait payés jusqu'à aujourd'hui, le compte n’y est pas, et pour certaines laiteries, la moyenne en est loin».
Selon lui, le marché intérieur français laitier est déconnecté du marché européen et ne fonctionne pas normalement parce que les hausses ne sont pas répercutées à la hauteur du marché. A noter que pour la première fois depuis avril 2013, le prix du lait français est inférieur au prix allemand de 20 euros les 1 000 litres. Cela représente l’équivalent de 450 millions d’euros pour la ferme France.
UPLP
Olivier Thibaut, président
«Une rémunération juste pour les producteurs de lait en 2014 et en 2015»
«Nous connaissons certes un prix du lait jamais atteint ces dernières années. Mais le niveau des charges et des investissements reste élevé tout comme la charge de travail sur nos exploitations. Les éleveurs laitiers ont besoin d’un prix rémunérateur.
L'embargo russe ne doit pas être une excuse pour faire baisser le prix du lait ni en cette fin d'année 2014 ni pour le but de l’année 2015. Une grande partie de notre production reste sur le marché intérieur. Ce marché doit donc fonctionner. Le prix du lait français est inférieur de 20 euros les 1000 litres par rapport au prix allemand depuis le mois d’avril. Il faut que les éleveurs laitiers retrouvent cet écart en leur faveur en 2015.
Il est primordial que les industriels laitiers affrontent la grande distribution. Ils ne doivent pas concéder des baisses de prix, ni céder à la spirale infernale de la guerre des prix. Cette course au prix le moins cher que les grandes surfaces mènent entre elles, affaiblit la filière laitière française, encore fragile. Il faut que cela cesse.
Ce sont les vœux de l'UPLP pour 2015».