Lact’Union : la collecte en hausse de 3%
Les responsables de la coopérative ont voulu donner une vision optimiste de la production laitière avec des opportunités à saisir.
C’est sous le signe de l’émotion que Lact’Union a tenu son assemblée générale le 19 juin à Abbeville. En effet, ce fut la dernière pour Bernard Ducrocq, le président de la coopérative, qui fait valoir ses droits à la retraite (cf encadré).
L'année 2014 plutôt bonne
«231,6 millions de litres de lait ont été collectés auprès des 491 exploitations adhérentes de la coopérative, soit une augmentation de plus de 3%», a affirmé Bernard Ducrocq, président de Lact’Union. «Pour la première fois depuis de nombreuses années, le quota de l’entreprise a été réalisé».
Le prix du lait 38/32 payé en 2014 s’élève à 370 euros les 1000 litres, toutes primes confondues, soit 21 euros de plus qu’en 2013.Le volume B a été valorisé à 312 euros les 1000 litres.
La restructuration des exploitations se poursuit. Elles diminuent au rythme d’environ 3% par an depuis ces dix dernières années. A l’inverse, le volume moyen livré continue d’augmenter pour s’établir à 471 000 litres en moyenne par exploitation.
Nouvelles briks petits formats
«Nous devons contenir notre marché intérieur et poursuivre notre stratégie de diversification vers des produits à plus forte valeur ajoutée», a résumé Olivier Buiche, directeur de Lact’Union. 4,9 millions d’euros ont été investi en 2014. Un nouveau plan prévoit un budget d’investissement de 35 millions d’euros pendant trois ans sur l’ensemble des sites du groupe.
Par ailleurs, une nouvelle ligne de production a été lancée sur le site de Braine (Aisne). Celle-ci permet de conditionner du lait blanc ou aromatisé dans des briks de 200 ou 250 ml.
Ce nouveau format de brik s’inscrit dans la stratégie de développement de gammes pour le groupe tant en terme de contenant que de contenu. Ce dernier format est destiné à la consommation «nomade», petit volume, prise en main facile… La coopérative poursuit donc son développement.
C'est une vision plutôt optimiste de la production laitière et de ses perspectives qu'a donnée Vincent Chatellier, économiste à l’Inra, qui intervenait lors de cette assemblée. Selon lui, les besoins en produits laitiers vont continuer de croître dans le monde. «Les Indonésiens consomment treize fois moins de produits laitiers que les Français et les Chinois dix fois moins. La consommation mondiale de lait devrait augmenter entre 15 et 20% d’ici dix ans».
C’est pour l’instant l’Europe qui est le premier pays producteur de lait dans le monde, avec un savoir-faire spécifique : le fromage. «38% du lait produit en France est valorisé en fromage. Mais, les Américains deviennent de plus en plus présent sur ce marché», a mis en garde l’économiste.
Les échanges de lait sont importants dans le monde. «87% des exportations de la France se font avec 130 pays et le principal client non européen est la Chine qui achète de la poudre lactosérum et de la poudre infantile», a expliqué Vincent Chatellier.
Pour lui, de nombreux signaux sont positifs pour la filière laitière avec une demande qui ne va cesser de s’accroître. Toutefois, la volatilité existe et cela continuera. «2014 est l’année où le prix du lait payé aux producteurs est le meilleur sur les dix dernières années, mais les charges sont restées élevées».
La question qui se pose est de savoir qui va produire ce lait. «Le pays européen qui a le meilleur potentiel de développement est la France», a-t-il souligné.
L'intervenant n’a pas pu éviter le sujet de la ferme dite des «mille vaches». Ce n’est pas le modèle qui se développera, selon lui. «Nous avons des choses plus sérieuses à faire pour les éleveurs que de passer son temps sur un sujet atypique. La polémique a renvoyé une image de l’agriculture à la société qui n’est pas du tout la bonne», a-t-il regretté.
Vingt ans de présidence pour Bernard Ducrocq
C’est à l’occasion de l’assemblée générale de Lact’Union que les collaborateurs, les administrateurs de la coopérative, mais aussi les amis et proches de Bernard Ducrocq ont décidé de lui rendre hommage. En effet, il a atteint la limite d’âge statutaire et ne sera plus producteur de lait à la fin de l’année. Il a donc décidé de ne pas demander le renouvellement de son mandat.
Président de la VPM depuis le 26 avril 1995, puis de Lact’Union depuis 2013, Bernard Ducrocq est entré en tant qu’administrateur stagiaire de la coopérative en janvier 1972. Celle-ci a bien évolué ces vingt dernières années avec notamment l’achat de Materna en 1995, l’acquisition des actions de la SFPL en 1998, le déménagement du site en 1999.
Depuis 2000, plusieurs investissements ont été effectués notamment dans des lignes de conditionnement, des magasins automatiques, et Baby Drink en 2011. En 2013, la coopérative a fusionné avec la coopérative de l'Aisne Coop’Alliance pour donner Lact’Union.
Au-delà de ce beau parcours, de nombreuses qualités sont reconnues à Bernard Ducrocq. «Professionnel, impliqué, loyal, humble, assidu et passionné», autant d’adjectifs employés par les intervenants pour caractériser l’homme.
Comme l’a indiqué Olivier Buiche, son directeur, «il a su imposer un climat de confiance dans l’entreprise aussi bien avec les salariés que les administrateurs ou les clients». Bernard Ducrocq est un homme à l’écoute des autres, une des qualités qui lui a permis de faire évoluer la coopérative.
Enfin, à l’unanimité, un mot résume Bernard Ducrocq, la «convivialité», avec «son coup de fourchette légendaire». L’Action Agricole Picarde lui souhaite une longue et belle retraite.