Mobilisation à Paris : quel retour ?
Avec une participation exceptionnelle, la manifestation Fnsea JA du 3 septembre a marqué les esprits. Quel retour concret ?
En tracteur, en bus, et pour certains par leurs propres moyens… plus de 250 agriculteurs de la Somme se sont rendus à Paris le 3 septembre dernier. Avec sur place un véritable mélange de sentiments.
Sentiment de fierté, tant l’accueil des Parisiens a surpris chacun des participants, surtout en tracteur. Le paradoxe, c’est que la population la plus urbaine de France s’allie à la cause agricole et soutient notre corporation dans sa démarche. Les contacts directs ont été les plus efficaces, entre la discussion sur le trottoir, les enfants qui font un tour en cabine, et même cette passante qui a profité du tracteur (et de son chauffeur) pour faire le trajet jusqu’à son bureau, sa ligne habituelle étant perturbée ce matin-là.
Sentiment d’unité, car toutes les filières, toutes les régions, tous les visages de l’agriculture française se sont retrouvés unis dans cette action. Et même si l’urgence est significativement sur les filières d’élevage, les revendications sur les contraintes ou les charges sociales sont les mêmes dans toutes les fermes.
Sentiment de manque d’écoute, car déjà trop peu de députés s’étaient rendus à l’Assemblée nationale au matin (deux seulement pour toute la Picardie) pour entendre les attentes des responsables Fnsea et JA. Parmi eux figuraient Laurent Degenne, président de la Frsea Picardie, Patrick Rimbert et Jean-François Colson, présidents des cantons de Conty et Villers-Bretonneux.
Sentiment d’insuffisance des mesures, et c’est là que la méfiance demeure : certes, il y a du concret qui vient renforcer le Plan de soutien à l’élevage, notamment la possibilité d’une «année blanche» pour les éleveurs dans ce cadre, d’un dégrèvement de Tfnb, ou des rallonges d’enveloppes de Fonds d’allègement des charges et de prise en charge de cotisation. Certes, personne n’attendait de solution «miracle», mais les meilleures annonces portent davantage sur des promesses que sur du concret. Des modifications significatives sur la façon d’appréhender la réglementation et la façon de l’appliquer ont été annoncées, allant dans le bon sens, mais qui ne se feront pas sentir avant plusieurs semaines…
Sentiment d’exigence, car les annonces de Matignon impliquent davantage les administrations locales de tous ordres, et ce sera à elles de respecter scrupuleusement la ligne fixée par le Premier ministre. En tout état de cause, il faudra rester ferme, car certains plis seront difficiles à perdre.