Ras le bol ? Tous à Amiens le 5 novembre
Contre la surenchère règlementaire et environnementale, la Fdsea et les Jeunes Agriculteurs de la Somme appellent à manifester le mercredi 5 novembre. Quelques explications.
Depuis de nombreux mois, la Fnsea et les Jeunes Agriculteurs alertent le gouvernement sur la crise que subit l’agriculture. En février dernier, des Etats généraux de l’Agriculture étaient organisés avec la participation d’élus politiques. Une grande partie des revendications portées à cette occasion par les deux organisations syndicales sont toujours d’actualité.
Des avancées fiscales, sociales ou environnementales ont certes été obtenues. Pourtant, il ne se passe pas de jour sans que les pouvoirs publics ne sortent une nouvelle contrainte inutile et handicapante, déplorent-elles.
Réunis en conseil fédéral fin septembre, quelque 300 élus de la Fnsea se sont vivement inquiétés du malaise paysan ressenti sur le terrain.
Les agriculteurs ne supportent plus l'amoncellement de contraintes conséquence de nouvelles réglementations. Un mot d’ordre d'action nationale a ainsi été lancé pour le mercredi 5 novembre. Il porte sur huit revendications (voir notre précédente édition), huit sujets (embargo russe, restauration hors foyer, hausse de taxes, compte pénibilité, accompagnement des trésoreries, blocage des dossiers installation, verdissement de la Pac, directive Nitrates) qui empoisonnent la vie des paysans.
Dans la Somme, la Fdsea et les JA répondent présents à cette mobilisation. Ils vont demander à ceux qui leur mettent des «boulets aux pieds» de les «laisser travailler».
Sont visés cinq organismes qui en règlementant mettent des barrières à l’exercice du métier d'agriculteur et démotivent, voire empêchent les installations (voir ci-dessous).«Les agriculteurs se perdent dans toutes ces règles qui changent sans cesse. Et même l’administration ne sait pas toujours ce qu’il faut respecter tellement la réglementation est floue», s'insurgent les responsables syndicaux qui appellent à manifester massivement mercredi prochain.
Une revendication : «laissez-nous travailler !»
Les demandes de la Fdsea et des JA sont nombreuses. En voici les principales :
ENVIRONNEMENT
- Non au zonage directive nitrates : de nouvelles contraintes sont infligées aux agriculteurs. Celles-ci sont basées sur des critères statistiques et non scientifiques.
- Du pragmatisme sur la réglementation nitrates : la restriction des périodes d’épandage rend les chantiers tendus en termes de main-d’œuvre et l’allongement des périodes de stockage pose problème. Nombre d’exploitations devront réengager des travaux de mise aux normes alors même qu’elles n’ont pas terminé de financer la précédente.
- Une cohérence économique et non écologique : il faut une approche plus équilibrée entre les aspects écologiques et économiques pour le Schéma régional de cohérence écologique (Srce). Les activités économiques présentes sur le territoire picard ont été trop peu prises en compte.
- Du bon sens lors des contrôles : des procès-verbaux sont dressés aux agriculteurs pour entretien de cours d’eau ou de fossés sans autorisation. Les agriculteurs ne le font pas juste par plaisir, mais bien pour éviter d’éventuels débordements ou inondations.De plus, les agriculteurs se font contrôler par des "cowboys", armés bien sûr, comme s'ils étaient des grands fauteurs de trouble.
POLITIQUE AGRICOLE et INSTALLATION
- Du pragmatisme et du bon sens dans l'application de la PAC 2015 et une année blanche sur le verdissement : les modalités du verdissement, notamment des SIE, ne sont pas encore complétement connues alors que les emblavements ont débuté, voire ils sont terminés. Il n'est pas possible de respecter une règle sans la connaître.
- De la souplesse dans l'application de la réglementation : la réglementation est floue et change tellement souvent qu’il est difficile de savoir ce qu’il faut faire.
- Pas de période blanche pour l’installation : en 2014, le ministère promettait aucun blocage des dossiers. Résultat, aucune installation n’a pu se faire entre le 1er janvier et le 15 mars 2014. Il est nécessaire de finaliser le programme régional de développement rural avant le 31 décembre en concertation avec la profession.
- Renforcement des budgets qui permettent aux porteurs de projets de réaliser le dispositif d'accompagnement à l'installation, en refusant d'utiliser uniquement la taxe issue du changement sur la destination des terres.
DROIT SOCIAL
- Abandonner le compte pénibilité : ce système va se traduire par de nouvelles contraintes : surcharge administrative, insécurité juridique et hausse du coût du travail.
- Lever les contraintes sur l’apprentissage des mineurs : les contraintes relatives à la formation d’un apprenti mineur freinent de nombreux maitres d’apprentissage alors même que le gouvernement souhaite promouvoir l’apprentissage.
- Maintenir les dispositifs d’exonération des charges patronales sur les saisonniers et, plus généralement, favoriser les dispositifs de réduction de charges sociales pour les employeurs agricoles. Le coût du travail en France reste un frein majeur à la compétitivité vis-à-vis des autres États membres.
FDSEA
«Le 5 novembre, allons leur rendre la monnaie de leur pièce»
Denis Delattre, Secrétaire général adjoint
«Le 5 novembre nous allons dénoncer les surenchères administratives, réglementaires, environnementales et sociales. Des lourdeurs qui sont en réalité le fruit de règlements ou d’interprétations de certains organismes.
Ce sont ces organismes qui nous mettent des boulets aux pieds et nous empêchent de travailler 365 jours sur 365 jours.
Et si nous inversions les rôles ? Et si nous allions leur rendre la monnaie de leur pièce ?
Ras-le-bol des contraintes environnementales ? Venez à la Dreal ou à l’Onema. Ras-le-bol des non décisions du ministère ? Venez à la Draaf. Ras-le-bol, de la réglementation sur le travail? Venez à la Direccte. Ras-le-bol de tous ces contrôles ?
Venez à l’ASP. Nous nous retrouverons ensuite tous à la préfecture !
Nous comptons sur vous !»