Saint Louis Sucre accroché dans sa course aux contrats
Quand un fabricant de sucre veut aller trop vite dans la réalisation de ses contrats d’approvisionnement pour 2020-2021, CGB et OP le rappellent à l’ordre.
Que ce soit pour les responsables de la Scica de Roye ou la CGB Somme, la proposition de contrat envoyé il y a quelques jours par le sucrier Saint Louis Sucre à ses planteurs «n’est pas acceptable en l’état». Ce message, c’est celui que l’on peut lire dans une lettre datée du 7 octobre à l’adresse des producteurs de betteraves livrant les usines du groupe SLS. Pour le syndicalisme betteravier, les raisons qui doivent amener les planteurs à se pencher attentivement sur la proposition qu’ils ont reçu de l’industriel sont multiples.
Pas de contrat sans accord interprofessionnel
La première, et elle n’est pas des moindres, concerne le respect de la réglementation européenne en matière contractuelle. «Saint Louis Sucre vient d’envoyer ses contrats pour la prochaine campagne 2020-2021 avant même la signature des accords interprofessionnels, au mépris de la réglementation européenne», s’étonne la CGB Somme. Pour son président, Dominique Fievez, «cette situation, qui ne n’est jamais produite jusqu’à présent, est inacceptable. L’accepter reviendrait à mettre en péril les accords interprofessionnels, l’interprofession et, par voie de conséquence, la filière».
Dans une note adossée à cette lettre, la CGB de la Somme dénonce également d’autres éléments du contrat qui le rendent à ses yeux peu convaincant, voire rédhibitoire : «Les modalités techniques et financières du contrat qui pourraient paraître à première vue séduisantes présentent toujours trop d’incertitudes et toujours plus de contraintes», décrit le syndicat betteravier. Prix de betteraves, prix du sucre, planning des enlèvements ou encore durée de contrat et dates de signatures sont autant de sujets de discorde.
Une course contre la montre
En contestant comme elle le fait aujourd’hui la proposition de contrat faite par Saint Louis Sucre, la CGB Somme réaffirme clairement son soutien à la création d’organisation de producteurs et incite les producteurs livrant à Saint Louis Sucre à les rejoindre. Pour Dominique Fievez, «c’est bien la création d’OP qui vous permettra de vous organiser pour travailler au mieux avec un acheteur de betteraves (...) L’avenir d’une relation équilibrée et durable avec votre industriel passe par une adhésion massive aux OP d’Etrepagny et de Roye».
Dès qu’ils en ont l’occasion, les responsables de ces OP récemment créées rappellent ainsi que leur constitution doit «permettre aux planteurs de betteraves de retrouver davantage d’équilibre dans les discussions avec leur fabricant de sucre sur les modalités contractuelles d’achat des betteraves aux planteurs».
En fixant la date du 30 octobre pour le retour des contrats, Saint Louis Sucre laisse pour sa part, et sans doute involontairement, encore un peu plus d’une quinzaine de jours aux OP des betteraviers de Roye et d’Etrepagny pour convaincre le plus grand nombre de planteurs de les rejoindre. En revanche, si ces deux organisations de producteurs venaient à échouer dans leur capacité à rassembler les planteurs et à négocier en leur nom, la filiale de Südzucker en France aurait alors toute latitude pour fixer ses propres règles du jeu.