Thierry Roquefeuil démissionne de la présidence du Cniel
Face à la présentation de la conjoncture, la réaction des transformateurs a provoqué un clash au sein de l'interprofession laitière.
A l’issue du conseil d’administration du Cniel, l’interprofession laitière qui regroupe les collèges de la production, la transformation privée et coopérative, Thierry Roquefeuil a remis sa démission aux présidents de la Fédération nationale des industries laitières (Fnil) et de la Fédération nationale des coopératives laitières (Fncl), le 9 juillet. Egalement président de la Fédération nationale des producteurs de lait (Fnpl), le troisième collège de l’interprofession, qui a relayé cette information, Thierry Roquefeuil a expliqué ne pas pouvoir cautionner «cette attitude d’indifférence des collèges des transformateurs alors que j’appelle depuis de longues semaines à la responsabilité de tous les acteurs de la filière».
Le collège producteur déplore en effet que «les transformateurs restaient sourds et muets face à une conjoncture fortement dégradée pour les éleveurs». Jugeant que les conditions de fonctionnement de l’interprofession n’étaient pas réunies pour trouver des solutions à la crise laitière, Thierry Roquefeuil a donc quitté cette présidence qu’il exerçait depuis 2013. «Une prise de conscience collective s’impose. Il y a urgence !», a-t-il déclaré.
Echec
La Fnpl, dans un communiqué du 7 juillet, avait effectivement rappelé qu’elle avait «demandé à chacun des acteurs de l’aval de la filière d’actionner la clause de survie (ou clause de renégociation) telle que la loi le prévoit pour permettre aux producteurs de lait de passer cette crise». Et elle constatait que «la filière laitière n’a pas répondu, à ce jour, à la grande détresse des producteurs de lait». Le syndicat annonçait donc une mobilisation plus forte des éleveurs, surtout dans un contexte où la sécheresse «risque de faire grimper le cours des céréales et renchérir le coût de l’alimentation».
Thierry Rocquefeuil s’interroge de son côté sur le rôle de l’interprofession. «Ma question, face aux problèmes de conjoncture, c’est : qu’est ce qu’on fait ? C’est un travail de réflexion en commun qu’il faut avoir. Nous sommes obligés d’avoir une stratégie commune.»
Dominique Chargé, président de la Fncl, répond que «l’on ne change pas le marché parce qu’on en a discuté en interprofession. Je reconnais parfaitement que la conjoncture est difficile pour la filière, aussi bien pour les producteurs que les industriels. Nous sommes exposés à la violence du marché international. Tous les acteurs doivent se retrousser les manches».
Il parle de fusion entre coopératives, de valorisation sur le marché intérieur, de la nécessité d’intervention des pouvoirs publics, de mesures d’urgence. «Je ne comprends pas qu’il n’y ait pas eu de mesures prises à Bruxelles pour anticiper la crise avec des retraits massifs de produits sur les marchés et une hausse du prix d’intervention», observe-t-il. Il accuse l’embargo russe et surtout le retrait de la Chine.