Un charolais samarien en compétition à Paris
Le fait est suffisamment rare pour en faire écho : un taureau charolais de l’élevage Soubry de Vron sera en compétition au concours général de Paris. Patrick et Vincent Soubry ont répondu à nos questions.
La race charolaise c’est une vielle histoire pour ce qui vous concerne ?
L'arrêt de la production laitière date de 1978. Un troupeau de charolaises est alors constitué avec l'acquisition de 22 vaches. Alors jeune installé, la brucellose m’a ensuite contraint à faire abattre mon troupeau. Un nouveau cheptel est alors constitué à partir d'une trentaine de vaches achetées dans deux troupeaux. L'inscription au Herd Book Charolais et l'adhésion à Bovins Croissance remontent à 1998. Au départ, le choix de la race charolaise s'est fait prioritairement pour son caractère calme et sa rusticité.
Décrivez nous votre élevage.
Il y a 50 vêlages regroupés principalement de fin octobre à décembre et alimentés à partir de 25 ha de prairie, 2 ha de maïs ensilage et 2 ha de luzerne. C’est avec Bovins Croissance que nous avons vraiment pu sélectionner le troupeau en conservant les meilleures génisses, ce qui nous permet d’avoir des vaches réformées à 484 kg de carcasse.
Comment arrive-t-on à être sélectionné pour concourir en national ?
Il faut d’abord avoir le bon animal. Ce taureau, je l’ai acheté à un an, à l’élevage Minet de Tubersent (62). Sur les quelques veaux présentés, j’ai tout de suite flashé sur lui. Son père, un fils d’Adonis, avait une bonne démarche et un index ISEVR de 125. La mère, elle, présentait beaucoup de gabarit. J’ai d’abord participé au concours de Neufchâtel, concours reconnu par la race. J’ai remporté le prix de ma section dans les mâles de moins de 2 ans et celui-ci a ensuite été élu super prix d’honneur.
A partir de là, je me suis retrouvé pré-qualifié pour le concours général de Paris. Lorsque la commission est passée en janvier, je ne pensais vraiment pas être qualifié. Depuis cette bonne nouvelle, le régime alimentaire de Grizzly a été revu à la hausse car nous avons pris un peu de retard dans sa préparation. Il pèse actuellement 1380 kg pour 3 ans et 2 mois et a droit chaque semaine à un bon shampoing et une promenade au licol.
Votre exploitation de polyculture élevage est orientée sur des cultures gourmandes en temps, comme le plan de pommes de terre et les légumes de conserverie. Vous auriez pu négliger la conduite de votre élevage car au final il n’occupe que 15 % de votre surface.
J’ai toujours voulu bien faire et tant qu’à passer du temps sur l’élevage, autant y gagner le mieux possible sa croûte… Avec l’évolution des résultats techniques, la passion a augmenté aussi et j’ai d’ailleurs fini par remporter le challenge bovins croissance en 2013. On se fait une petite réputation qui permet de vendre quelques taureaux chaque année. D’ailleurs, j’en ai encore trois disponibles. Je suis à la retraite maintenant, ce qui me permet d’avoir du temps pour participer aux concours, ce que mon fils ne pourra peut-être plus faire à l’avenir faute de temps.
Le prochain concours Charolais aura lieu à Abbeville en juin. Aller à Paris, c’est une consécration, mais j’y vais aussi pour représenter tous les habitués des concours, Alexandre Carlier, Gérald Leborgne, Olivier Parcy, Jocelyn Pecoul, et les plus occasionnels : Frédéric Devillers, Pascal Fournier, Gervais Grare et le Gaec Landrieu.
Le concours aura lieu le jeudi 26 après midi, tout ce que j’espère c’est de ne pas crever sur le périphérique avec ma bétaillère, pour le reste ce sera une belle expérience, quoi qu’il arrive.