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Une conjoncture difficile, mais un soutien aux éleveurs optimum

ACE ne s’en cache pas, le porte-monnaie est bien léger. Crise laitière en cause. Mais la coopérative croit en son activité et met en place des services «pour répondre toujours au mieux aux besoins des éleveurs».

© A. P.


Avec un résultat déficitaire de 378 000 € pour l’année 2016-2017, ACE (Avenir conseil élevage) n’est pas au meilleur de sa forme. «Nous subissons de plein fouet la crise agricole, explique Isabelle Holvoët, directrice de la SCA de services, lors de l’assemblée générale, ce 22 février. Il y a moins d’éleveurs, et ceux qui subsistent ont souvent des difficultés financières et taillent dans leur budget de conseil.»
Cet écart financier serait aussi lié à la «conséquence d‘une tarification des services trop serrée qui ne permet pas d’assurer l’équilibre financier de la structure.» Pour autant, ACE a procédé l’année dernière à un gel de ses tarifs en soutien aux agriculteurs. Une réduction de personnel a été nécessaire : l’équipe est passée de 200 à 185 salariés, «en procédant à des non-remplacements de postes suite à des départs».
Dans ce contexte, deux attitudes s’offrent à la coopérative, selon Estelle Mulet, vice-présidente* : «Ou bien nous nous laissons dominer par le découragement et baissons les bras, ou bien nous nous battons, nous adaptons, nous réinventons. C’est cette deuxième alternative qui anime ACE dans sa mission d’accompagnement au quotidien des éleveurs.»

Des services boostés
Plusieurs leviers ont été actionnés en 2017. L’offre de services a été rénovée : «simplifiée et clarifiée, nous plaçons les besoins des éleveurs au cœur de nos propositions, avec l’identification des objectifs à atteindre et la mise en œuvre des plans d’action pour y parvenir.»
Il semblerait que le service de parage des vaches (en 2017, 39 parages ponctuels, 168 parages d’entretien et 27 parages offensifs réalisés) séduise les éleveurs. «Pour mieux répondre aux attentes», en plus des deux pareurs salariés, deux autres ont été embauchés et sont actuellement en formation.
La décision a aussi été prise de mettre l’accent sur l’équipe de service technico-économique, qui accompagne les agriculteurs dans leurs projets depuis deux ans avec les réalisations «marges brutes», qui apportent des références comparatives. «Tous les mois, des demandes arrivent. 392 élevages sont bénéficiaires.» Un conseiller spécialisé supplémentaire porte à sept la composition de l’équipe. Et les conseillers d’élevage participent aussi à la démarche. Le groupe s’est d’ailleurs engagé dans les audits-conseils portés par le Conseil régional des Hauts-de-France.
En informatique, ACE s’est investi avec Synelia et Opti-Oxygen dans la création d’un nouvel outil éleveurs/conseillers, plus interactif, et d’un rationneur éleveurs/conseillers. Un outil de valorisation des données produites par les robots est en finalisation. Ces solutions seront déployées en 2018.
Enfin, ACE aimerait pouvoir se pencher sur le sujet du temps de travail, «qui devient parfois démesuré». «Un sujet délicat à aborder, avoue Isabelle Holvoët, car il touche l’humain.»
Les tarifs 2018 des services ont cette fois été réévalués et «malgré une hausse, le nombre d’heures de conseil vendues en 2018 est en augmentation de 2,3 %». Mais les efforts sont à poursuivre.

Ouverture aux alliances
Mutations sociétales, numérique… Pour relever ces défis, la coopérative dit croire à des alliances avec d’autres partenaires. Fin 2017, ACE, Gènes Diffusion, le groupe ECEL Senti (Pays-de-Loire et Normandie) et Opti-Oxygen ont, ensemble, décidé de cibler le développement de la recherche et du développement, ainsi que des nouvelles technologies dans les élevages. Le tout devrait se concrétiser cette année. «Nous nous investissons aussi dans un programme transfrontalier avec nos homologues belges et leurs instituts techniques pour l’amélioration de l’efficience de l’alimentation azotée en cohérence avec la rentabilité des élevages.»

*Estelle Mulet est en charge de l’intérim à la présidence, le temps que le président, Patrick Arpin, se remette d’un grave accident survenu dans son exploitation en juin dernier.

«Prendre un virage pour éviter le mur»

En marge de son assemblée générale, ACE avait convié Maximilien Brabec, expert-practicien en innovation
et en stratégie.
Des sourcils levés, des hochements de têtes, des bras qui se croisent et qui se décroisent. Les propos de Maximilien Brabec ont «bousculé» les éleveurs présents à l’AG d’ACE. Son sujet : «Quelle trajectoire gagnante pour demain, dans un environnement en pleine mutation ?»
Et des solutions apportées… Déconcertantes.
«Une expérience simple illustre mes propos, annonce l’expert. Si vous faîtes entrer une abeille dans un tube à l’extrémité bouchée, elle mourra. Car sa certitude est que l’issue est au bout. Alors qu’une mouche parviendra à sortir, car celle-ci ne connaît pas la réponse à son problème et passe son temps à explorer.» Le message est donc le suivant : «pour innover, adoptons une posture de mouche».
Plus techniquement, pour Maximilien Brabec, si les solutions A, A’ ou encore A’’ ne suffisent plus, c’est donc qu’il faut imaginer une solution B. Et pour cela, «l’errance» est la clé. «Pour créer l’avenir, il faut explorer, en oubliant le présent. Voir les nouvelles choses ne suffit pas, il faut changer la façon de voir les anciennes choses.» Autrement dit, «se mettre dans l’incompétence et s’engager dans l’inconfort d’une crise utile. Il y a un mur devant. Prenons un virage pour l’éviter !»
Ainsi, pour le digital, qui est le sujet d’actualité depuis plusieurs années, la question ne serait pas comment l’entreprise peut aller vers le digital, mais plutôt comment la révolution digitale pourrait-elle se concrétiser dans notre environnement à dix ans ? L’expert évoque des éventualités :
«Les laiteries, par exemple, vont disparaître, car des micro-robots transformeront le lait directement dans les fermes.»
La deuxième question est «par quoi commencer ?». Maximilien Brabec préconise cette fois de raisonner par mission et non par compétitivité. Car la solution B ne pourra être atteinte que si elle émerge d’un rêve de nouvelles valeurs. «Facebook, par exemple, n’est pas né d’une envie de compétitivité, mais bien de la mission de mettre des gens en relation. On pourrait citer beaucoup d’exemples de réussites de ce genre.»
Pour cela, il serait nécessaire de conserver très peu d’ancrages : «les valeurs fondamentales, soit la passion qui nous anime.» En somme, assez d’ancrages pour faire face aux révolutions, mais pas trop pour pouvoir innover. «Cela implique de renoncer à certaines choses, et ne choisir que là où l’on veut être les meilleurs.»
L’intervenant a souhaité terminer sur l’impact plus que positif du collectif dans un territoire. Car certaines problématiques (économiques, réchauffement climatique, etc.) représentent les mêmes enjeux pour tous. «Quel est notre rêve commun de progrès global pour notre environnement ?», questionne-t-il. Y’a plus qu’à…

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