Apport d’azote : appliquer la règle des 200°C-jours cumulés
Un apport d’azote minéral ou de lisier, dès les 200°C cumulés (en base 0°C) depuis le 1er janvier, permet de maximiser la production d’une prairie de graminées au premier cycle.
Un apport d’azote minéral ou de lisier, dès les 200°C cumulés (en base 0°C) depuis le 1er janvier, permet de maximiser la production d’une prairie de graminées au premier cycle.
Contrairement aux céréales à paille, il n’existe pas de stade physiologique «repère» permettant de positionner les apports d’azote sur prairies. Le démarrage de la croissance de l’herbe, correspondant à la date optimale d'apport de l'azote, se raisonne en fonction d’une somme de températures en base 0°C depuis le 1er janvier de l’année. Ce critère présente l’avantage de prendre en compte le contexte climatique de l’année et la localisation de la prairie.
Des travaux conduits par Arvalis sur la fertilisation des prairies à base de graminées ont établi qu’un premier apport d’azote (sous forme minérale ou lisier) réalisé à 200°C jours assure une production fourragère de qualité dès le premier cycle de la culture. C’est le meilleur compromis pour éviter un apport trop tardif, synonyme de ralentissement de la croissance et de moindre production d’herbe au printemps. Il ne doit pas non plus être trop précoce au risque d'engendrer des pertes par volatilisation ou dénitrification.
Cette règle des 200°C cumulés s’applique dans toutes les régions. Elle est valable pour une dose appliquée inférieure à 100 kg N/ha et quel que soit le mode d’exploitation (pâturage, ensilage, enrubannage, foin). En prairies installées, les fournitures d’azote par le sol sont globalement faibles en sortie d’hiver. L’apport d’azote à 200°C permet ainsi de faire coïncider une disponibilité suffisante de l’élément pour les plantes dont les besoins sont importants et croissants.
Cet indicateur, converti en date à partir des données météo historiques, permet d’établir les périodes optimales pour réaliser le premier apport d’azote sur prairie pour toutes les régions françaises. Dans la Somme, la date est comprise entre le 8 et le 17 février. Mais il est nécessaire d’actualiser ce calcul aux conditions de l'année afin de piloter plus finement le déclenchement du premier apport.
Un raisonnement spécifique aux prairies
Depuis vingt ans, les pratiques de fertilisation azotée sur céréales à paille ont beaucoup évolué : les apports initialement concentrés début montaison se sont progressivement étalés jusqu’à mi-montaison, voire fin montaison. Cette pratique se justifie par la recherche du meilleur compromis rendement en grains/teneur en protéines, qui n’est pas proportionnel à la biomasse produite en début de cycle. Sur prairies, le raisonnement est très différent : l’objectif de la fertilisation azotée est ici de maximiser la production de biomasse. La satisfaction précoce des besoins azotés permet ainsi la croissance maximale de chacune des talles émises. Mais que ce soit pour les céréales ou les prairies, un apport juste avant une période pluvieuse et en conditions favorables à la croissance permet d’en maximiser l’efficacité.
Attention aux conditions de portance
Avant tout apport, il convient bien évidemment de vérifier la réglementation locale en vigueur (Directive nitrate), en particulier dans les zones précoces. Il importe également d’être vigilant quant à la portance des sols. Avant tout apport, et notamment de produits organiques résiduaires à l’aide d’équipements lourds, il convient d’observer une période de ressuyage suffisante. En conditions ennoyées, l’azote n’étant pas le facteur limitant de la croissance des plantes, la priorité sera donnée au ressuyage.
Enfin, les prévisions météorologiques peuvent constituer une aide au positionnement des apports. En cas de fort gel annoncé, l’apport peut être décalé afin de coïncider davantage avec le redémarrage de la végétation. L’effet d’un décalage de l’apport à 300°C sur le rendement et la qualité reste globalement faible. Un apport au-delà entraîne en revanche des pertes de rendement et ce, d’autant plus que l’exploitation sera précoce (pâturage, récolte avant épiaison).