Bienvenue à la Ferme change de dimension
Le 19 janvier, le réseau Bienvenue à la Ferme de la Somme
invitait ses adhérents à une rencontre départementale,
à Ponthoile. Au menu : bilan des actions 2015 et plan d’actions pour 2016.
Se faire connaître et faire connaître son savoir-faire, telle serait la formule qui pourrait être retenue pour définir la philosophie du réseau Bienvenue à la Ferme, créée en 1989 dans la Somme. Sans oublier la mise en place de projets communs, l’entraide et la valorisation des produits fermiers. Aujourd’hui, le réseau réunit 81 adhérents qui interviennent autour de quatre thématiques (loisirs, séjours, produits fermiers et restauration), et qui proposent 108 prestations.
Comme chaque année, le réseau a organisé en 2015 ses opérations Printemps et Automne à la ferme, l’occasion pour tous les curieux du monde agricole de découvrir les coulisses des exploitations, le travail des agriculteurs, comme la passion qui les anime. Mais ouvrir les portes de ses exploitations ne suffit pas pour rayonner hors de son territoire. Aussi le réseau participe-t-il au Salon international de l’agriculture, à Paris, pour faire découvrir l’agriculture de son territoire.
Les nouveautés 2015
Pour répondre au mieux aux attentes des visiteurs et offrir une plus grande lisibilité aux adhérents, le réseau a décidé en 2015 de thématiser les activités pour les loisirs, les séjours et les hébergements. C’est ainsi que sont nés, l’an dernier, la ferme gourmande, Z’aniferme (animaux à la ferme), la rando ferme, la ferme Bacchus… pour offrir la prestation précise recherchée par les visiteurs. Des formules qui ont, semble-t-il, touché leur cible.
Autre nouveauté, mais dans la continuité de la politique du réseau, les agréments donnés. Ce sont, en fait, deux agréments qui ont été décernés, le premier à Georges Grisauval, installé à Quend, où il produit des fromages de chèvre ; le second à Pierrick Capelle, installé à Flers, à la ferme du plan d’endives. «Outre le respect des normes de sécurité et d’hygiène, et un savoir-faire conséquent dans leur activité, ces deux agriculteurs ont été agréés également pour la passion qu’ils ont pour leur métier et leur envie de le partager avec les autres», précise Laëtitia Dessaint, animatrice agri-tourisme Bienvenue à la Ferme.
Si Mathilde et Rémi Degrendel ne sont pas, eux, des petits nouveaux dans le réseau, ils ont étoffé leur offre en ajoutant à la vente des produits fermiers à Cappy des propositions de visite dans le cadre d’une ferme de découverte. Cette autre corde à leur arc permettra d’expliquer aux petits comme aux grands leur travail, la culture des fruits et légumes. De nouvelles cordes à son arc, tel aura aussi le réseau en cette année 2016.
La grande Région s’invite dans le réseau
1er janvier 2016 : c’est la date officielle de la fusion des régions de Picardie et du Nord-Pas-de-Calais. Le réseau Bienvenue à la Ferme n’a pas cependant attendu le premier jour de l’année pour travailler à leur rapprochement. «Nous avons eu plusieurs rencontres avec le Nord-Pas-de-Calais pour évoquer nos façons de travailler, ce qui pourrait être harmonisé, et ce qu’il est possible de faire ensemble dès maintenant», précise Laëtitia Dessaint.
En termes d’harmonisation, le Nord-Pas-de-Calais a, par exemple, décidé de se calquer sur le modèle du Printemps à la ferme en Picardie, soit des portes ouvertes durant tous les week-ends du printemps, et non un seul, comme il le faisait jusqu’ici. L’harmonisation se traduit aussi par la réalisation d’un seul site pour le réseau, et un guide commun. «Mais, pour les adhérents, cela ne change rien, il y aura toujours quelqu’un à l’échelle départementale pour les accompagner», dit l’animatrice.
L’autre «révolution» sera dans l’harmonisation des cotisations, chaque région, voire chaque département, avait son tarif. La cotisation régionale sera donc la même, quel que soit le département. Il ne s’agira plus en fait d’une cotisation, mais de trois formules proposées aux adhérents. La première, la plus basique, et donc la moins onéreuse (68 € HT), la formule dite contact, la seconde, dite conseil, (132 € HT), et la troisième, dite conseil + (195 € HT). Mais le grand projet de l’année que le réseau souhaite organiser est la rencontre des adhérents de la désormais grande Région pour resserrer les liens et profiter de synergies nouvelles.
D’ores et déjà, les adhérents de la Somme ont formulé leurs souhaits pour cette nouvelle année. Ils demandent le renouvellement des calendriers des fermes de découverte avec un programme complet afin de mettre en avant leurs offres. Pour ceux qui font de l’hébergement, ils souhaitent que des formations sur les réseaux sociaux leur soient proposées afin d’y développer leur présence. Enfin, pour ceux qui font des produits fermiers, ils désirent que l’activité traiteur soit professionnalisée.
INTERVIEW
Delphine Mourette, De l’Agence de développement et de réservation touristique de la Somme
«Nous sommes entrés dans l’ère de la personnalisation»
Quelles sont les offres existantes dans la Somme ?
Selon les chiffres de 2014 (ceux de 2015 ne sont pas encore disponibles, ndlr), il y a 92 hôtels contre 60 en 2000, 140 campings contre 148 en 2000, 7 résidences de tourisme, 613 gîtes et meublés touristiques labellisés, et 406 chambres d’hôtes labellisées. 43 % des nuitées se font en hôtel, 35 % en campings et 12 % en locations et chambres d’hôtes.
Quels sont les lieux de visite privilégiés des touristes ?
Amiens et l’Amiénois ont été visités par 1,2 million de touristes en 2014, dont la moitié est venue pour la cathédrale d’Amiens. Le deuxième lieu de visite est la Baie de Somme, avec 1,07 million de touristes. Ce sont le chemin de fer de la Baie de Somme, l’Aquaclub Côte Picarde et le Parc du Marquenterre qui sont les plus prisés. Le troisième lieu est la vallée de la Somme, soit plus de 671 000 visiteurs, dont plus de 214 000 pour le centre d’interprétation de Thiepval, et plus de 192 000 pour le Mémorial Terre-Neuvien.
Quelles sont les nouvelles attentes des clients et touristes ?
Le comportement des consommateurs change, influencé par des mutations profondes de notre environnement politique, économique et sociétal. Aujourd’hui, le client ne veut plus juste acheter un produit, une chambre d’hôtel pour dormir, il veut y vivre une expérience.
Nous vivons la troisième révolution d’Internet. Des processeurs de plus en plus puissants nous donnent accès à l’information de plus en plus rapidement, et de manière plus large. Aujourd’hui, l’économie passe par le numérique.
Les consommateurs veulent être connectés à d’autres consommateurs en se réunissant en communautés d’utilisateurs en qui ils ont confiance - c’est la puissance des réseaux sociaux et de certains sites comme Tripadvisor. On note l’importance des avis clients (que l’on trouve partout maintenant) dans les décisions d’achat.
Nous sommes aussi entrés dans l’ère de la personnalisation. Aujourd’hui, nous avons envie de produits personnalisés, car nous sommes tous différents et avons des besoins différents. On personnalise sa voiture, ses baskets, ou son Monopoly.
Les clients attendent de même en matière de séjours touristiques.
Je finirai en citant Jean-Didier Urbain, sociologue, docteur en anthropologie sociale et culturelle : «En 2026, les vacances seront de plus en plus des sortes d’espace-temps de thérapie où l’on se soignera de toutes les blessures de la civilisation urbaine : la pollution, la promiscuité … Ce sera aussi la possibilité de retisser des liens amicaux, familiaux ou amoureux que l’on a du mal à maintenir ou entretenir dans une société de plus en plus urbanisée.»
Il est donc indispensable pour les professionnels du tourisme de prendre conscience de ces mutations réelles et profondes, et de s’adapter à ces nouvelles exigences, d’autant que les destinations campagne ont leur carte à jouer en matière de rupture, de déconnexion du cadre urbain, de ressourcement et de mise au vert.
Propos recueillis par F.G.