Centenaire de la Somme : se souvenir et aller de l’avant
Mercredi 6 avril, le comité ministériel «Somme 2016» a fait
le point sur l’ensemble des cérémonies organisées à l’occasion du centenaire de la Bataille de la Somme.
«Des jeunes de tous les continents, de tous les pays, de toutes les races sont venus combattre à nos côtés lors de la Grande Guerre. Ils ont donné leur vie pour notre liberté. Au-delà de l’hommage que nous leur devons et du travail de mémoire qui doit être fait, cette histoire doit éclairer notre jeunesse sur la difficile construction de la paix, car celle-ci n’est pas innée», déclare Jean-Marc Todeschini, secrétaire d’Etat chargé des anciens combattants et de la mémoire. Une histoire d’une solidarité transfrontalière et d’un désir de paix qui manquent cruellement au sein de notre Europe, déchirée notamment par la gestion de la crise des migrants et le repli sur soi de chaque Etat européen.
Toutes les commémorations prévues, que ce soient au travers des cérémonies internationales (du 23 avril au 18 novembre 2016), des actions pédagogiques mises en œuvre par l’Académie d’Amiens, des autres cérémonies, des projets interactifs sur Internet, des concerts et autres manifestations culturelles, etc., concourent à faire un trait d’union entre ce passé tragique et l’avenir. «S’il est important de se souvenir des morts de la Grande Guerre, il est tout aussi important de véhiculer un message de paix. En ces périodes troublées, ce qui doit tous nous animer, c’est de cultiver la paix entre les pays, comme de dépasser les rancœurs et les divisions», commente Laurent Somon, président du Conseil départemental de la Somme.
Un esprit de paix que l’on retrouve dans la participation à l’organisation des cérémonies du centenaire de tous les pays ayant eu part au conflit, l’Afrique du Sud, l’Allemagne, l’Australie, le Canada, la Grande-Bretagne, l’Irlande et la Nouvelle-Zélande, tous aux côtés de la France. «L’Europe, c’est la paix. C’est cela qu’il faut transmettre aux jeunes générations qui porteront son avenir au travers de ce centenaire», rappelle Jean-Marc Todeschini. Dans ce même esprit de concorde, le secrétaire d’Etat chargé des anciens combattants et de la mémoire a tenu à ce que le centenaire de Verdun et celui de la Bataille de la Somme soient traités sur un pied d’égalité. «Il n’y avait qu’une bataille, la bataille de France, rappelle le général d’armée, Elrick Irastoza. Verdun et la Somme sont les deux faces de cette bataille tragique. C’est un même destin et une même souffrance pour tous les soldats. Aussi, l’important est-il de mettre des noms et des visages sur chacun d’eux, chercher à comprendre ceux qu’ils ont vécu, ainsi que leurs familles.»
Sans surprise, la sécurité sera maximale sur tous les sites. Leur accès ne se fera que sur invitation, et après un contrôle strict sur l’ensemble des territoires concernés. «Beaucoup de travail et de moyens sont mis en œuvre pour assurer la sécurité tout au long des célébrations», précise le préfet de la Somme, Philippe de Mester. Avec des dizaines de milliers de personnes attendues, il ne faut pas s’attendre à pouvoir circuler d’un site à l’autre pour suivre plusieurs commémorations sur un même jour. L’autre enjeu sera de savoir comment faire vivre cette mémoire de la Grande Guerre au-delà du centenaire. Entre les mémoriaux, les musées, les expositions, le centre d’interprétation de Thiepval, qui sera inauguré le 2 juin, la Somme a de quoi faire vivre le tourisme de mémoire, même s’il connaîtra forcément un essoufflement après le centenaire.
Des temps forts
Des noms et des visages, il en sera question tant lors de l’Anzac Day, le 23 avril, près de Longueval, et le 25 avril à Villers-Bretonneux, mais aussi lors de la veillée d’armes du 30 juin au 1er juillet, au mémorial de Thiepval, où des membres de la famille royale britannique sont attendus. Ce même jour, ainsi que les suivants, des cérémonies du souvenir se dérouleront à Beaumont-Hamel, à Fricourt, à Courcelette, à Artmentières, à Longueval, à Pozières, etc., pour rendre hommage aux soldats canadiens, sud-africains, écossais, britanniques, australiens, irlandais et néo-zélandais tombés pour la France.
Par ailleurs, un hommage à la Légion étrangère sera rendu au cours de deux concerts, l’un à Belloy-en-Santerre, le 4 juillet, et le lendemain au Zénith d’Amiens. Enfin, le 12 novembre, trois cents choristes allemands, britanniques, belges et français, accompagnés de l’orchestre symphonique du Conservatoire d’Amiens interpréteront une création musicale imaginée pour l’occasion par un collectif de compositeurs européens.
Un même esprit européen soufflera sur les actions pédagogiques mises en place entre l’Académie d’Amiens et le British council, qui réuniront trois cents jeunes français et trois cents jeunes britanniques, dont le nombre correspond aux six cents tombes individuelles au Mémorial de Thiepval.
Des actions spécifiques en direction des jeunes seront également menées : la remise d’un livret sur la Somme dans la Première Guerre mondiale, les Olympiades de la Grande Guerre...
Et parce que la paix doit être le désir de tous, le Conseil départemental lance un projet interactif numérique, invitant chaque habitant de la planète à rédiger un haïku, en français ou en anglais, sur le thème de la paix. Le lancement officiel sera le 1er juillet. L’ensemble des poèmes sera publié sur une page spéciale sur le site somme 14-18.com.
Pour en savoir plus : somme14-18.com et somme-battlefields.com