Congrès de la CGB : réflexion sur la gestion des risques
Les outils de gestion des risques étaient au cœur des débats du congrès de la CGB, le 6 décembre, alors que la fin des quotas en 2017 marque le début d’une nouvelle ère.
Face à l’instabilité croissante des marchés et à la volatilité marquée des cours du sucre, la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) a réfléchi aux outils de gestion de risque à mettre en place, notamment dans le cadre de la Pac post-2020, lors de son congrès annuel, le 6 décembre, à Paris. Premier constat : les aides directes doivent être maintenues. Elles constituent même, pour Yves Madre, directeur de Farm Europe, «la juste rémunération de ce que la société demande aux agriculteurs». Mais «elles n’ont jamais été construites pour faire de la gestion de risque», précise Jean Cordier, professeur d’économie rurale à AgroCampus Ouest.
Il faut donc les compléter, entre autres, par les marchés à terme : le système est désormais incontournable pour le colza et le blé, et la filière sucre présente «des similitudes» avec ces filières, estime Jean-Loïc Bégué-Turon, responsable clients matières premières chez Caceis (groupe Crédit Agricole). Avec quelques nuances tout de même : les betteraviers s’engagent à produire plus longtemps à l’avance, ils livrent sans pouvoir stocker et souvent à un seul sucrier, ce qui fait que le prix moyen reste encore d’actualité. «Pour que cela fonctionne, il faut que toute la filière en ait envie», explique Jean-Loïc Bégué-Turon. Cependant, cet outil permet de gérer la volatilité à court terme et doit nécessairement être complété par d’autres.
Comment stabiliser les revenus
La Commission européenne, dans le cadre du règlement omnibus (révision à mi-parcours du cadre financier 2014-2020), avance de nouvelles propositions, notamment un instrument de stabilisation du revenu ciblé, une diminution du seuil d’activation de 30 % à 20 %. Le président de la CGB, Eric Lainé, s’est dit «favorable à une telle évolution». Les betteraviers aimeraient, en revanche, qu’il soit indexé non pas sur le revenu du seul agriculteur, mais sur des indices, et mis en place rapidement, avant 2018.
La CGB souhaite également revoir la dotation pour aléas, plus souple sur le délai, et les conditions de réintégration, avec une déduction en fonction du chiffre d’affaires. Daniel Mercier-Gouin, de l’Université de Laval (Québec), a présenté l’approche canadienne, bien différente. Dans certaines provinces, le taux d’agriculteurs assurés atteint 75 %, à des niveaux de couverture très élevés (70 ou 80 %), car l’Etat n’indemnise pas les non assurés en cas de mauvaise récolte.
Pour Jean Cordier, «il faut atteindre ce genre de taux pour que l’assurance fonctionne». Franck Sander, président de la Commission économie de la CGB, estime, de son côté, que l’assurance ne doit pas être obligatoire, mais «accessible», avec un taux de déclenchement ramené à 20 % au lieu des 30 % actuels. «Chacun doit pouvoir y accéder au moins une fois dans sa carrière. Or, ce n’est pas le cas avec un taux de 30 %, malgré l’année catastrophique que nous venons de vivre», commente-t-il.