Agronomie
Contre l’érosion, luttons collectivement
Le département de la Somme est confronté chaque année à des phénomènes orageux, de plus en plus violents. Cette année en est la preuve avec plusieurs pluies orageuses de fortes intensités (20 à 60 mm en quelques minutes) qui ont provoqué de nombreux dégâts dans les cultures mais qui ont aussi engendré des coulées de boue endommageant les sols agricoles, les habitations et les milieux naturels.
Le département de la Somme est confronté chaque année à des phénomènes orageux, de plus en plus violents. Cette année en est la preuve avec plusieurs pluies orageuses de fortes intensités (20 à 60 mm en quelques minutes) qui ont provoqué de nombreux dégâts dans les cultures mais qui ont aussi engendré des coulées de boue endommageant les sols agricoles, les habitations et les milieux naturels.
Dans les Hauts-de-France, la texture des sols est dans l’ensemble limoneuse (en totalité ou partiellement), cela engendre une sensibilité plus importante pour la battance et l’érosion. Selon des études, plus d’un tiers des surfaces cultivées dans la région est concernée par des pertes annuelles de terres allant de 2 à 20 t/ha/an, alors que la formation d’un sol est d’environ 1 t/ha/an. L’érosion est la plus importante en hiver et au printemps lorsque les sols ne sont pas couverts ou que les cultures viennent juste d’être implantées.
Pour anticiper ces phénomènes et limiter l’érosion des sols, la Chambre d’agriculture de la Somme et Somea (association de lutte contre l’érosion) ont organisé trois réunions d’informations en mai dernier à Ailly-le-Haut-Clocher, Millencourt et Candas pour cibler les zones les plus touchées par ces problématiques (bassins versants suivants : Nièvre, Authie, Dien, Scardon, Tête de l’Hallue et Tête de l’Ancre).
L’objectif est de travailler sur des méthodes agronomiques, à tester directement aux champs, qui pourraient limiter ces phénomènes d’érosion. Pour cela, un groupe d’agriculteur intéressé par la démarche est en train de se former.
Pourquoi intégrer un groupe sur l’érosion des sols ?
La création de groupe d’agriculteurs sur une thématique précise permet de faire avancer collectivement les agriculteurs sur des sujets qu’ils n’auraient pas osé tester seul dans leurs systèmes (prise de risque). En effet, ce type de groupe (souvent type GIEE, groupement d’intérêts économique et environnemental) permet d’aller chercher des financements pour mettre en place des essais, faire des formations et trouver des solutions aux problématiques communes déterminées par les agriculteurs.
L’objectif du groupe sur l’érosion des sols est de tester avec les agriculteurs des pratiques agronomiques telles que l’ACS (agriculture de conservation des sols) avec, notamment, des réflexions sur le choix et la mise en place de couverts végétaux d’interculture et le travail du sol. En effet, ces deux pratiques ont une action sur l’infiltration de l’eau dans le sol, et permettent de limiter l’érosion.
Importance du choix des couverts d’interculture
La couverture du sol via des couverts d’interculture permet de réduire la vitesse des gouttes d’eau lorsqu’elles atteignent le sol, «l’effet splash», et réduit ainsi la destruction des agrégats et la formation de croute de battance. Les couverts contribuent à limiter les ruissellements et améliorer l’infiltration de l’eau dans le sol, notamment par leur système racinaire.
En effet, les racines des couverts jouent un rôle puisqu’elles agrègent les particules de sol sous la forme de plus gros agrégats ce qui les rendent plus résistants aux pluies de fortes intensités.
Importance de limiter le travail du sol
Le travail du sol engendre des déplacements de sols dans les parcelles, ce type d’érosion est nommé érosion mécanique ou érosion aratoire. L’intensité de ce type d’érosion dépend de nombreux facteurs : le type d’outil, la profondeur du travail, la vitesse de progression, les pentes, l’orientation du travail du sol par rapport à la pente, la fréquence et l’alternance des passages et le type de sol.
Bien-sûr, il n’existe pas une solution unique et universelle à tout secteur et type de sol. D’où l’importance de faire des essais sur les différents secteurs ciblés afin de trouver les pratiques complémentaires les mieux adaptés à cette problématique.
Alors, pourquoi pas vous ?
Association Somme espace et agronomie
Le 3 juillet dernier s’est tenue à Grouches-Luchuel, l’Assemblée générale de l’Association Somme espace et agronomie (Somea) émanant de la Chambre d’agriculture de la Somme et du Conseil départemental. Présidée par Emmanuel Noiret (Vice-président au Conseil départemental) et en présence de Françoise Crété (présidente de la CA80), des représentants des collectivités et des différents partenaires de l’association, l’AG a mis en avant les différentes activités et interventions de Somea en matière d’érosion des sols. En début de séance, un retour sur les orages du mois de mai a été l’occasion d’échanger sur les facteurs à l’origine des dégâts occasionnés sur les différents bassins versant impactés. En fin de séance, un point sur l’avancée de l’animation agricole sur les six bassins versants (Dien, Scardon, Authie, Nièvre, Hallue et Ancre) a été réalisé. Les échanges sur ce sujet ont montré l’intérêt et les attentes sur le développement de pratiques culturales adaptées contre l’érosion. L’après-midi, Francis Petit (Maire de Grouches-Luchel et VP à la CCTNP) et Émilie Dorge (technicienne en charge de l’érosion à la CCTNP) nous ont présenté quelques aménagements de lutte contre le ruissellement et l’érosion récemment réalisés sur la commune, qui ont déjà montré leur efficacité à peine terminés.