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De la recherche et de l’innovation dans les agroressources

Les partenaires du réseau Picardie Technopole Santerre Haute Somme, sur le thème de l’innovation pour la production et la valorisation alimentaire et non-alimentaire des agroressources ont exposé leurs travaux de recherche.

L’Inra poursuit sa recherche variétale sur le miscanthus, source de biomasse.
L’Inra poursuit sa recherche variétale sur le miscanthus, source de biomasse.
© Stephane Leitenberger


Vingt-quatre manifestations, dans plus de seize villes de notre nouvelle région, ont été comptabilisées pour la première édition de la semaine dédiée à la recherche et à l’innovation dans les Hauts-de-France. Cet événement est créé et financé par le Conseil régional, en partenariat avec Nord France Innovation Développement. Ainsi, à cette occasion, l’ensemble des partenaires du réseau Picardie Technopole, ont organisé, vendredi dernier, une rencontre à l’espace Mac Orlan à Péronne. Les agroressour­ces, décrites comme la solution d’avenir pour substituer aux produits d’origine pétrolière, ont été au cœur des discussions et exposés ce jour-là.
«Le site Picardie Technopole, im­planté au cœur de la région du Santerre, région où les terres sont les plus riches du monde dit-on, est un lieu d’accueil et de création pour les entreprises de haute technologie», rappelle Philippe Cheval, président de la communauté de commune de la Haute Picardie. Et de poursuivre : «Appartenant au club du Technopole, ce site destiné à aborder les thématiques du savoir-faire du territoire est un coup de projecteur sur notre région.»

Agroressources : enjeux pour l’agriculture
L'agriculture est, aujourd’hui, con­frontée à de multiples enjeux. Elle nécessite de maintenir une production intensive, tout en réduisant son empreinte environnementale et en contribuant à la production de carbone renouvelable. De plus, les politiques s’acharnent à une lutte contre les émissions de gaz à effet de serre (responsable du réchauffement climatique), contre le lessivage des nitrates et des intrants. Ils cherchent, dorénavant, à réduire la dépendance aux ressources fossiles.
L’ensemble de ces éléments est à l’origine, aujourd’hui, du dé­ve­lo­ppement des énergies renouvelables et au recours à la biomasse cellulosique, source d'énergie inépuisable et dégageant très peu de gaz à effet de serre. Le tout étant de concevoir de la matière première renouvelable dont la transformation par les industriels permet de concevoir des produits performants aux impacts environnementaux réduits. C’est cette matière première qu’on dénomme les agroressources.
Produire du carbone renouvelable en mobilisant l'agriculture est, ainsi, devenu presque évident et inéluctable. Néanmoins, l’utilisation de biomasse cellulosique et de cultures dédiées à celle-ci représentent également un défi alimentaire. «Pouvons-nous aujourd’hui dédier une culture uniquement à la production de biomasse sur notre territoire, sachant qu’à l’horizon de 2050, on évalue la population à
9 milliards d’habitants et que les habitudes alimentaires sont en train de changer ? Quels systèmes de culture devons-nous chercher à mettre en place ? Des cultures soit annuelles, soit pérennes ?», interroge Maryse Brancourt, directrice de recherche à l’Inra AgroImpact.

Une unité de recherche spéciale
L’Inra a monté son unité de re­cherche des Agroressources et Impacts environnementaux, baptisée AgroImpact. «AgroImpact étudie des systèmes de grande culture à vocation alimentaire ou dédiés à la production de carbone renouvelable. Les travaux menés portent sur les impacts environnementaux, le déterminisme de la production de biomasse, la recherche de voies d'amélioration de ces systèmes via l'adaptation des pratiques agricoles et la sélection génétique», introduit Laurent Emilie, président de l’Inra Nord-Picardie-Champagne. «Une partie de nos travaux de recherche repose aujourd’hui sur la production et la transformation de biomasse lignocellulosique», complète-t-il.
Encouragée par l’émergence de nouveaux débouchés pour la biomasse avec l’éthanol deuxième génération, l’élaboration de nouveaux composites comme des portières de voitures ou encore la création de béton allégé et la chimie verte, AgroImpact est aujourd’hui acteur sur l’ensemble de ces projets.
A travers ceux-ci, l’unité de re­cherche de l’Inra tente de développer et d’adapter de nouvelles cultures. «L’enjeux est triple. Il faut concilier une production forte de biomasse par hectare, en créant de la matière végétale, et adapter la qualité aux débouchés, le tout en limitant les impacts environnementaux», déroule la directrice de recherche.

Produire de la biomasse avec du miscanthus
Le choix des recherches s’est alors tourné vers le miscanthus, appelé également «l’herbe à éléphant» ou «roseau de Chine». Cette plante herbacée vivace, originaire d’Afrique ou d’Asie du Sud, est choisie pour son fort potentiel en biomasse dû à son rendement fort en éthanol, mais également sa forte ressemblance génétique au maïs.
Les premiers travaux menés à l’Inra dans le cadre du projet Futurol, montre que de gros progrès peuvent être réalisés sur la recherche variétale. «Les différents essais variétés que nous avons déjà eu l’occasion de réaliser, nous indiquent que le miscanthus que nous cultivons aujourd’hui présente une variation si­­gnificative de la production d’éthanol, constate Maryse Brancourt. Ainsi, pour une tonne de matière sèche produite, 20 % d’éthanol supplémentaire pourraient être produits en améliorant la qualité», dit-elle. A ce jour, les premiers essais, menés sur le miscanthus à Estrées-Mons, montre une production moyenne de
6 400 litres d’éthanol par hectare contre 6 900 pour la canne à sucre. De plus, le miscanthus a l’avantage de pouvoir être utilisé en cascade. Sa production primaire est destinée à la fabrication d’éthanol deuxième génération et/ou à la chimie verte. Et le marc résultant de cette première production peut, par la suite, être valorisé en composite.
«La chimie issue de la biomasse (chimie verte) est la seule alternative pour la chimie du pétrole. L'efficacité des systèmes que nous mettrons en place demain doivent combiner une faible empreinte environnementale et une forte productivité. Mais gardons toujours en tête que cette culture ne sera développée que si les débouchés sont présents. Sans débouchés réels, nos recherches resteront au placard», conclut la res­ponsable génétique, Maryse Brancourt.

Partenaires du réseau Picardie Technopole Santerre Haute Somme

Le syndicat mixte du Pays Santerre Haute Somme

Inra
Agro-Transfert Ressources et Territoires
Chambre d’agriculture de la Somme
Arvalis Institut du Végétal
Terres Inovia

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