Débat sur l’agriculture à l’Assemblée nationale
Selon le ministère de l’Agriculture, 20 000 exploitations seraient éligibles au Plan de soutien.
8 000 dossiers ont d’ores et déjà été traités.
Lors du débat à l’Assemblée nationale, le 29 septembre, le ministre de l’Agriculture est longuement revenu sur l’origine des crises qui frappent le porc, le lait et la viande bovine. Des crises à la fois conjoncturelles et structurelles auxquelles «il faudra apporter des réponses de fond». Dans ces trois secteurs, les crises ont «un dénominateur commun : le prix», a-t-il indiqué. Pour la viande bovine, vient s’ajouter depuis quelques semaines, une crise sanitaire avec la réapparition de la fièvre catarrhale ovine (FCO). Pour le porc, nous sommes aujourd’hui au terme «de dix ans de dégradation», au cours desquels la production s’est développée en Allemagne et en Espagne, alors qu’elle a reculé en France, a-t-il observé.
La responsabilité en revient au manque d’investissements qui a plombé la compétitivité de la filière, aujourd’hui sinistrée par l’embargo russe. Sur ce sujet, il a annoncé qu’il serait à Moscou les 8 et 9 octobre «pour faire évoluer la situation sur l’embargo sanitaire», qui pourrait ouvrir des débouchés sur les gras et les abats de porc. Certes, s’il déplore l’attitude de l’Union régionale des groupements de producteurs de porcs «qui ont demandé que le prix baisse» au cadran breton, il plaide toujours en faveur de la valorisation de l’origine française «pour soutenir le prix et préserver un marché», ainsi que la mise en place de la contractualisation associant tous les maillons de la filière, à savoir les producteurs, les industriels et les grandes surfaces «pour intégrer les coûts de production en élevage». Le ministre ne désespère pas de retrouver le scénario vertueux de la volaille, en crise profonde en 2012, et qui a retrouvé les chemins de la croissance et de l’exportation, mais en insistant sur le fait qu’on «ne pouvait en rester à la compétitivité prix».
Aides européennes
Dans le lait, le ministre a insisté sur la dimension mondiale de la crise, «une crise de surproduction», liée à la reprise de la croissance des livraisons non seulement en Europe (pas en France), mais surtout en Australie et en Nouvelle-Zélande et au fait «que le débouché anticipé de la Chine ait été moins important qu’attendu».
Stéphane Le Foll est longuement revenu sur le Plan de soutien à l’élevage du 22 juillet dernier, complété par celui du 3 septembre pour dire que 8 000 dossiers d’exploitation avaient d’ores et déjà été traités par les cellules d’urgence sur une estimation de 20 000 exploitations en difficulté, et que l’enveloppe de 63 millions d’euros attribuées à la France, sur les 500 millions annoncés par Bruxelles «s’ajouterait au Plan de soutien à l’élevage». La crainte était que cette somme vienne en substitution d’aides déjà prévues.
Par ailleurs, le ministre a confirmé qu’il comptait bien atteindre l’objectif de 1 000 méthaniseurs - il y en a 250 actuellement - et que les 116 groupements d’intérêt écologique et environnemental créés couvraient désormais 100 000 hectares. Ils vont contribuer à assurer «l’autonomie fourragère des élevages» et «l’alimentation à bas coût» des animaux, et s’affranchir ainsi de la dépendance des marchés mondiaux. Stéphane Le Foll a également profité du débat à l’Assemblée nationale pour annoncer que «4700 Gaec avaient été créés entre janvier et août 2015, contre 400 à 500 habituellement», pour être éligibles à la surprime accordée au 52 premiers hectares décidée dans le cadre de la dernière réforme de la PAC. Il s’agit, pour l’essentiel, de la transformation en Gaec d’autres formes sociétaires (Earl notamment) qui ne bénéficient pas de la transparence.