Eco-activités : des filières d’avenir dans la Somme
Le 2 juillet dernier, le Conseil général remettait les prix aux lauréats du concours Eclosia, concours à la création d’éco-activités.
Eco-conception, éco-mobilité, éco-matériaux, éco-activité, éco-système… Tout est «éco» aujourd’hui. Au-delà d’un côté très tendance propre à notre époque, prévenir et limiter, voire corriger les impacts environnementaux s’impose. C’est en prenant compte de cette nécessité, comme de celle du développement économique du territoire, que le Conseil départemental de la Somme a lancé un programme ambitieux. Celui-ci a pour but de créer chez nous un terrain propice à l’implantation et à la croissance de projets issus des éco-activités. Car, ainsi que le dit le président du Conseil, Laurent Somon, «la qualité de notre milieu naturel s’y prête complètement».
L’outil majeur de ce programme est le concours Eclosia, doté chaque année d’une enveloppe de 50 000 euros, répartie entre les lauréats. Pour la 5e édition de ce concours, quatre lauréats ont été récompensés sur les seize candidats aux dossiers éligibles : Thomas Lecureux (transformation et valorisation scientifique des plantes aromatiques et médicinales bio), Sébastien Rubigny (création d’une machine permettant de réduire, réutiliser et recycler les déchets), Philippe Peultier (constructeur d’unités de méthanisation à la ferme), Gilles de Poncins (fabrication et commercialisation de bûches densifiées longue durée).
Un prix «Coup de cœur» a également été décerné à Reynald Thellier (installateur de ruches et de producteur de miel). Parmi tous ces projets innovateurs, celui de Philippe Peultier s’adresse directement aux éleveurs.
Méthanisation : un projet au service des éleveurs
La méthanisation, Philippe Peultier s’y est toujours intéressé. Ingénieur agricole de formation, il s’est spécialisé dans ce secteur dès les années 1980. Reste que la méthanisation n’a pas vraiment pris en France. «On en parle beaucoup, mais cela ne se développe pas vraiment dans notre pays, à la différence de ce que se fait en Allemagne à ce sujet», remarque-t-il. La méthanisation revient cependant à la mode en 2006, quand un tarif de rachat du kW biogaz est défini pour relancer l’énergie renouvelable produite à partir de ce processus.
Philippe Peultier n’hésite pas un instant. Après avoir travaillé à l’étranger et dans le sud de la France, il revient dans sa terre natale, la Somme. Et d’autant que l’ouest de la Somme est une région d’élevage bien adaptée pour le développement de cette activité et que les éleveurs ne valorisent pas en énergie leurs déchets. Mais la méthanisation n’est pas encore vraiment au point. L’ingénieur en agriculture planche alors sur la question jusqu’à trouver «le concept de digesteur et des installations simples, rustiques et adaptées au marché agricole». C’est ainsi qu’est née sa société Easymetha, spécialisée dans la construction d’unités de méthanisation à la ferme, à partir des déchets qui s’y trouvent (fumier et autres résidus sur l’exploitation).
«Ces installations ont des puissances de 40 à 200 kW. Elles sont constituées d’un ou de plusieurs digesteurs, d’un groupe de cogénération, d’un séchoir polyvalent et d’un chauffage des habitations. Toutes ces installations sont d’une très grande facilité d’exploitation et d’un coût adapté aux capacités d’investissement des éleveurs. Notre procédé est très bien adapté à l’élevage sur paille en logette», détaille l’ingénieur agricole.
La méthanisation se fait en continu. Le système est donc très productif et ne nécessite pas de manutention de la part de l’éleveur. Et un système qui, de surcroît, peut rapporter aux agriculteurs, puisque, outre une meilleure maîtrise de l’azote du fumier, ils peuvent produire eux-mêmes de l’électricité (1 vache = 1 kW) et de la chaleur. Pour que la démonstration soit complète, un site pilote sera installé à proximité d’Amiens d’ici la fin de l’année. Affaire à suivre...
Chiffres clés du concours Eclosia depuis 2010
84 candidatures sélectionnées
72 projets considérés comme éligibles
Plus de 40 % des candidats sont exogènes au département
50 porteurs de projet sont accompagnés, dont 20 qui n’ont pas encore créé leur société
30 structures sont existantes
Plus de 50 emplois créés