Environnement : des haies et des fascines pour la biodiversité
Les salariés en insertion de l’Association du Vimeu ont planté plus de 8 000 km de haies en deux ans. Des chantiers commandés par les communes et le Syndicat mixte Baie de Somme 3 vallées.
Le rôle environnemental des haies est souvent négligé. Et pourtant, elles sont un véritable atout dans le paysage : accueil d’une biodiversité riche, effet de brise-vent, lutte contre l’érosion du sol… Le Syndicat mixte Baie de Somme 3 vallées (SMBS3V) en a bien conscience et mène des actions concrètes dans les communes intéressées de son territoire.
«Nous nous concertons avec les élus, les habitants et les agriculteurs pour cibler leurs objectifs. S’ils collent avec les nôtres, nous définissons les endroits où nous planterons des haies, ou ceux où des fascines seront construites pour lutter contre l’érosion du sol», indique Florian Chevalier, du pôle environnement du SMBS3V. Des subventions ont été débloquées via le Feader (Europe), et la Fédération des chasseurs de la Somme participe à la fourniture du matériel.
Des salariés en insertion
Pour réduire les coûts, une équipe de l’Association du Vimeu, qui emploie des salariés en insertion, a été sollicitée. «Nous avons planté 4 250 km de haies l’année dernière et 4 480 km cette année dans les communes de Estrées-lès-Crécy, Bellancourt, Neufmoulin, Millencourt-en-Ponthieu, Neuilly-L’Hôpital, Bourseville et Brailly-Cornehotte», précise André Cléret, formateur. Le coût de l’opération s’élève, pour les haies, à 14 000 €, et environ autant pour les fournitures.
Ce mardi matin, un chantier était d’ailleurs en cours à Bourseville. Onze salariés s’affairaient : pictage, débrouillage du terrain, puis marquage au sol tous les mètres, création des trous, plantation des arbres. Il s’agit de la création d’une réserve pour le gibier, dans une parcelle du syndicat des eaux local. Les essences, uniquement locales, sont soigneusement choisies : «des charmes, des pruneliers, des érables champêtres, des cornouillers sanguins et des viornes, que nous plantons deux par deux, en alternance dans chaque haie», énonce André Cléret. Chacun joue un rôle. Les pruneliers, par exemple, ont l’intérêt de donner des fruits dont certains oiseaux sont friands.
Une filière à mettre en place
Pour l’association du Vimeu, c’est toute une filière à mettre en place. «Nous devons former les salariés à ces tâches, travailler avec les pépiniéristes, les communes, le SMBS3V et aussi Somea (Somme espace agronomie)», explique Franck Bomy, chargé de développement. Les salariés, eux, acquièrent une nouvelle compétence, qu’ils pourront valoriser sur leur CV. Franck Bomy pense que ses ouvriers seront de plus en plus sollicités pour cela, car les chantiers devraient se multiplier.
Florian Chevalier confirme : «Sur les 137 communes de notre territoire, ces 8 000 km de haies ne représentent pas grand-chose, mais c’est un bon début. L’idée est surtout d’inciter à préserver plutôt que d’arracher.» Le SMBS3V effectue notamment des diagnostics dans chaque commune, pour mettre en avant l’intérêt de leurs haies et les zones à risque. Des demandes de subventions ont été faites pour poursuivre les efforts l’année prochaine.
L’érosion : problème récurrent en région
Courtemanche, Monchy-Lagache, Canaples, Candas, Doullens, Naours, Mareuil-Caubert… Ces communes font partie de la longue liste des inondées en 2016. De tels événements pourraient malheureusement se reproduire car, en Hauts-de-France, le problème est récurrent. En cause : le ruissellement de l’eau et l’érosion des sols, problématique importante dans la région.
Selon la Dreal, 15 % des surfaces non artificialisées des Hauts-de-France seraient concernées par un risque fort ou très fort d’aléa érosion, contre 8 % à l’échelle nationale. Près d’une commune sur deux aurait été reconnue en état de catastrophe naturelle à cause de coulées de boue ces trente dernières années. 40 % du territoire est affecté par des pertes en terre supérieures à une tonne par hectare chaque année. Les facteurs sont multiples : urbanisation, développement du réseau routier, modification du paysage rural, évolution de l’agriculture et des sols (tassement), le tout multiplié par les épisodes pluviométriques de plus en plus violents du fait du réchauffement climatique, surtout au printemps et à l’automne…