Ils innovent : Dominique et Elise Bayart
Dominique et Elise Bayart planchent depuis 2018 sur l’élaboration d’une rampe de traitement localisé sur les plants de pommes de terre.
Des plants de pommes de terre traités aux petites oignons chez les Bayart
C’est simple comme bonjour, mais jusqu’ici personne n’a eu l’idée de mettre en place un système de pulvérisation localisée sur la culture de plants de pommes de terre. Installé depuis 1982, Dominique est à la tête d’une exploitation agricole de 380 ha à Cerisy-Buleux. Sur tous les hectares de cultures, 150 d’entre eux sont consacrés à la pomme de terre, culture exigeante s’il en est en termes de traitements phytosanitaires.
Comme chaque année, c’est toujours la même histoire. «On doit réaliser en tout début de végétation, soit dès la levée des pommes de terre, des traitements insecticides, surtout à base d’huile minérale. Or, on pulvérise tout le champ alors que le sol n’est pas recouvert en totalité par la culture. Non seulement, c’est une perte de produit, mais, en plus, le sol n’a pas besoin d’huile minérale», raconte Dominique Bayart. La solution serait donc de cibler le traitement de la plante jusqu’à ce qu’elle recouvre toute la terre.
Mise en route du projet
Le manque de temps et l’absence d’interlocuteurs font que l’idée reste en suspens, dans un premier temps, jusqu’à ce que Dominique échange avec sa fille, Elise, tout aussi passionnée d’agriculture que lui, et étudiante en quatrième année à UniLaSalle, spécialisée dans l’innovation agricole. Le projet prend forme peu à peu : ce sera celui d’une rampe de traitement localisé, ayant pour objectif de réduire l’épandage de produits phytosanitaires sur la culture de plants de pommes de terre en début de végétation. De telles rampes existent pour la culture de betterave et celle du maïs, mais elles ne sont pas adaptables à la pomme de terre. Il faut donc innover. «On part un peu à l’aventure, mais c’est une belle aventure», commente Elise Bayart. Et une aventure dont le budget maximal qu’ils comptent investir ne doit pas dépasser les 50 000 €.
Père et fille multiplient dès lors les mesures au champ, les calculs et les recherches. Puis, ils se rapprochent d’un constructeur de matériel belge, avec lequel Dominique Bayart a de bonnes relations, pour réfléchir au prototype de rampe qu’ils aimeraient élaborer. Ils impliquent aussi dans leur projet le technicien de la chambre d’agriculture et celui du Comité Nord plants de pomme de terre, qui interviennent tous deux dans l’exploitation.
Cette rampe de 18 m, composée de cinq modules indépendants de 3,60 mètres chacun, pulvérisera uniquement le rang de pommes de terre et non la totalité de la parcelle. La rampe sera équipée de sondes, d’ultra-sons et de caméras. Elle pourrait être utilisée pour les six premiers passages. «Dès les premiers passages, on pourrait n’utiliser que 15 à 20 % de la dose, soit 80 % en moins de produits que d’ordinaire», relève Elise. Son nom de code ? Precisea. Reste que la confection de la rampe ne sera pas une mince affaire, car il faudra être très pointu dans les choix retenus pour bien cibler la pulvérisation. «On sera impliqués dans le bureau d’études du constructeur pour l’élaboration», indique Dominique Bayart. Si tout roule, le prototype devrait être prêt en mai 2020, et la rampe opérationnelle début 2021.