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Inquiétude des producteurs de lait du Vimeu et du Thil pour leur avenir

Dans un contexte difficile, où le marché mondial est excédentaire, Senagral annonce un prix de base moyen de 275 € les 1 000 litres pour 2016 et explique ses projets.

© AAP


«A la façon d’agir de nos administrations, de nos politiques, même en étant optimistes, on peut se demander s’ils veulent encore des élevages de demain. Ce n’est pas nos 40 vaches à 37 € qui vont nous retenir», fait remarquer Sébastien Théron, président de l’association des producteurs de lait du Vimeu, lors de l’assemblée générale de l’association des producteurs de lait du Vimeu et du Thil qui s’est tenue le jeudi 16 Juin à Martainneville.
Rattachés à la zone du Quincampoix, ces deux groupements de producteurs de lait représentent à eux deux plus de 50 % du volume collecté pour la laiterie Senagral. Environ 56 millions de litres de lait ont été livrés en 2015 par cette zone, avec une moyenne en matière gras­se de 40,15 grammes et de 32,82 gram­mes pour la matière protéique. Une nette amélioration sur le taux de cellules a été soulignée par la laiterie, moins 24 000 par rapport à 2014. A l’inverse, le taux butyrique est en hausse 1 725 spores/l en 2015 contre 1 486 spores/l en 2014. Le prix de base moyen en 2015, toutes qualités confondues s’élèvent à 312,987 € pour le Vimeu, à cela s’ajoute les incidences matières grasses (+ 5,372 €) et protéiques (+ 4,267 €) ce qui nous fait un total de 322,626 €. Pour le Thil, le prix de base moyen toutes qualités con­fondues était de 311,782 €, plus 8,252 € pour les incidences matières grasses et 8,223 € pour les incidences matières protéiques, soit un total de 328,257 €. Depuis le début de l’année, ce prix de base ne cesse de se dégrader. Les producteurs de lait du Vimeu et du Thil étaient nombreux à avoir fait le déplacement lors de cette assemblée générale afin d’obtenir des explications de leur laiteries face à ce prix trop bas.

Demande de volume
Avant d’aborder la conjoncture laitière et le prix du lait pour les mois prochains, Joseph Petit, vice-président de l’association des producteurs de lait du Vimeu, a rappelé les règles pour l’attribution de volume supplémentaire. Les éleveurs laitiers, membre de l’association, souhaitant obtenir un volume supplémentaire peuvent faire une demande de confortation ou de développement.

Conjoncture laitière
«Des situations comme celle d’aujourd’hui, nous en avons déjà con­nu en 2008 ou encore en 2002», commente Gilles Sanzey, directeur des approvisionnements en lait, «mais jamais trois années de suite», ajoute-t-il.
Depuis trois ans, le marché mondial est en surproduction, «nous produisons plus que nous ne con­sommons», explique Hervé Brasseur, président de l’association du Thil. Aucun système de régulation des volumes de production a été mis en place au niveau européen suite à la fin des quotas laitiers en mars 2015. «C’est l’offre et la demande qui détermine le prix», commente Gilles Sanzey, «de plus, chaque pays européen attend que ça soit l’autre qui régule.» Ainsi, en 2015, tous les pays d’Europe ont produit plus de lait. Et «hélas, au premier semestre 2016, la hausse en Europe se poursuit (plus 5,8 %)», poursuit-il, «nos pays voisins européens continuent de produire», on compte plus 31 % pour l’Irlande, 14 % pour la Belgique, plus 3,8 % pour l’Allemagne contre seulement plus 0,6 % pour la France. Or, ces évolutions de la production à deux chiffres ne peuvent permettre à l’excédent de se résorber, bien au contraire. Cette attitude conduit à la dégradation du prix du lait et est dénoncée par l’Oplase, qui contrairement à cette tendance européenne, a fait le choix de baisser sa production pour essayer de sortir de la crise (fin mai 2016, l’Oplase a baissé ses livraisons de 1,71 %. Pour le Thil, la baisse a été de 3,8 % et pour le Vimeu de 14,91 %).

Prix du lait pour 2016
Néanmoins, aujourd’hui «seuls les éleveurs laitiers trinquent de cette conjoncture», lance Hervé Brasseur. En effet, «après quelques années difficiles, le président d’Agrial a annoncé récemment en conférence de presse que Sénagral marche bien», poursuit-il. L’entreprise pourrait donc aider les producteurs à dépasser cette crise, comme l’ont fait les producteurs de lait en 2014 lors des difficultés financières de cette dernière (geste de 6 € de la part des producteurs). Mais celle-ci fait la sourde oreille. A cela, quand les producteurs interrogent la laiterie sur le prix du lait pour les mois à venir, Patrick Lepelleux, directeur lait chez Agrial, répond que le prix de base moyen pour l’année 2016 talonnera les 275 € les 1 000 litres. Un prix qui n’a pas manqué de faire réagir l’assemblée.

Se développer pour sortir de la crise
Pour autant, Agrial reste confiant quant à l’avenir de la filière lait. «Le fond de la piscine a été touché, on va commencer à remonter», an­nonce Patrick Lepelleux. «Le cour du pétrole est en hausse. C’est un signe favorable qui annonce la reprise de l’ensemble des activités», ajoute-t-il. «Cependant, il faut nous laisser du temps», explique-t-il. La récente fusion avec la coopérative Eurial a engendré une restructuration interne de la filière, mais aussi l’initiation de nouveaux projets. Ainsi, aujourd’hui, pour faire face au surplus de lait, la coopérative souhaite se positionner sur de nouveaux marchés. Et la recherche de nouveaux débouchés ou volume supplémentaire a aussi été lancée, notamment avec Mercadona, chaîne de supermarchés de proximité en Espagne.

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