Journées économiques pour les systèmes d’exploitation en productions végétales
La présentation des résultats économiques des exploitations, par CerFrance, en fonction des différents systèmes de production (lait, céréales, pommes de terre) a débuté. Revenons sur les systèmes en productions végétales.
«Tant que nos réunions attireront du monde, nous poursuivrons celles-ci», dit Bertrand Delpouve, conseiller d'entreprises au CerFrance Somme à Boves. Ainsi, comme depuis plusieurs années maintenant, le CerFrance Somme organisait jeudi 8 décembre dernier et ce mardi 13 décembre, ces journées économiques orientées sur les systèmes d’exploitation céréales et plantes sarclées, pour la première date, et le système des pommes de terre à la seconde date. Au total, plus de 70 agriculteurs dans chacune de ses manifestations étaient présents. L’objectif, au cours de ces réunions, est clair. Dans une première partie, le CerFrance s’attarde sur l’ensemble des données économiques et financières de 2015 et les prévisions pour 2016, des exploitations en fonction de leur système. Puis, celle-ci est complétée par une seconde partie, cette fois plus technique, revenant sur quelques facteurs pouvant être améliorés dans les exploitations, accompagnés d’éléments techniques afin d’alimenter les réflexions des participants.
Système céréales et plantes sarclées
«L’année dernière, nous vous le disions, après une année 2014 décevante, les signaux semblaient être de nouveau positifs. De manière générale, les marges brutes de l’ensemble des productions de ce système étaient en flèche montante, raconte Bertrand Delpouve. Ne nous le cachons pas, les prévisions 2016 annoncent une année bien pire que celle de 2014.» Il n’y a qu’à regarder les chiffres présentés ce jour-là. Les prévisions annoncées en marge brute pour le blé sont bien loin de celles de la moyenne depuis dix ans, presque quatre fois moindre. De même pour la marge brute des escourgeons. En orge de printemps et en colza, la baisse est moins flagrante, mais reste toutefois toujours inférieure à celle de 2014.
Concernant les pommes de terre fécule, il faut prévoir 300 € de moins par hectare de marge brute par rapport à l’année précédente. Celle-ci s’explique en partie par l’augmentation du coût de production liée à la dégradation des charges proportionnelles due à la forte pression mildiou. L’EBE des exploitations, quant à lui, était en augmentation en 2015, mais restait toujours insuffisant pour couvrir les annuités et prélèvements, et le résultat courant était également en augmentation. «Nous n’avons pas encore les résultats, mais inutile de vous dire que ces éléments seront eux aussi fortement dégradés cette année», rappelle le conseiller d’entreprise.
Système pommes de terre
Pas de miracle non plus dans ce système. La marge brute en blé est évaluée, pour 2016, à 250 € de l’hectare, bien loin également de celle de l’année précédente et de la moyenne sur dix ans. Les légumes de conserve enregistrent aussi une marge brute en baisse (liée notamment à la perte de rendement), légèrement inférieure à la moyenne quinquennale, soit de 1 900 €/ha pour les haricots verts, par exemple. Concernant les pommes de terre de consommation, CerFrance estime la marge brute aux alentours des 5 000 € l’hectare en 2016, soit légèrement inférieure à 2015, évalué à 5 300 € de l’hectare. Malgré un prix soutenu, la marge brute, certes en recul, reste néanmoins très satisfaisante, bien au-delà des 4 300 € de moyenne quinquennale. L’EBE évalué est de 1 192 €, et un résultat négatif de moins 61 € à l’hectare.
Evolution des charges
Dans chacun des deux systèmes, on note des évolutions de charges semblables. Pour les charges proportionnelles, le poste des engrais est en baisse pour la seconde année consécutive, celui des semences est quant à lui resté identique. Et pour les produits de traitement, ce poste affiche une hausse dans les deux systèmes. Grandement expliqué par la météo et les pressions maladies fortes, dans les systèmes d’exploitation céréales - plantes sarclées - on enregistre plus de 10 % de hausse par rapport à l’année précédente. En pommes de terre, on parlerait de 150 à 200 € de plus à l’hectare. Quant aux charges de structure, elles seront pour cette année à la baisse. Les cotisations sociales des exploitations ont diminué de 20 %, les fermages de 0,4 % et le poste mécanisation semble lui aussi également être en baisse (moins 4 % dans le système céréales - plantes sarclées). Pour les autres postes, main-d’œuvre salariée, frais généraux et frais financier, ceux-ci ne semblent pas évoluer.
Enfin, l’interrogation est mise sur la production des betteraves sucrières dans chacun des deux systèmes. La marge brute dégagée par cette production stagne depuis trois ans, tout comme son prix de vente. Mais qu’adviendra-t-il de cette production en 2017, lorsque le marché sera libre suite à l’abandon des quotas ?