La France a déjà fixé ses objectifs COP 21 pour l'agriculture
Nouveauté de cette conférence, la présence de l’agriculture à la table des négociations. Elle est devenue un sujet politique discuté au Bourget.
La Cop 21 vient d’ouvrir ses portes : les négociations climatiques vont se dérouler jusqu’au 11 décembre au Bourget, à Paris. Les délégations des 196 membres de la Convention cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) ont pour objectif de trouver un accord pour limiter le réchauffement de la planète à deux degrés par rapport à l’ère préindustrielle. Tous les membres de la CCNUCC ont annoncé leurs engagements de réduction des gaz à effet de serre. Pour sa part, l’Union européenne vise une diminution de 50 % de ses émissions de GES d’ici 2050 par rapport au niveau de 1990. Au cours des négociations, ses engagements de réduction seront une base pour les discussions. En revanche, la façon de réaliser ces engagements est propre à chaque pays. De fait, la place des secteurs émetteurs de GES (énergie, transports, industrie, agriculture) est différente d’un pays à l’autre. Cela vaut particulièrement en agriculture. Par exemple, en Nouvelle-Zélande, l’agriculture représente plus de 46 % des émissions nationales, selon les données de l’OCDE. Au Brésil, 44 %. En France, l’agriculture représente «seulement»
18 % des émissions nationales. La Stratégie nationale bas carbone (SNBC), décrétée le 18 novembre au Journal officiel, en tient compte. Elle fixe les objectifs nationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Le pays s’engage à diviser par quatre ses émissions de GES entre 1990 et 2050, soit une baisse de 75 %. Le monde agricole va devoir faire un effort de diminution de 12 % de ses émissions de GES à l’horizon 2028.
Un cadre réglementaire rénové
Présidente de cette conférence climatique, la France veut d’autant plus montrer l’exemple. «La première responsabilité de l’Etat est d’être exemplaire lui-même. C’est la condition pour convaincre et entraîner et l’Europe et le monde», déclarait Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie, début janvier. Et, depuis plusieurs mois, les pouvoirs publics vantent le nouveau cadre réglementaire français pour lutter contre le dérèglement du climat. L’Assemblée nationale a voté, le 25 novembre, une résolution transpartisane pour «une société bas carbone». Outre l’union parlementaire affichée face au défi climatique, les politiques agricoles et environnementales menées sous la houlette du président de la République se veulent uniques et exemplaires en matière climatique. «La France est le premier pays du monde à avoir inscrit dans la loi sa contribution nationale pour lutter contre le dérèglement», soulignait le ministère de l’Ecologie, le 13 novembre. De fait, la stratégie bas carbone est inscrite dans la loi pour la transition énergétique. Ce même ministère a aussi l’intention de rénover la loi biodiversité. Le projet de loi devrait être discuté début 2016. Du côté du ministère de l’Agriculture, le projet agro-écologique et la politique forestière sont les pierres angulaires de la politique menée par Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture et porte-parole du gouvernement. Quentin de La Chappelle, président de la FNCivam(1) et céréalier dans la Marne, reconnaît que l’agro-écologie prend «une vraie place», aussi dans les pays du Sud où «ils (les agriculteurs) ne sont pas dépendants des énergies fossiles.»Par ailleurs, il a exprimé son intérêt pour les Mesures agro-environnementales et climatiques (Maec) - système mis en place par la France dans le cadre du second pilier de la Politique agricole commune. La réforme Ciolos de la Pac a permis à l’Union européenne de «verdir» cette politique. «Un tiers des aides européennes sont conditionnées à des pratiques favorables à l’environnement», insiste Richard Etievant, chef de l’unité «verdissement et éco-conditionnalité» à la DG Agri de la Commission européenne également présent à la conférence de l’Iris.
(1) Fédération nationale des centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural