L’Afbv mise sur les biotechnologies pour répondre au changement climatique
Alors que le climat est au cœur de tous les débats à l’approche de la conférence Paris Climat 2015 (COP 21), l’Association française des biotechnologies végétales défend l’investissement dans la génétique des plantes pour une meilleure adaptation des cultures au réchauffement
de la planète.
Si l’agriculture émet des gaz à effet de serre (GES), elle est aussi l’une des premières activités impactées par le changement climatique. Le secteur peut réduire ses émissions par un certain nombre de techniques - couvert végétaux, agroforesterie, etc… - mais le réchauffement des températures reste une certitude pour les prochaines dizaines d’années, avec des conséquences directes sur les cultures. Ainsi pour le blé, l’orge et le colza en France, «depuis 1995, on constate un tassement dans la progression des rendements jusque-là en croissance linéaire depuis la guerre», explique Georges Pelletier, directeur de l’Association française des biotechnologies végétales (Afbv).
L’augmentation des températures a des répercussions météorologiques, avec une instabilité plus grande des conditions climatiques et des catastrophes naturelles plus violentes qui détruisent davantage les récoltes. Mais le stress hydrique généré par la sécheresse impacte aussi les rendements en raison d’un affaiblissement de la plante et d’une dégradation de la qualité. Au-delà d’une certaine chaleur, la reproduction des espèces est également affectée. «A de fortes températures, le pollen du maïs peut s’avérer non viable», note Alain Toppan, directeur développement OGM chez Unigrain.
Enfin, on observe, par ailleurs, une modification des relations entre la plante et son environnement : certains insectes nuisibles aux cultures se développent à la faveur de températures plus chaudes, survivent à l’hiver et augmentent le nombre de générations (c’est notamment le cas de la pyrale). Le réchauffement profite, par ailleurs, au développement de bactéries et de champignons d’autant plus néfastes que les capacités de résistance des plantes sont amoindries avec l’augmentation des températures.
La génétique dans la boîte à outils du sélectionneur
Face à ces phénomènes qui rendent plus complexe la sélection variétale, il faut, selon Georges Freyssinet, consultant en biotechnologies, «pouvoir utiliser l’ensemble des outils mis à la disposition des sélectionneurs», ce qui inclut les biotechnologies végétales. En permettant une analyse plus fine du végétal, en facilitant la survie de croisements sexués difficiles ou la sélection de mutants qui répondent à des critères prédéterminés, ou encore en introduisant des caractères spécifiques présents dans le génome des plantes, mais aussi dans le génome d’autres organismes (le Bt, qui permet d’augmenter la résistance aux insectes, est issu d’une bactérie), ces techniques viennent compléter, pour l’Afbv, une boîte à outils qui n’a cessé de s’enrichir dans les cinquante dernières années.
Cette dernière inclut aujourd’hui des techniques diverses : la transgénèse et les technologies ont permis de diversifier les ressources génétiques, le phénotypage des plantes s’est amélioré grâce aux capteurs montés sur drones ou sur ULM, le marquage moléculaire s’est développé… «Seules les équipes capables d’intégrer cet ensemble pourront développer des variétés compétentes pour répondre au défi de produire plus et mieux», considère Georges Freyssinet. Le positionnement réglementaire reste cependant «un couperet» en matière de recherche et de développement, relève Alain Toppan, car si les OGM sont réglementés de façon très claire partout dans le monde, ce n’est pas le cas pour un certain nombre de nouvelles technologies. Autre frein : «l’innovation variétale prend du temps alors qu’il y a urgence à trouver des solutions», insiste l’Afbv.
Lors de la conférence de Copenhague, en 2009, les pays développés s’étaient engagés à apporter aux pays en développement 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 pour la lutte contre le changement climatique. Dans le cadre de la COP 21, l’Afbv propose ainsi de consacrer un milliard de dollars par an pendant dix ans aux investissements de recherche destinés à rendre les plantes plus résilientes aux changements climatiques.