Le lait, une production qui compte !
Les techniciens et prescripteurs en élevage laitier ont partagé des éléments de réflexion sur l’avenir face au nouveau contexte laitier.
La filière laitière est en pleine mutation avec la fin des quotas. Les élevages s’adaptent ainsi au nouveau contexte et faire face à la volatilité du prix du lait. L’ensemble des partenaires doivent donc aussi s’adapter et adapter leurs conseils face au nouveau contexte. C’est dans ce cadre que l’ensemble des organismes agricoles de la Somme ont décidé d’organiser une réunion pour l’ensemble des prescripteurs des éleveurs laitiers. Les 70 participants représentaient un large panel des intervenants en élevage. Etaient présents des représentants des organismes de conseil, des centres de comptabilité, des banques, des assurances, des laiteries, des vétérinaires, des coopératives céréalières, des entreprises d’aliments, des concessionnaires, de l’administration… L’occasion pour chacun de prendre du recul par rapport à son activité.
La Somme : un département d’élevage
Une exploitation sur deux a de l’élevage dans la Somme. Le département compte 940 éleveurs laitiers en 2015 avec une moyenne de 61 vaches laitières par élevage et un volume moyen de 450 000 litres. «En moyenne, 50 élevages laitiers cessent leur activité chaque année, mais l’effectif de vaches laitières reste stable» a présenté Stéphane Verscheure, directeur de l’EDE. Aujourd’hui les deux tiers des exploitations laitières sont en société. «Dans la Somme, les élevages ont toujours été à la pointe de l’innovation avec par exemple le premier robot de France installé en 1993 dans le Vimeu. Le cheptel a une haute qualité génétique avec une production laitière par vache de 8 412 kg de lait. La Somme a été à l’initiative des sociétés civiles laitières qui représentent aujourd’hui 8% de la production départementale», a-t-il poursuivi. Les élevages ont ainsi évolué au fil des années dans le département. «Pourtant, on ne parle pas suffisamment des élevages qui ont continué et réussi, on a plus facilement tendance à parler des élevages qui arrêtent», a regretté Françoise Crété, présidente du comité élevage de la chambre d’agriculture.
De grandes disparités entre les éleveurs
«En production laitière, le revenu moyen est de 28 000 euros par UTH, capitaux rémunérés», a indiqué Sébastien Daguenet de CER France Somme. Habitué à faire des analyses dans les exploitations, CER France Somme note une forte disparité entre les producteurs : une différence de 100 euros pour la marge brute peut être observée entre deux exploitations. Des écarts qui s’expliquent par le coût alimentaire, mais pas seulement. «La disparité de résultat dépend surtout de la performance des éleveurs et de leur côté entrepreneur-chef d’entreprise. Ceci entraîne un écart de résultat qui explique des différences de situations financières, et impacte la capacité d’investissement ou d’embauche» a ajouté le conseiller.
«Désormais, chaque éleveur doit connaître les chiffres de son exploitation. Quand on ne connaît pas ses chiffres, on ne peut pas s’améliorer. Vous, les conseillers, vous devez nous interroger régulièrement et nous accompagner pour qu’on les connaisse», a donc insisté Françoise Crété.
Des investissements en production laitière
«Nous continuons à avoir des projets de financement en production laitière, même pendant la crise» a assuré Arnaud Pyckaert, responsable des marchés agricoles à la Caisse Régionale de Crédit Agricole Brie Picardie. Selon lui, un éleveur peut investir s’il maîtrise la technique sur son élevage, si le bas de bilan (caractérisé pour lui par le rapport dettes court terme sur les produits) est sain et si l’exploitation à la capacité à gérer une crise. «Dans les années 80, tout le monde partait sur le même modèle. Aujourd’hui, chacun doit produire son propre projet et l’adapter à l’exploitation d’où l’intérêt de bien connaître les points forts et les points faibles de son entreprise», a insisté Arnaud Pyckaert. Et d’ajouter «nous mettrons tout en œuvre pour accompagner les projets d’investissements en élevage laitier si ces derniers sont bien préparés». A noter dans le même temps que le Plan de Compétitivité en Agriculture (PCAE) propose aujourd’hui des aides pour les projets de développement et de modernisation, et que les crédits d’état ont été renforcés. De quoi permettre dans certains cas de sécuriser la trésorerie au moment de se lancer dans un projet.