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Désherbage
Les graminées, préoccupation majeure de nos territoires

Comment accompagner le désherbage des vulpins et ray-grass sur nos territoires ? Faut-il penser différemment notre approche du désherbage ?

Ces dernières campagnes se succèdent et les maux s’accentuent : nos parcelles sont de plus en plus sales ! Quelles pistes explorer pour contre-balancer cette tendance ?

À l’occasion de la journée technique organisée par la coopérative Noriap au Lycée agricole du Paraclet sur cette thématique, l’assemblée a pu profiter d’un échange privilégié avec Sylvain Trommenschlager, expert en gestion des graminées.

 

Une nette dégradation de la situation en Somme

Historiquement, la Somme était assez peu concernée par les problèmes de résistance des graminées (vulpins, ray-grass). Sans surprise, les secteurs les plus difficiles ont été les premiers à rencontrer ces phénomènes de résistance, notamment aux herbicides de la famille des sulfonylurées (Atlantis, Archipel, etc). On retrouve ainsi des secteurs du plateau picard sud, du doullenais, ou encore des bas champs, secteurs à terroirs moins favorables aux cultures de printemps, et donc plus spécialisés sur des rotations chargées en céréales et colza.

Les phénomènes de résistance aux sulfonylurées sont apparus il y a une bonne dizaine d’années, essentiellement sur le vulpin et l'agrostis. Le plus surprenant a été la rapide généralisation de ces résistances à l’ensemble du département, en quelques campagnes de la fin des années 2010, à la faveur, également, de printemps secs, accompagnés de conditions météos défavorables à l’efficacité de ces molécules.

En réaction à ces problématiques, nous avons donc assisté à un véritable basculement des stratégies de désherbage, en faveur d’applications de produits à action racinaire, à l’implantation des céréales à l’automne. Ainsi, sur la campagne en cours, on estime que la quasi-totalité des parcelles de blé seront désherbées sur cette base. On constate par ailleurs que le programme moyen se complexifie d’année en année, avec une multiplication des passages et un enrichissement des matières actives utilisées. Ce qui est également, il faut le noter, une adaptation aux conditions automnales particulièrement difficiles de ces deux dernières années !

 

Le ray-grass se généralise

Aujourd’hui, tous les secteurs possèdent une proportion de parcelles à problème. Bien évidemment, les secteurs à terroirs les plus favorables sont encore les moins impactés (exemple du Santerre, Vermandois), mais nous y trouvons de plus en plus de parcelles à problèmes, et l’adventice qui émerge le plus est désormais le ray-grass. Cette graminée est d’autant plus coriace que le vulpin, avec sa capacité à lever sur des périodes plus larges que ce dernier, au printemps notamment. On la retrouve ainsi de plus en plus facilement sur nos cultures de printemps, tel que la betterave, le maïs ou même la pomme de terre ! Sur ces cultures, la gestion des graminées se fait essentiellement sur l’utilisation de molécules à actions foliaires (famille des «dymes», «fops»), pour lesquelles nous observons une dégradation continue des efficacités. Enfin, pour compléter le tableau, n’oublions pas le vulpin. On constate ces dernières années une évolution de sa dynamique de levée, avec des périodes de levée préférentielles semblant s’allonger dans la durée, et notamment au printemps. Évolution de flore et/ou effet arithmétique de stocks de graines en augmentation dans nos sols, la question reste posée.

 

L’entrée «Sol» pour gérer les graminées ?

Conscients que seule la chimie ne peut résoudre ce problème, les opérateurs techniques promeuvent la mise en œuvre des leviers agronomiques et les techniques alternatives en complément de la chimie, au sein de véritables stratégies combinées de gestion. Lorsqu’elles sont utilisables, elles permettent de bons niveaux de satisfaction. Il n’est pas question ici de les énumérer, mais pointons le fait que, de nature agronomiques, leur mise en œuvre n’est pas toujours réalisable…  face à ce sombre tableau, que faire alors ?

C’est là que la réflexion proposée par Sylvain Trommenschlager est intéressante. Sans forcément minimiser l’effet des leviers agronomiques, l’expert nous propose d’emmener notre réflexion plus en amont, et de s’intéresser au support des levées : le sol !

Selon lui, la problématique graminée est directement liée à une problématique de mauvais fonctionnement du sol. Ce sont dans les premiers centimètres du sol que se joue le potentiel de levée des adventices. Malheureusement, cette couche de surface est trop souvent en mauvais état de fonctionnement général, conséquence directe de nos pratiques inappropriées et, pour le coup, favorables à ces adventices !

Au niveau de l’activité biologique des sols, l’expert pointe le déséquilibre de la nature des matières organiques avec un manque de matière labile, la fraction la plus fraîche, travaillée par les micro-organismes, et favorables à la stabilité de la structure via le complexe argilo humique. Les graminées se retrouveraient plus facilement sur les parcelles dans lesquelles la matière organique n’évolue plus ! Pour corriger cet équilibre, l’expert préconise de favoriser l’apport de matières organiques fraîches, telles que les fientes de volaille, le lisier ou le fumier frais et se détourner des composts et autres amendements stables. Par ailleurs, les pailles, à défaut d’être exportées, ne doivent pas être broyées trop finement…

La gestion des éléments chimiques est également un point primordial. Sylvain Trommenschlager nous indique que les analyses de sol nous donnent beaucoup d’indications sur le terrain favorable au ray-grass ou au vulpin. Capacité d’échange cationique trop faible, manque de carbonates, déséquilibre du ratio Potassium- Magnésium, bien souvent dû à un manque de magnésie, ou encore excès de sodium, les analyses pointent les dysfonctionnements chimiques de nos sols sur lesquels nous devons agir.

Mettre en œuvre le terreau favorable à un bon fonctionnement du sol doit s’accompagner de pratiques culturales vertueuses. Ainsi, pour maintenir un bon niveau de stabilité structurale, l’expert préconise de limiter la vitesse des façons culturales, trop énergiques. Par exemple, un déchaumage au moyen d’outil à disque ne doit excéder les 7-8 km/h…

Exportation des pailles ou broyage grossier de celles-ci, favorisation des apports organiques frais, réduction de la vitesse de travail, apparente inefficacité des faux semis… autant de pratiques plutôt contraires à ce que nous réalisons aujourd’hui, dans le but justement d’améliorer nos «sols» ! L’expert tord le cou à nos croyances et si dans un premier temps, nous pouvons être surpris par ses préconisations pratiques, il apparaît tout de même que nous pointons au fond la même nécessité : celui de restaurer le bon fonctionnement de nos parcelles. À ce titre, et si nous concilions nos approches ?

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