Les intempéries ont frappé
La fin de semaine dernière a été houleuse dans le département, avec des épisodes de pluies et de grêle particulièrement intenses vendredi et dimanche derniers. Pour certaines parcelles, les dégâts ont été dramatiques.
Les prévisions de Météo France pour le département n’étaient pas réjouissantes la semaine dernière. Pas manqué ! La vigilance orange décrétée s’est ensuivie de forts orages sur une grande partie du territoire, entrainant des inondations, voire des coulées de boue. Certains secteurs ont été fortement touchés vendredi et dimanche derniers. A certains endroits, il n’a fallu qu’une heure pour que de forts dégâts se fassent sentir. C’est le cas du nord de la Somme, notamment de la région doullenaise, de Crécy-en-Ponthieu ou encore de Bernaville. Pas négligeable pour l’agriculture ! L’intensité des épisodes a été plus ou moins forte d’une commune à l’autre, voire même d’une parcelle à l’autre, et les cultures spécialisées de type lin, pois de conserve, endives ou encore pommes de terre en ont particulièrement souffert.
D’une culture à l’autre, les conséquences diffèrent. Pour les producteurs qui n’ont pas encore semé leurs pois, le pire a été évité, mais la question de la date de semis reste en suspens. Malheureusement, avec les bonnes conditions climatiques des jours précédents, pour la plupart des agriculteurs de certains secteurs comme Ailly-le-Haut-Clocher, c’était déjà de l’histoire ancienne… Avec la conjoncture, certains d’entre eux annoncent la couleur : hors de question de réengager des coûts de semis !
Lin et endive ne sont pas épargnés
En ce qui concerne les cultures de pommes de terre, les producteurs ont toutes les raisons de craindre des attaques de mildiou. «Dans notre secteur, en l’espace d’une heure, la grêle de vendredi a ravagé les pois tout juste semés et la pluie s’est propagée de parcelle en parcelle, inondant certains champs de lin», a regretté Mathieu Bilhaut, président du canton d’Ailly-le-Haut-Clocher. Depuis quelques jours, il invite les producteurs de son territoire à se manifester afin de dresser un premier bilan de la situation, d’autant que certains d’entre eux n’ont pas souscrit d’assurance multi-climatique et ne sont protégés que par l’assurance grêle. Aujourd’hui, il reste à attendre l’avis imminent des experts et à engager les démarches administratives adaptées.
«Trente millimètres d’eau en à peine une heure, du jamais vu», déclare un producteur dans la commune de Canchy-Coulonvillers. «Des torrents se sont formés dans mes parcelles, certaines pièces de lin étaient complétement sous l’eau et une quinzaine d’hectares de pois, semés la veille, sont fichus», ajoute-t-il. Outre les procédures d’indemnisation relatives aux assurances, l’accompagnement des agriculteurs impactés pourrait nécessiter une déclaration d’état de catastrophe naturelle pour certaines zones. «Nous invitons donc chacun à contacter la fédération, le but étant de dresser une liste complète des communes impactées. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons porter notre demande à la préfecture», a souhaité préciser Matthieu Bilhaut.
Lourdes pertes en lin
La Calira estime que plus de 100 hectares ont été touchés, entre 30 et 100% de pertes sur le secteur du nord d’Ailly-le-Haut-Clocher. C’est près de 5% des surfaces des producteurs qui sont en jeu. Du côté de l’usine, à Martainneville, dans la nuit de lundi à mardi, un peu plus de quarante millimètres d’eau sont tombés. Conséquence : il y a eu de la verse en escourgeon, en blé et en lin. L’exploitation de 94 hectares de Vincent Boche, situé dans ce secteur, n’a pas plus échappé au déluge. Mais, au final, cela aurait pu être pire. «Sur vingt hectares de lin, trois ont versé. Sur les cinquante hectares de blé que j’ai, entre quatre et cinq hectares ont également versé. En revanche, je n’ai pas eu de dégâts sur les escourgeons», précise l’agriculteur. Et d’espérer que le lin se redresse. «Tout ce qu’il nous faudrait, c’est du vent et du soleil pour redresser la barre. On espère que la pluie va s’arrêter», commente-t-il. Côté assurances, là où les liniculteurs ont des inquiétudes, ce sont les cas où ils ont quitté un système «multi-risques» pour revenir parfois à une simple assurance grêle du fait des plafonds de couverture qui ont été instaurés.
Infos pratiques
Les dégâts sont-ils indemnisables ?
Les dégâts sur culture sont indemnisés si vous avez souscrit une assurance récolte multi-risque climatique. La procédure calamité n’existe plus car, depuis la mise en place de l’assurance récolte, toutes les cultures sont assurables et le fonds calamité n’existe plus.
La procédure catastrophe naturelle concerne, quant à elle, les bâtiments et leur contenu, à savoir les bâtiments à usage professionnel ou d’habitation, le mobilier, le matériel, les stocks et les récoltes engrangées. C’est le maire de la commune qui recense les dommages subis et qui établit un rapport à adresser à la préfecture.
Les services de la préfecture, après avoir collecté l’ensemble des rapports, l’adresseront au ministère de l’Intérieur.
L’état de catastrophe naturelle sera alors constaté par un arrêté interministériel, qui détermine les zones et les périodes où s’est située la catastrophe naturelle, ainsi que la nature des dommages occasionnés par celle-ci. La victime dispose de dix jours après la parution de l’arrêté au Journal officiel pour faire une déclaration à son assureur.
Au sujet de la Pac ?
Pour l’instant, si vous ne savez pas comment va évoluer la récolte, il ne faut pas modifier le dossier s’il a été signé sur Telepac.
Dans tous les cas, vous disposez du délai de dépôt normal reporté au 15 juin cette année. Jusqu’à cette date, vous pouvez modifier votre assolement directement sur Telepac, en cliquant «Modification après dépôt».
Passée cette date, vous pouvez modifier votre assolement en déposant à la Ddtm le formulaire de modification de déclaration. Il n’y a pas de date limite si la modification n’entraîne aucun changement pour l’éligibilité des cultures aux DPB et SIE.
Par contre, s’il y a un impact, le dépôt de ce formulaire est à faire avant le 1er juillet.
Dans tous les cas, en cas de changement d’assolement, pensez bien à vérifier vos SIE : par exemple, une culture de pois de conserve a un équivalent de 0,7 pour les SIE. Si elle est remplacée par des flageolets, l’équivalence est la même ; si elle est remplacée par du maïs, cela ne compte pas en SIE. Il faudra alors «compenser», le cas échéant, par des cultures intermédiaires à équivalent de 0,3.
Qui contacter ?
- Le maire, pour lui signaler les dommages subis, susceptibles de servir la demande de reconnaissance de catastrophe naturelle
- L'assureur, pour les dégâts sur les récoltes assurées
- Le conseiller technique, pour la production sous contrat
- Le président du canton Fdsea, pour lui indiquer vos éventuelles difficultés, ou directement à la FDSEA avec le coupon ci-dessous
- Le service syndical de la Fdsea pour les sujets touchant à la déclaration PAC
- Le service «aménagement du territoire» de la Fdsea, Odile Dalle, pour tout renseignement complémentaire