Lin d’hiver : maîtriser sa croissance à l’automne
Le lin, la culture à la mode qui commence au champ ! La Chambre d’agriculture de la Somme livre quelques clés pour mener au mieux sa culture à l’automne
et faciliter le passage de l’hiver.
Le lin, la culture à la mode qui commence au champ ! La Chambre d’agriculture de la Somme livre quelques clés pour mener au mieux sa culture à l’automne
et faciliter le passage de l’hiver.

Le lin d’hiver connait un regain de popularité en raison des tendances de marché, mais aussi, et surtout, des épisodes climatiques de ces dernières années. Jusque-là réservé aux terres légères, on le retrouve en terre à haut potentiel et, en particulier, sur des parcelles qui se réchauffent vite au printemps ! Même si sa richesse en fibre est souvent inférieure (- 20 %) au lin de printemps (hormis 2023), le poids de paille vient en compensation, en particulier lors de printemps secs.
Soigner son implantation
En vue de la préparation des semis, prudence dans les terres plus riches en ajustant la densité de semis pour limiter la biomasse en entrée d’hiver. Elle sensibilise davantage la culture au gel et la biomasse de printemps pour la verse. Une végétation trop luxuriante rend également le rouissage plus difficile et génère un lot de fibre plus hétérogène. Dans les terres plus légères, réaliser un semis à une densité de 1 700 à 1 800 graines/m² et en terre plus profonde, viser une densité de 1 600 à 1 700 graines/m². Contrairement au printemps, les conditions de levées à l’automne sont bonnes et assure une régularité de levée. Il faudra choisir le meilleur créneau de semis pour votre linière à partir du 10-15 octobre tout en tenant compte des potentielles pluviométries qui pourraient avoir lieu et plaquer votre semis d’autant plus que la disponibilité en semence est comptée. L’objectif est d’avoir une graine positionnée entre 1 et 2 cm maxi de profondeur dans un sol suffisamment émietter avec quelques mottes en surface pour limiter la battance hivernale. Attention également à la bonne gestion des résidus de récolte du précédent, surtout pour les parcelles semées en TCS qui perturbent l’installation racinaire du lin s’ils sont mal gérés et abondants.
Gérer les adventices
En retardant le semis, la pression graminées sera également plus limitée, mais il convient toutefois de mettre en place les solutions agronomiques tel que le faux semis (réaliser sur les cinq premiers centimètres du sol) ou les solutions chimiques avec l’utilisation de l’Avadex 480 incorporé au semis. Si des graminées sont observées à l’automne, il conviendra de réaliser un passage spécifique avec un anti-graminée foliaire de type Select à 0,5 l/ha + Actirob 1 l/ha. Attention à ces applications de rattrapage qui peuvent fragiliser le lin et le sensibiliser au gel s’il arrive dans les jours qui suivent l’intervention. Il faudra également bien gérer les dicotylédones, mais contrairement aux lins de printemps, les spécialités à base de Sulcotrione (ex : Decano) et Mésotriones (ex : Calisto) sont interdites à l’automne. Seule exception, le Calliprime Xtra est la seule spécialité à base de Mésotrione autorisée mais déconseillée en raison d’un risque de transfert dans les eaux souterraines. Si une intervention contre les dicotylédones est nécessaire, il faudra l’envisager dès le stade 5 cm du lin avec des produits type Allié SX ou Chekker (si ces produits sont appliqués à l’automne, ils ne pourront plus être réalisés au printemps).
Pas besoin d’apport d’engrais azoté à l’automne
Les besoins en phosphore et potasse sont semblables à ceux des lins de printemps. Selon la méthode Comifer qui tient compte de la richesse des sols et des exportations, les besoins oscillent entre 50 à 70 unités de P2O5 et 60 à 90 unités de K2O. La fertilisation azotée à l’automne n’est pas nécessaire et risque de stimuler la hauteur du lin. Au besoin, un complément en azote pourra être apporté au printemps après avoir réalisé un reliquat qui permettra de calculer la dose d’azote. Contrairement aux lins de printemps, le zinc n’est pas nécessaire au stade premières feuilles naissantes car l’élément est plus facilement disponible pour la culture en raison des températures de sol plus douces.
Raisonner l’application d’un régulateur de croissance
La régulation n’est pas systématique si la date de semis n’est pas anticipée. L’objectif est d’obtenir des lins qui avoisinent les 7-10 cm de hauteur pour permettre une meilleure résistance au gel. En effet, un lin bien implanté et non élongé peut résister à des températures pouvant aller jusqu’à - 15°C. Avec les belles journées du mois d’octobre, la température des sols est favorable à un démarrage rapide des lins, il faut donc être vigilant et ne pas hésiter à différer son semis. Si les lins atteignent 7-8 cm en début du mois de novembre, il faudra en fonction des prévisions météo annoncées, se poser la question du régulateur et au besoin intervenir avec un produit du type Toprex 0,2 à 0,25 l/ha (homologué à partir du stade BBCH31 – 10 cm) ou un Caryx 0,3 à 0,4 l/ha.